Pierre Gramegna souhaite devenir président de l’Eurogroupe: il sera fixé ce lundi. (Photo: Conseil européen / archives)

Pierre Gramegna souhaite devenir président de l’Eurogroupe: il sera fixé ce lundi. (Photo: Conseil européen / archives)

S’il n’avait pas ses chances, il ne serait pas entré dans la course, entend-on du côté du ministère des Finances. Le ministre des Finances luxembourgeois, Pierre Gramegna (DP), après avoir fait durer le suspense, annonçait jeudi qu’il avait finalement déposé sa candidature pour succéder au Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, qui quittera ses fonctions de président de l’Eurogroupe en janvier.

En effet, on peut facilement s’imaginer que l’ancien directeur général de la Chambre de commerce ne se serait pas lancé dans la course s’il n’avait pas déjà persuadé au moins quelques-uns des 19 États membres qui ont l’euro comme monnaie nationale.

Cela dit, la course sera serrée, car Pierre Gramegna affronte le ministre des Finances portugais, Mario Centeno, donné favori par les médias à l’étranger, la ministre lettone, Dana Reizniece-Ozola, ainsi que le candidat de dernière minute, le ministre slovaque, Peter Kazimir. Bien qu’il y ait des arguments qui ne favorisent pas le candidat luxembourgeois, il en existe aussi contre ses concurrents.

Des aléas

Le Premier ministre, Xavier Bettel (DP), reconnaissait d’ailleurs vendredi sur 100,7 que le fait que des Luxembourgeois occupent déjà des postes importants (Jean-Claude Juncker est président de la Commission et Yves Mersch est membre du directoire de la Banque centrale européenne) ne joue pas en faveur de Pierre Gramegna. Le passé luxembourgeois en matière de fiscalité ne risque pas, selon le ministère, de jouer un rôle trop important, car les questions de fiscalité sont une compétence d’Écofin, donc des 28 États membres.

Par ailleurs, la couleur politique pourrait également peser dans la balance: Jeroen Dijsselbloem étant social-démocrate, les sociaux-démocrates européens, deuxième force au niveau européen, ne souhaitent pas forcément lâcher le poste à un libéral (Pierre Gramegna) ou à une écologiste (Dana Reizniece-Ozola).

Un autre facteur qui fut évoqué par des observateurs pourrait influencer le vote: les échéances électorales. En effet, si le DP n’entrait pas dans le prochain gouvernement fin 2018, Pierre Gramegna, en cas d’élection ce lundi, pourrait voir son mandat réduit à une année. A priori pas dramatique étant donné que la durée de mandat du président de l’Eurogroupe est de deux ans seulement. En revanche, Jeroen Dijsselbloem aura présidé pendant quatre années et son prédécesseur, Jean-Claude Juncker, avait même occupé le poste durant huit années. En cas de crise, il vaut mieux ne pas devoir s’attendre à ces aléas.

Plus de transparence

En revanche, on ne peut que l’espérer d’ailleurs, les États membres porteront davantage le regard sur les positions, voire les programmes (s’ils existent) des différents candidats. Du côté du ministère, on assure que Pierre Gramegna en a un qui s’inscrirait dans une continuité du travail de son prédécesseur, en d’autres termes, la balance entre le strict respect des règles budgétaires tout en usant au maximum les instruments de flexibilité. En outre, le ministre luxembourgeois souhaite plus de transparence.

Une transparence qui ne ferait en effet pas de mal dans un groupe informel mais aussi important que l’Eurogroupe (on se souvient de son rôle prépondérant lors de la crise de la dette grecque).

Ainsi, le correspondant du Luxemburger Wort à Bruxelles, Diego Vélasquez, critiquait vendredi les modalités de l’élection du prochain président de l’Eurogroupe. Notamment l’absence de programmes qui ne permettrait pas de distinction entre les différents candidats, ni de possibilité de mesurer le futur président en fonction de son programme.