Pour obtenir ce chiffre, le syndicat affirme avoir réalisé une étude depuis le début de l’année auprès de ses affiliés dans 26 banques, dont les sept banques de la Place dotées de plus de 750 personnes. (Photo: Shutterstock)

Pour obtenir ce chiffre, le syndicat affirme avoir réalisé une étude depuis le début de l’année auprès de ses affiliés dans 26 banques, dont les sept banques de la Place dotées de plus de 750 personnes. (Photo: Shutterstock)

Régulièrement mise en avant par les syndicats pour dénoncer les conditions de travail des salariés de la Place, la question des faux cadres fait l’objet de nombreuses spéculations. Si l’OGBL-SBA avance le chiffre de 10.000 salariés sortis de la convention collective par leur employeur dans le secteur bancaire, le gouvernement parle, lui, de 17% des effectifs.

L’Aleba, principal syndicat du secteur financier, évoque, pour sa part, le chiffre précis de 7.385 personnes sorties de la convention collective par leur employeur «sans correspondre en totalité aux critères fixés par la loi».

À savoir la possession effective d’un large pouvoir de décision, d’une absence d’obligation de quantifier ses heures de travail, d’une autonomie importante dans l’exercice de ses missions et d’une rémunération nettement supérieure aux barèmes prévus dans la convention collective.

27,8% des personnels de la Place seraient des faux cadres

Pour obtenir ce chiffre, le syndicat affirme avoir réalisé une étude depuis le début de l’année auprès de ses affiliés dans 26 banques, dont les sept banques de la Place dotées de plus de 750 personnes. Une étude qui aurait recueilli un échantillon représentatif «de plus de 50% du personnel du secteur bancaire», permettant à l’Aleba d’assurer qu’au total «37% des personnels des banques ne sont pas conventionnés». Soit un tout petit peu moins de 10.000 personnes, sur les 26.500 recensées par la CSSF, selon les données dévoilées à Paperjam par Safouane Jaouid, responsable du service légal de l’Aleba. 27% dans les banques de moins de 750 personnes et 16% dans les grandes structures.

Revendiquant une analyse basée sur des questionnaires remplis par ses délégués dans les banques et une étude approfondie des contrats, l’Aleba affirme qu’«au total, 27,8% des personnels de la Place» tomberaient sous la vision de faux cadres défendue par le syndicat. Dont «75,6% des salariés hors convention» actifs dans le secteur bancaire. Pour expliquer cette situation, Safouane Jaouid évoque les stratégies mises en place par les directions qui «jouent sur l’ego des salariés» via le recours «à des appâts destinés à permettre au salarié ciblé de se sentir supérieur aux salariés conventionnés».

Une référence à «l’octroi d’une voiture de fonction» ou «d’autres avantages en nature qui donnent le sentiment d’appartenance à une classe spéciale», mais qui privent de fait le salarié de la protection prévue par la convention collective. Notamment en ce qui concerne les heures supplémentaires ou lors de la mise en place d’un plan social ou d’un transfert d’activité entre entités.

Contrats-types très différents d’un établissement à l’autre

Autant d’éléments, auxquels s’ajoute l’existence «de contrats-types extrêmement différents entre les établissements bancaires en raison de leur pays d’origine», qui expliquent la présence de salariés classés comme cadres, «alors qu’ils affichent un salaire annuel de 46.000 euros», assure Safouane Jaouid, qui rappelle que ce niveau de rémunération «est bien inférieur au niveau maximal prévu dans le cadre de la convention collective, fixé aux alentours de 100.000 euros annuels».

La loi actuelle n’a pas évolué depuis sa création dans les années 1960-1970.

Serge de Cillia, CEO de l’ABBL

Interrogé par Paperjam sur cette étude de l’Aleba, Serge de Cillia, CEO de l’ABBL, se dit «étonné» du chiffre avancé puisque «ce dernier est encore différent des estimations avancées au cours des trois dernières années par différentes parties» et s’interroge sur «le timing de la publication de cette étude, à quelques mois des élections sociales».

Reconnaissant en revanche que la loi actuelle «n’a pas évolué depuis sa création dans les années 1960-1970, à une époque où l’économie était basée sur l’industrie et non sur les services comme c’est le cas actuellement», Serge de Cillia rejoint l’Aleba dans sa volonté de «changer les choses de ce point de vue».

Une rencontre de l’UEL avec le nouveau ministre du Travail, Dan Kersch, est d’ores et déjà «prévue début 2019», où cette question «sera un des points à évoquer parmi bien d’autres». Pour permettre le suivi du nombre de faux cadres sur la Place, l’Aleba assure d’ailleurs vouloir mener une étude similaire en 2019.