«Le monde industriel était un monde fermé, celui du digital est un monde ouvert», a expliqué le directeur pays de Google Belgique et Luxembourg, Thierry Geerts. (Photo: Nader Ghavami)

«Le monde industriel était un monde fermé, celui du digital est un monde ouvert», a expliqué le directeur pays de Google Belgique et Luxembourg, Thierry Geerts. (Photo: Nader Ghavami)

Elle est censée faciliter les choses, mais dans les faits, la digitalisation est une question qui est aujourd’hui davantage synonyme de complexité, autant pour les professionnels que les consommateurs. Devant l’afflux de nouveautés, on se perd. Et face à l’inconnu, on préfère prendre ses précautions. Pour la première journée des Luxembourg Internet Days 2017, qui se tenaient ce mardi à la Chambre de commerce, Lu-Cix a donc décidé d’organiser une table ronde qu’il a nommée «La vie avant, pendant et après la digitalisation».

«Trop de choses changent trop vite», a reconnu Thierry Geerts, le directeur pays de Google Belgique et Luxembourg, dans le cadre des discussions. «Les gens paniquent, alors que, a priori, c’est une évolution positive qui facilitera beaucoup nos vies.»

Il est indispensable que les entreprises regagnent la confiance des consommateurs.

Thomas Crépon, directeur du service client pour l’institut de sondage TNS Ilres

Thomas Crépon, directeur du service client pour l’institut de sondage TNS Ilres, a, lui, présenté les résultats de l’étude annuelle de Kantar TNS sur le comportement des gens face aux nouvelles technologies. Selon ce sondage, 63% des Luxembourgeois sont préoccupés par les données personnelles collectées par les entreprises, alors que la moyenne européenne se situe à 55%. «Les consommateurs se sentent pris au piège, et il est indispensable que les entreprises regagnent leur confiance», a-t-il expliqué.

Android vs Symbian

La prudence n’est pas seulement dans le camp des consommateurs, mais aussi dans celui des entrepreneurs au Luxembourg. Selon les statistiques de Google, seulement 7% des entreprises luxembourgeoises vendraient aujourd’hui des produits en ligne. «C’est un paradoxe, car nous avons une population à la fois très bien équipée et très bien connectée, et il existe une énorme demande de services digitaux, mais l’offre n’est pas là», a ajouté Thierry Geerts.

Nous avons su ouvrir notre plateforme.

Thierry Geerts, directeur pays de Google Belgique et Luxembourg

Alors pourquoi cette réticence? Certes, les risques sont importants et de nombreuses questions sont sans réponse, mais ne pas évoluer est sans doute la pire des options à retenir pour un chef d’entreprise. «Il est important de trouver le bon moment pour se digitaliser, et vouloir avancer trop vite peut coûter très cher», a toutefois rappelé le président du cabinet d’entrepreneurs français Opération Data, Étienne de Rocquigny. «C’est là où réside toute la difficulté de la digitalisation. Il faut savoir prendre des risques, mais en gardant toujours un œil sur ce qui se passe sur le marché.»

La confiance, autant du côté des entrepreneurs que de celui des consommateurs, semble donc être un mot-clé de la digitalisation. «Le monde industriel était un monde fermé, celui du digital est un monde ouvert», a voulu ajouter Thierry Geerts. Et pour que personne ne le contredise, il a donné l’exemple du développement d’Android. «Nokia a fait travailler 1.000 ingénieurs pour développer sa plateforme Symbian; Google en avait juste neuf pour son système d’exploitation mobile. La différence est que nous avons su ouvrir notre plateforme et faire confiance à l’écosystème que nous avons créé, alors que Nokia a tout verrouillé.»