Les attentes du marché ne sont, dans leur ensemble, pas atteintes.  (Photo: Banque de Luxembourg)

Les attentes du marché ne sont, dans leur ensemble, pas atteintes.  (Photo: Banque de Luxembourg)

L’année 2016 ne fait pas exception à cette tendance. L’ajustement des perspectives de croissance est d’ores et déjà significatif. Le Fonds monétaire international vient par exemple d’annoncer un second abaissement depuis le mois de janvier de ses projections de croissance. En cause notamment, le fléchissement de l’activité fin 2015 dans les pays avancés et les tensions toujours persistantes dans plusieurs grands pays émergents (Brésil et Russie notamment). L’institution table dorénavant sur une progression de la richesse mondiale de 3,2% en 2016 et 3,5% en 2017, signalant ainsi l’absence de réaccélération de l’activité cette année, et évoque clairement la possibilité d’un scénario de stagnation séculaire généralisé.

De manière générale, les statistiques d’activité et d’inflation au sein de la zone euro, des USA et du Japon continuent à décevoir. Les indices de surprises économiques et d’inflation restent en effet ancrés en territoire négatif, indiquant que les attentes du marché ne sont dans leur ensemble pas atteintes.

La prudence est de mise

Dans ce contexte, le caractère très accommodant des politiques monétaires est appelé à perdurer. Lors de la dernière réunion de la BCE, outre la divulgation des détails du programme d’achat de dettes d’entreprises, les autorités monétaires européennes ont une nouvelle fois souhaité ancrer le caractère expansionniste de leur politique dans la durée. La Federal Reserve a également fait preuve d’une grande prudence en réduisant ses anticipations de hausse de taux pour l’année 2016 à seulement deux relèvements contre quatre précédemment. Elle vient également de mentionner qu’elle agira avant tout en fonction de la situation économique domestique (actuellement marquée par une croissance faible). Au Japon, contrairement aux attentes, la Banque centrale n’a pas assoupli davantage sa politique en dépit de révisions baissières des projections de croissance et d’inflation. De nouvelles mesures ne peuvent toutefois être exclues d’ici la fin de l’année.

Par ailleurs, les risques politiques, toujours significatifs, appellent à la prudence. Si les derniers sondages en prévision du référendum du 23 juin sur l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne laissent entrevoir une victoire du «oui», la Banque d’Angleterre vient toutefois d’indiquer que l’économie britannique (notamment la consommation) souffrait de l’incertitude générée par ce référendum. En Grèce, la situation reste également tendue. Le gouvernement est prié de voter un paquet contraignant de mesures supplémentaires qui seraient mises en application uniquement en cas de besoin pour atteindre l’objectif d’excédent primaire en 2018. L’adoption de ces mesures permettrait de débloquer le versement de la prochaine tranche d’aide et ouvrirait éventuellement la voie à des discussions sur un allègement du fardeau de la dette. Des désaccords importants subsistent toutefois entre créanciers, l’Allemagne estimant qu’un allègement ne constitue pas une priorité. Enfin, les résultats du premier tour des élections présidentielles autrichiennes ont été marqués par une nette percée de l’extrême droite. La poussée de partis extrémistes en Europe constitue une source potentielle supplémentaire d’instabilité.

Sur le plan financier, l’environnement de taux durablement bas signifie que l’investisseur au profil très défensif devra se contenter de rendements déprimés. L’investisseur qui a moins d'aversion au risque privilégiera, au sein des marchés actions, les entreprises offrant un rendement du dividende élevé et pérenne. Les perspectives de gain en capital étant contenues (valorisations tendues), le principal contributeur à la performance des actions à moyen terme devrait provenir du dividende. Compte tenu des risques économiques et politiques notamment, une grande sélectivité s’impose dans le choix des valeurs.