Monsieur Hondequin, pourquoi avoir créé un cluster banque privée il y a 10 ans au sein de l’ABBL?

«La création en 2007 d’un cluster regroupant les banques de gestion de fortune à Luxembourg au sein de l’ABBL répondait à un réel besoin des banquiers privés d’être représentés sur la Place et de trouver un lieu privilégié où échanger leurs expériences. À l’image de ce dont disposait déjà le secteur des fonds avec l’Alfi, les banques privées souhaitaient parler d’une seule voix et être représentées tant au niveau national qu’à l’international.

Alain Hondequin,  general counsel business du cluster

Qu’est-ce que la création de ce cluster a offert comme possibilités aux acteurs de la Place?

«Au-delà de cette plateforme de partage d’expériences et d’échange d’idées, le PBGL a créé une réelle communauté de banquiers privés qui peuvent se targuer de quelques belles réalisations depuis la création du cluster. Citons principalement:

  • La rédaction de la ICMA Charter;
  • Le lancement du Master in Wealth Management, en collaboration avec l’Université du Luxembourg;
  • La Private Banking Survey, en collaboration avec la CSSF, qui permet aux banques d’obtenir des données fiables sur la situation et les tendances du secteur.

Comment a évolué le secteur au cours de la décennie écoulée?

«Le private banking à Luxembourg, sous l’impulsion des changements liés à la transparence fiscale et aux nouvelles exigences réglementaires, a su adapter son modèle d’affaires à la nouvelle donne. D’une part, nous devons faire face au départ d’un grand nombre de clients dits ‘affluents’, compensé par l’accroissement des avoirs des clients plus fortunés. D’autre part, on constate une moindre dépendance par rapport aux clients originaires des pays limitrophes, pour servir des clients de l’UE entière, et même au-delà.

Quels sont les points sur lesquels vous travaillerez au cours des prochaines années pour rendre le secteur de la banque privée encore plus efficace?

«Afin de répondre aux changements importants auxquels les banques privées sont confrontées (réglementations, digitalisation, profils et exigences de la clientèle), l’éducation, particulièrement des conseillers à la clientèle, restera au centre des préoccupations au cours des mois à venir.

L’évolution du profil des clients (plus internationaux, plus exigeants et mieux informés), ainsi que la digitalisation des processus et certaines exigences réglementaires (Mifid II, par exemple), nécessite une mise à jour suivie des connaissances et des compétences des conseillers, qui doivent, plus qu’auparavant, coordonner les expertises en interne, ou à l’extérieur de la banque.

Le PBGL travaille aussi en ce sens en préparant un programme de certification des banquiers privés à Luxembourg. Le projet, qui, nous espérons, verra le jour en 2018, est assez ambitieux, car il doit prendre en considération toutes les spécificités du Luxembourg: diversité des pays d’origine et des cultures dans les banques, ainsi que de leur taille, entre autres.

Qu’est-ce qui pousse les grandes fortunes du monde entier à faire confiance à une institution luxembourgeoise, plutôt qu’à celle d’un autre pays?

«Les banques privées au Luxembourg apportent aux clients fortunés ce qu’ils ne trouvent que très peu, ou pas du tout, dans leurs pays d’origine respectifs, c’est-à-dire un service expert adapté sur mesure à leurs besoins de gestion et de protection de leurs avoirs transfrontaliers.

Ces clients, typiquement des entrepreneurs à dimension internationale, trouvent à Luxembourg tout un écosystème de conseillers financiers et professionnels répondant à leurs besoins complexes.»