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 (Photo: Gaël Lesure)

Les engins sont attendus sur le futur chantier. Cela fait 15 ans que des réflexions et des concertations sont menées pour définir le projet d’urbanisation qu’il convient de développer, en France, en face d’Esch-Belval, pôle d’attraction évident auquel la Lorraine voulait s’attacher. Aujourd’hui, le projet est défini. En février dernier, l’Établissement public d’aménagement (EPA) Alzette-Belval, la structure en charge de piloter le projet, a dévoilé son projet stratégique et opérationnel (PSO), fruit d’un travail collectif auquel a été associée la population locale. Les orientations stratégiques et opérationnelles de long terme et un programme prévisionnel d’aménagement à moyen terme sont précisés. 

« D’ici 2015, les premiers immeubles commenceront à s’élever », affirme Jean-Claude Moretti, le directeur de l’EPA. Les premiers d’une longue série, puisque sur ce territoire frontalier qui recoupe huit communes des départements de Moselle et de Meurthe-et-Moselle, l’ambition est de construire 8.600 logements. Environ 300 logements des cités ouvrières et minières seront également rénovés et réhabilités. Mais ces constructions s’inscrivent dans un projet autrement plus ambitieux que de créer une cité-dortoir destinée à accueillir des travailleurs frontaliers. Les acteurs impliqués (État, région lorraine, conseils généraux et communes) ont d’emblée écarté un plan « clé en mains ». Pour résumer, l’objectif est de construire la ville de demain, dans le respect des principes de la transition énergétique et écologique, mais également de l’identité locale. Une écocité nouvelle, susceptible, d’ici 20 ans, d’accueillir 20.000 habitants de plus qu’aujourd’hui. Au-delà du logement, le plan répond donc à des enjeux culturels, sociaux, de mobilité et économiques.

Une vitrine technologique

Sur le plan économique, le projet entend favoriser l’émergence d’une économie résidentielle qui s’appuiera sur du commerce, des services de proximité et de santé, des structures dédiées à la culture et aux loisirs. La réalisation d’un pôle culturel figure déjà au programme. Mais ce volet économique fait surtout la place belle à l’innovation. « C’est le fil directeur du projet, corrige Hélène Bisaga, chargée de développement de l’EPA Alzette-Belval, et l’ambition est d’être innovant aujourd’hui mais aussi tout au long des 20 ans à venir. » « Le fait que le projet soit labellisé écocité par l’État est un levier puissant pour engager cette agglomération transfrontalière vers la ville durable », explique Thomas Bachmann, directeur de l’aménagement à l’EPA. « Actuellement, lorsque l’on évoque les villes du futur, la référence qui vient à l’esprit c’est Fribourg. Notre ambition est que le territoire Alzette-Belval prenne le relais. Cela implique de pouvoir tester de nouvelles innovations dans le domaine de l’énergie, de la mobilité comme du numérique. Non pas au travers de débats scientifiques, mais de manière très concrète, dans l’action et l’expérimentation. » Cela se confirme par des projets d’implantation d’éoliennes et de data centers. Mais la construction et la réhabilitation d’une partie de l’habitat, comme le traitement des sols et des pollutions, la gestion de l’eau, les options choisies en matière d’énergie ou de mobilité, bénéficieront également de retour d’expériences visant, là encore, à enrichir des pistes d’innovations nouvelles. Le projet Alzette-Belval se positionne bien évidemment comme complémentaire au développement d’Esch-Belval. Le renforcement des liens avec le Luxembourg est d’ailleurs clairement affiché. La construction d’un super-calculateur, visant à répondre aux besoins exprimés par les acteurs bancaires et de l’industrie financière au Luxembourg et pouvant satisfaire aux demandes de la recherche française et / ou luxembourgeoise figure, par exemple, au programme. En attendant que les engins de chantier entrent en action sur les friches de Micheville, d’autres sont déjà à pied d’œuvre pour construire la liaison Belval-A30 qui va désenclaver le territoire Alzette-Belval, mais aussi et surtout faciliter le flux des transfrontaliers entre la Lorraine et le Luxembourg. Et cela dès l’an prochain.