Les prix moyens des appartements en construction ont baissé, affirme le ministère. Mais pas partout! (Photo: Charles Caratini / archives)

Les prix moyens des appartements en construction ont baissé, affirme le ministère. Mais pas partout! (Photo: Charles Caratini / archives)

«Quelques éléments de réponse à l’article paru dans paperJam le 8 juillet 2014», nous écrit le ministère du Logement (ndlr: le ministère, pas la ministre, nulle mention n'étant faite de Maggy Nagel) dans un courriel adressé à la rédaction de paperJam.lu, suite à un article qui lui avait assurément déplu...

«L’Observatoire de l’Habitat, service du ministère du Logement dont les travaux sont réalisés par le Ceps/Instead, n’était en aucun cas ‘en hibernation’ depuis le début de l’année», se défend le ministère. Il détaille le travail accompli par l’Observatoire au niveau statistique avec la publication des chiffres du 4e trimestre 2013 à la fin mars, et sa contribution au programme national ‘Baulücken’ répertoriant le patrimoine foncier exploitable des communes.

Autre grande tâche à laquelle l’Observatoire contribue chaque année: «La publication de Notes et d’un Dossier thématique pour la prochaine Semaine nationale du logement, qui se tiendra du 11 au 19 octobre prochain au Centre de Conférences et d’Exposition de LuxExpo.»

Des hausses qui cachent des baisses?

Le ministère du Logement tente de justifier les raisons pour lesquelles il n’a pas communiqué sur la mise à jour des chiffres au 1er trimestre 2014. Il assure qu’il ne faut pas y voir de malice, mais un choix, «puisqu’une nouvelle publication commune avec le Statec et consacrée aux prix des logements est actuellement en cours de préparation». «Le premier numéro de cette nouvelle publication sera publié au début du mois d’octobre», précise l'élément de réponse du ministère. C'est ce que paperJam.lu indiquait d’ailleurs en citant un responsable du Ceps/Instead.

Le ministère du Logement se défend par ailleurs d’avoir cherché à dissimuler la hausse des prix des logements, «comme semble le suggérer l’article du 8 juillet 2014». Ce serait prêter des intentions malveillantes que la rédaction n’avait pas. Pas plus que celle de manipuler les chiffres lorsque nous évoquions la hausse globale des prix des appartements et maisons, à la vente et à la location, ainsi que l’assèchement de l’offre – un problème structurel au Luxembourg, résultat de l’inertie des pouvoirs publics depuis des années.

«Les chiffres relatifs aux prix enregistrés des appartements (issus des actes notariés) mettent d’ailleurs plutôt en avant une baisse des prix sur le trimestre», note le courriel du ministère en prenant à témoin le prix par m² moyen des appartements existants (marché de l’ancien), un prix stable au 1er trimestre 2014 par rapport au trimestre précédent (-0,18%), et même en forte baisse (-9,73%) pour les appartements en construction.

Getthoïsation rampante

«Sur un an, on observe certes une hausse assez nette des prix par m² des appartements existants (+5,67%), mais également une baisse des prix par m² des appartements en construction (-1,28% par rapport au 1er trimestre 2013). Les indices hédoniques des prix de vente des appartements fournis par le Statec mettent en évidence les mêmes évolutions sur le 1er trimestre 2014», écrit encore le ministère, en jugeant «très étrange» que l’article ne fasse aucunement mention de ces évolutions.

Ce procès d’intention n’a pas lieu d’être, car l’observation de certains détails de ces chiffres montre un phénomène inquiétant de baisse des prix dans certaines régions du pays (dans le Nord notamment) et de hausse sensible des prix dans la capitale et sa proche banlieue (devenues impayables). Une hausse qui pourrait, si elle s’aggrave, déboucher sur une véritable ségrégation géographique en fonction des catégories sociales. Les riches en ville et dans les communes de la proche ceinture et les pauvres relégués toujours plus loin...