Le professeur grec d'économie, Plutarchos Sakellaris, veut encore croire à un projet européen pour la Grèce. (Photo: Flickr)

Le professeur grec d'économie, Plutarchos Sakellaris, veut encore croire à un projet européen pour la Grèce. (Photo: Flickr)

Dans le cadre de son cycle de conférences, l’Institut Banque européenne d’investissement avait invité ce lundi à Luxembourg le professeur Plutarchos Sakellaris, professeur d’économie et de gestion à l’université d’Athènes et vice-président de la BEI entre 2008 et 2012.

Un timing particulièrement bien choisi pour l’organisateur. Un moment «au goût aigre-doux», a pour sa part commenté le professeur grec au lendemain du «non» au référendum. Un rendez-vous avec l’Histoire qu’il juge être un des plus difficiles instants de sa vie d’adulte.

Des réponses à quelles questions?

«Il est évident que peu de Grecs avaient lu les documents techniques sur lesquels ils auraient logiquement dû se prononcer, a-t-il lancé comme une évidence. Certains ont choisi entre l’espoir et la peur, d’autres entre l’euro et la drachme, entre l’Europe et les Balkans, pour ou contre les réformes ou la politique menée par les partis qui se sont succédés à la tête de l’État.»

Pour le professeur athénien, les questions n’étaient pas claires et le débat n’a pas eu le temps de se mettre en place. «Mais le référendum a eu lieu et la réponse est non, alors il faut voir ce que tout cela veut dire», commente-t-il.

Pour lui, ce qui semble sûr, c’est que les Grecs ne veulent sortir ni de la zone euro ni de l’Union européenne. «Mais pour cela, il faudra conclure un accord avec les créanciers du pays d’ici la fin du mois de juillet. Le gouvernement l’a promis, mais le fera-t-il vraiment?» Et selon l’adage qui affirme qu’il faut être deux pour danser le tango, il s’interroge sur la réelle volonté des deux partenaires.

«La question la plus importante, c’est de savoir comment la Grèce peut retrouver la croissance, questionne Plutarchos Sakellaris. Parce que sans croissance, elle ne pourra de toute façon pas y rester.»

Sans croissance, la Grèce ne pourra de toute façon pas rester dans la zone euro.

Plutarchos Sakellaris, professeur d'économie à l'université d'Athènes

Une croissance qu’il exige solide et inclusive et qui exige la mise en place d’une stratégie et d’un vaste plan d’action. Avec au cœur de celui-ci, la reconstruction du secteur public et la création d’un environnement business avec des règles stables et de la transparence.

Se retrousser les manches

Entre autres mesures nécessaires, il met l’accent sur le retour des investissements, qui ont chuté de 25% à 10% du PIB en l’espace de quelques années seulement. Et, à titre personnel, il estimerait judicieux d’envisager de nouveaux projets dans le secteur high-tech, dans un tourisme à haute valeur ajoutée - avec dimension culturelle, dans l’agrobusiness ou encore dans les produits naturels (cosmétiques, compléments alimentaires, etc.).

«Le succès du pays dépendra de la manière dont les Grecs vont travailler pour rétablir une Grèce forte au cœur de l’Europe, conclut le professeur Sakellaris. Le futur est dans nos mains et celles de nos enfants.»