L'écart de valorisation entre le marché émergent et le marché développé laisse entrevoir des perspectives de rendement attractifs, constate Bertrand Schmeler. (Photo: CBP Quilvest)

L'écart de valorisation entre le marché émergent et le marché développé laisse entrevoir des perspectives de rendement attractifs, constate Bertrand Schmeler. (Photo: CBP Quilvest)

Comme l’indique le graphique suivant, les indices boursiers émergents ont sous-performé les indices mondiaux de près de 40% depuis la mi-2013, moment où la Banque centrale américaine (Fed) a commencé à réduire progressivement son stimulus monétaire. La principale raison de cette sous-performance structurelle tient au positionnement initial des investisseurs sur la classe d’actifs: dès la sortie de crise de 2008, les investisseurs s’étaient portés massivement acheteurs sur ces marchés, confortés par l’argument - pourtant peu vérifiable dans les faits – qu’un supplément de croissance économique implique nécessairement une surperformance des marchés boursiers à moyen terme. Cet engouement ignorait toutefois le niveau de valorisation initial des marchés: ce que les investisseurs ont appris à leurs dépens, en voyant les indices émergents stagner alors que les autres marchés montaient, au fur et à mesure que la prime de risque sur les marchés émergents se reconstituait.

Cette sous-performance des marchés émergents s’est toutefois fortement amplifiée au cours du troisième trimestre 2015, les indices boursiers perdant plus de 18% en trois mois. Les incertitudes liées au timing du resserrement monétaire de la Fed, les craintes concernant un effondrement de l’activité en Chine – intensifiées par la dévaluation du Yuan à mi-août -, la chute des prix des matières premières, ont eu raison de l’appétit des investisseurs pour la classe d’actifs. Des flux record de sortie des fonds d’investissement et ETFs sur les actions émergentes ont été enregistrés entre juin et septembre derniers; après deux ans de sous-performance, les investisseurs sur les marchés émergents ont jeté l’éponge.

Comme très souvent, une sous-performance massive, accompagnée de volumes très élevés, constituent des points de retournement importants sur les marchés: les indices des marchés actions émergentes ayant rebondi de 10% depuis la fin septembre, ce rebond peut-il durer? 

La Chine a un rôle central dans la réponse à cette interrogation; l’analyse de la situation actuelle de l’économie et des marchés financiers chinois nous incite à croire que les bonnes nouvelles devraient à présent prédominer. En effet, si nous partageons l’avis que la croissance chinoise a fortement ralenti par rapport à sa moyenne des 10 dernières années, des signes d’amélioration apparaissent: la consommation demeure soutenue, les prix de l’immobilier se stabilisent, les excédents commerciaux sont sur une pente ascendante, même les derniers chiffres des réserves de change semblent indiquer que les pressions d’une nouvelle vague de dévaluation du Yuan s’atténuent. Dans ce cadre, la banque centrale chinoise (PBOC) peut continuer à mener une politique d’expansion monétaire (baisse des taux, baisse du taux des réserves obligatoires des banques…), ce qui devrait être favorable aux marchés financiers.

D’une façon plus générale, le graphique ci-joint indique que les valorisations des marchés émergents par rapport aux pays développés sont au plus bas depuis 2008, laissant entrevoir des perspectives de rendement plus attractifs sur cette classe d’actifs à moyen terme. En dernier lieu, les incertitudes liées au resserrement monétaire américain semblent toucher à leur fin, puisque les derniers chiffres de conjoncture américaine pourraient conduire la Fed à relever ses taux dès le mois de décembre. L’histoire a souvent suggéré que la fin de la sous-performance des marchés émergents coïncidait avec la hausse effective des taux directeurs US: on peut s’imaginer que cet épisode n’a pas de raison d’être différent des autres, d’autant plus que ce resserrement devrait être plutôt graduel et faible par son ampleur.

Écart de valorisation entre le MSCI Emerging Markets et le Developped Markets
P/E ratio 12 mois forward (en points)

Source: Capital Economics

En conclusion, ce qui n’est aujourd’hui encore considéré que comme un rebond technique pourrait bien se prolonger jusqu’à l’année prochaine et voir les marchés émergents surperformer les autres indices. Une seule certitude: la volatilité restera très élevée. Il conviendra également de privilégier les marchés peu exposés aux prix des matières premières, dont les perspectives restent très incertaines.