En tant que nouveau président de LuxReal, Vincent Bechet entend préserver le dynamisme de l’association. ( Photo : Julien Becker / archives )

En tant que nouveau président de LuxReal, Vincent Bechet entend préserver le dynamisme de l’association. ( Photo : Julien Becker / archives )

Monsieur Bechet, vous venez d'être élu à la présidence de l’association LuxReal. Pouvez-vous nous en définir les principales missions?

«LuxReal est une organisation fédératrice des différents métiers de l’immobilier. Une assemblée générale extraordinaire était programmée ce lundi soir. Elle visait à faire passer le conseil d’administration de 10 à 14 membres. Parmi ces membres, on trouve des représentants de l’industrie des fonds, des sociétés de conseil, la branche des architectes, celle de la construction et celle des agents immobiliers. La réunion de tous ces métiers permet la création d’un réseau dont l’axe de convergence est le real estate. L’objectif poursuivi est de se tenir au courant des tendances, des données du marché ou de la législation.

Pour ce faire, nous organisons six à huit conférences par an avec des thèmes très spécifiques, comme le développement de l’industrie des fonds ou la loi anti-blanchiment en rapport avec l’immobilier. Elles sont destinées à nos 180 membres.

Vous jouez aussi un rôle de lobby pour les métiers de l’immobilier?

«Nous ne sommes en tout cas pas en concurrence avec la Chambre immobilière du Luxembourg qui représente les sociétés immobilières actives sur le Grand-Duché. Ça n’a rien à voir. Chez LuxReal, nous avons par exemple, parmi nos membres, des gestionnaires de fonds qui ne disposent d’aucun bien immobilier au Luxembourg. Mais ça ne nous empêche pas de faire passer des messages. Nous pouvons aussi apporter un éclairage international sur certains dossiers dans la mesure où nous sommes une organisation dont une partie des membres bénéficie d’une grande expérience à ce niveau.

Un tel regroupement autour du secteur immobilier au sens large était-il nécessaire au Luxembourg?

«Je vois en tout cas un très bel avenir pour LuxReal. Il faut bien reconnaître que le real estate est monté en puissance dans les portefeuilles de tous les types d’investisseurs. C’est devenu une classe d’actifs incontournable. On a d’abord vu arriver les fonds d’investissement allemands et belges qui travaillaient essentiellement pour des fonds de pension et des assureurs. Aujourd’hui, tout le monde travaille avec un accès direct au real estate.

On voit aussi débarquer beaucoup de nouveaux joueurs: des fonds américains, des family offices, des acteurs du Moyen-Orient, etc. LuxReal va donc de plus en plus se positionner sur une approche internationale du real estate puisque les grands acteurs mondiaux sont tous représentés au Luxembourg.

Il s’agit d’un premier mandat de deux ans. Quelles seront vos priorités?

«Je reprends la présidence d’une association qui a su s’imposer, au cours des six dernières années, sous la présidence de Sandra Müller. Les bases sont désormais solides. LuxReal a su se renouveler à travers ses six à huit événements annuels. Je vais donc me placer dans la continuité. Par contre, j’ambitionne de faire augmenter le nombre de membres, de maintenir la diversification des métiers représentés aussi bien au niveau du conseil d’administration que parmi les membres et essayer de développer des relations au niveau international avec les associations similaires sur d’autres marchés.

Un autre de mes challenges sera de maintenir les budgets en équilibre. Je mettrai un point d’honneur à ce que cela reste le cas. Les cotisations nous permettent de les financer. D’où l’importance d’un marketing vis-à-vis des membres et d’une transparence totale.

Visiblement, 2015 sera à nouveau une grande année au niveau de l’immobilier de bureau au Grand-Duché de Luxembourg. Quelles en sont les raisons?

«C’est très clairement lié à un afflux de cash sur la classe d’actifs immobiliers. Les fonds de pension, les caisses sociales, les caisses de corporation doivent tous avoir de l’immobilier en portefeuille. Des actifs tangibles et qui restent plus ou moins stables dans des périodes de turbulences. Si on place cette exigence en parallèle avec la compression des taux, cela explique déjà l’envolée.

Ensuite, il faut bien constater que certains acteurs sont prêts à payer un bien plus cher qu’hier alors que d’autres qui, hier, ne pensaient pas vendre, décident d’empocher la plus-value lorsqu’ils sont confrontés à des offres agressives. Avec, en général, des idées de réinvestissement. L’autre explication qui fait que nous avons des produits à proposer, c’est le fait que certains fonds arrivent à maturité. Typiquement, les fonds allemands ont des durées de vie de 5, 7 ou 10 ans. Or, il  y a eu pas mal de transactions entre 2005 et 2007, ce qui fait qu’ils sont actuellement en train de revendre.

Tous ces éléments mis bout à bout, le marché luxembourgeois dans son ensemble devrait à nouveau dépasser le milliard d’euros d’ici le 31 décembre.

Le logement résidentiel connaît par contre un réel problème au niveau des prix pratiqués. Se loger au Luxembourg risque de devenir compliqué à l’avenir…

«C’est dans ce contexte, effectivement, qu’on a assisté, à la mi-juin, à l’annonce du Fonds du logement et du gouvernement quant à la mise à disposition de logements, entre autres sur le plateau du Kirchberg, à des prix plafonnés à 4.200 euros/m2. Je pense qu’il s’agit d’abord d’un effet d’annonce du politique sous la pression bien compréhensible des acheteurs privés. Mais c’est aussi une nécessité afin de pouvoir continuer à accueillir au Grand-Duché des gens qui contribueront au développement de la Place. Ces projets, même s’ils sont soumis à certaines conditions – établissement du domicile et bail emphytéotique –, rencontreront certainement une bonne partie du marché. Mais parler de logements est une chose, les livrer en est une autre…

Le problème, sur Luxembourg-ville, qui reste la cible des nouveaux arrivants venus travailler au niveau de la place financière, c’est que ces gens veulent rester au cœur de la ville. Des personnes qu’on fait venir de très loin avec des salaires très attractifs sont prêtes à payer des prix jugés élevés, mais qui restent loin de ce qu’ils payeraient à Londres ou à Paris. Et pour eux, vivre en périphérie n’est pas une option. Par contre, effectivement, on n’a pas assez massivement développé de logements pour que les gens qui travaillent dans des secteurs d’activité moins rémunérateurs puissent aussi se loger à proximité de la ville de Luxembourg.»