L’usine de fabrication de Tavola à Capellen. (Photo : www.mirror.co.uk/)

L’usine de fabrication de Tavola à Capellen. (Photo : www.mirror.co.uk/)

Le scandale alimentaire du moment a un arrière-goût de déréglementation du marché intérieur européen. Des lasagnes surgelées d’une marque suédoise, Findus, vendues au Royaume-Uni et censées contenir du bœuf sont en fait largement constituées de cheval, une viande très peu consommée outre-Manche. La possibilité d’une telle tromperie tient en fait certainement à la complexité de la filière, passant notamment par le Grand-Duché.

Findus externalise la production de ses produits (normalement) à base de bœuf haché. Elle achète ainsi ses lasagnes à la société Comigel, siégeant à Metz, qui confie à son tour la confection à sa filiale luxembourgeoise : Tavola, à Capellen.
Celle-ci se procure son bœuf auprès de la société basque Spanghero en ayant la conviction qu’il est d’origine française.

Question d’équidé

Problème : non seulement la viande n’est pas française, mais en plus il s’agit de cheval. De quoi provoquer un léger malaise dans un contexte où la traçabilité de la viande est devenue un précepte fondamental en Union européenne depuis la crise de la vache folle. Mais le marché intérieur semble trouver ses limites ici. Spanghero achète en fait la matière première, étiquetée « viande de bœuf, origine Europe » à une société roumaine dont les abattoirs abattent et découpent du bœuf et du cheval.

Suivant une implacable logique de marché, cette société aurait été choisie pour avoir effectué la meilleure offre pour assurer l’approvisionnement. Et le circuit de mise en relation ne manque pas non plus d’exotisme puisqu’un trader chypriote aurait sous-traité une commande de Spanghero à un homologue néerlandais…

Fraude à l’étiquetage, oui mais…

Après un week-end durant lequel chacun des acteurs de la filière a essayé de passer la barquette alu chaude au suivant, la zone de chalandise concernée s’est considérablement étalée. Pis encore, elle concerne de nombreux produits. En sus des lasagnes précédemment évoquées, cannellonis, spaghettis bolognaise, moussaka et hachis parmentier ont dorénavant une dimension chevaline.

Quoiqu’en dise Comigel qui hurle à la fraude à l’étiquetage, le problème paraît pourtant être moins celui de la réglementation européenne en matière de sécurité alimentaire que l’aptitude des acteurs à s’inquiéter de l’origine de la viande qu’ils achètent. Tout bétail destiné à la consommation est théoriquement recensé et sa filière post-mortem connue.