Rendre publique l'intégralité de l'audit interne de la police serait «complètement irresponsable dans le contexte actuel», estime Étienne Schneider. (Photo: Christophe Olinger)

Rendre publique l'intégralité de l'audit interne de la police serait «complètement irresponsable dans le contexte actuel», estime Étienne Schneider. (Photo: Christophe Olinger)

L’entrée dans la «deuxième mi-temps» de l’actuelle législature devait aboutir, selon certains, à l’instauration d’un ton bien différent de celui en vigueur jusqu’à présent. Un ton plus direct, voire plus frontal entre les partis de coalition et l’opposition. La prédiction semble bel et bien se réaliser, à l’exemple des positions adoptées lundi par Étienne Schneider (LSAP), ministre de la Sécurité intérieure, qui a tenu à faire une nouvelle mise au point sur la réforme en cours de la police.

Vivement critiqué la semaine dernière par le député CSV Michel Wolter sur le fameux audit interne de la police, le responsable du ministère du boulevard Royal n’a pas mâché ses mots, tant en direction de l’ancien ministre de l'Intérieur et actuel député-bourgmestre de Bascharage que de son parti. «Parmi ses critiques, monsieur Wolter aimerait que l’audit de la police soit rendu public», assène Étienne Schneider. «Dans le contexte actuel, c’est complètement irresponsable, car cela reviendrait à donner une invitation directe aux terroristes.» Même critique directe envers le CSV dans son ensemble, accusé «de tenter de vouloir faire peur pour en tirer avantage politiquement.» Selon le ministre de la Sécurité intérieure, le principal parti d’opposition «se contredit», «avance désormais des arguments qui vont dans le sens contraire de ce qu’il souhaitait faire» et «fait de la politique politicienne».

Les structures et les procédures actuelles ont atteint leurs limites.

Donat Donven, directeur général adjoint de la police

Car pour répondre aux attaques de Michel Wolter, qui dénonçait au même titre que le Syndicat national de la police grand-ducale (SNPGL), les conditions de réalisation de l’audit interne ainsi qu’une politique du fait accompli, Étienne Schneider a ressorti une décision prise en conseil de gouvernement en 2013, quelques mois avant les élections législatives anticipées. Un texte initié par son prédécesseur, Jean-Marie Halsdorf (CSV), qui soulignait que «la fusion (des commissariats, ndlr) tend à rationnaliser le fonctionnement et à faciliter le contact avec la population et les autorités locales». Autrement dit, un texte qui appelait à mettre en place un schéma identique à celui proposé par la réforme actuelle.

Une réorganisation que Donat Donven, directeur général adjoint de la police, défend en raison «des évolutions importantes de la société depuis 1999, date de la dernière réforme». Pour ce dernier, «les structures et les procédures actuelles ont atteint leurs limites», raison pour laquelle le haut gradé plaide pour «la mise à disposition de personnels civils pour effectuer le travail administratif», «la création de synergies sur le terrain» et «la mise en place de nouvelles méthodes de travail».

Depuis le mois de septembre, 55 réunions dans le cadre des six groupes de travail instaurés ont ainsi eu lieu. Selon le calendrier avancé par Étienne Schneider, un débat d’orientation se déroulera «en juillet prochain» à la Chambre afin de «présenter aux députés une réforme destinée à mettre en place une meilleure police». Pour y parvenir, le texte mise notamment sur une réorganisation territoriale, la mise en place d’un portail de commissariat virtuel permettant de déposer plainte 24h/24 ou bien encore le recrutement de 320 nouveaux fonctionnaires d’ici 2018.