L'École 42 a déjà fait ses preuves en France. (Photo: École 42)

L'École 42 a déjà fait ses preuves en France. (Photo: École 42)

Alors que le gouvernement s’apprête à présenter, en milieu de semaine prochaine, la stratégie Digital for Education, prévoyant toute une série d’initiatives permettant de rapprocher les élèves de ce secteur, tout en renforçant leurs compétences numériques, on s’active en coulisses pour faire en sorte de pallier le manque criard de ressources dans le secteur de l’ICT.

Cette pénurie des talents est une réalité dans un secteur pourtant essentiel dans l’écosystème: au niveau de la Grande Région, les estimations tablent sur plus de 10.000 postes qui ne sont toujours pas pourvus. Au niveau européen, cela se compte en plusieurs centaines de milliers.

Déjà, lors de la dernière édition du Moovijob Tour Delux en mars, l’Adem, Moovijob et le groupement ICTluxembourg avaient formalisé un partenariat visant directement à promouvoir les métiers dans la filière numérique, dans le contexte de l’élan apporté par la stratégie Digital Lëtzebuerg.

Il manque un millier de développeurs au Luxembourg

Un autre projet est actuellement en gestation au Grand-Duché et pourrait apporter sa contribution au chantier: celui de l’École 3.14, directement déclinée du modèle de l’École 42 créé en France il y a deux ans par l’entrepreneur français Xavier Niel (fondateur de l’opérateur Free). Une simple école de plus? Pas du tout. L’approche se veut différente et ne plus reposer «sur les choses classiques que l’on voit depuis toujours, c’est-à-dire un professeur et des élèves, qui s’ennuient, qui en ont marre», comme il l’expliquait au moment du lancement de ce qui est considéré aujourd’hui comme la plus grande école privée d’informatique en France. Celle-ci offre aux jeunes une formation de pointe et, surtout, gratuite, basée sur une pédagogie collaborative, pratique et inclusive.

Au Luxembourg, le projet est actuellement en cours de concrétisation, porté par Antoine Bordier, ancien journaliste freelance et ancien producteur d’émission de radio, cofondateur d’Academy+Plus (une structure qui a lancé, en 2014, le même concept en Roumanie). «Nous manquons de plus d’un millier de développeurs au Luxembourg», explique-t-il à Paperjam. «Des entreprises digitales quittent ou ne s’installent pas au Luxembourg à cause de la pénurie locale de développeurs.»

L’École 3.14 serait alors la première école informatique du pays totalement gratuite, financée par des donateurs – issus tout autant du secteur privé que public – et portée par la Fondation Sel (Smart Education au Luxembourg), en cours de constitution. Elle pourrait concerner, chaque année, une promotion de 70 à 100 étudiants appelés à suivre un cursus sur trois ans et 12 mois de stages cumulés.

Prête pour cet automne?

«Il y a urgence à investir dans l’éducation et former une nouvelle génération de développeurs. Cette école a vocation à répondre aux besoins du marché local, mais aussi au niveau européen en se basant sur une pédagogie innovante et disruptive», indique M. Bordier.

«Il y a urgence à investir dans l’éducation et former une nouvelle génération de développeurs.»

Antoine Bordier, porteur du projet École 3.14

Début avril, une délégation luxembourgeoise forte d’une quinzaine de personnes, avec à sa tête le ministre du Travail et de l’Emploi, Nicolas Schmit, s’était rendue à Paris au cœur de l’École 42 et y avait rencontré Xavier Niel. «L’École 42 peut être une excellente source d’inspiration pour nous», avait commenté le ministre au sortir de cette rencontre. «Je suis persuadé que notre stratégie nationale Digital Lëtzebuerg peut réussir si nous trouvons des moyens innovants pour préparer les personnes à cette transformation vers le numérique.»

La balle est désormais dans le camp des donateurs. Antoine Bordier a sorti son bâton de pèlerin pour tenter de prêcher la bonne parole et convaincre les investisseurs publics et privés de s’engager. Le budget de fonctionnement estimé de l’École 3.14 tourne autour du million d’euros, dont un tiers consacré aux équipements (informatiques, infrastructures et réseaux, mobiliers).

Son ambition: pouvoir faire de ce projet une réalité concrète à compter de novembre 2015.