Marc Lauer, président de l'Aca, évoque un avenir mitigé pour les assureurs luxembourgeois. (Photo: Charles Caratini)

Marc Lauer, président de l'Aca, évoque un avenir mitigé pour les assureurs luxembourgeois. (Photo: Charles Caratini)

L’Association des compagnies d’assurances (Aca) a présenté mardi, lors d’une conférence de presse, des chiffres à première vue «réjouissants» de l’activité de 2014. «Une bonne année pour les assureurs et les réassureurs», se félicite son président Marc Lauer (par ailleurs CEO du Groupe Foyer). Les primes vie et non-vie sur les marché national et international ont atteint 26,47 milliards d’euros l’année dernière (+18,8%), avec près de 90% de l’encaissement total provenant de l’activité internationale liée à la vente de produits d’assurance en libre prestation de services. Le montant des provisions techniques, c’est-à-dire les engagements des assureurs vis-à-vis de leurs clients, a dépassé les 136 milliards d’euros (+15%). 

Sur le marché national «vie», les primes ont atteint un record en franchissant le cap des 2 milliards d’euros (+62% par rapport à 2013), ce qui s’explique par «une augmentation très substantielle des affaires uniques exceptionnelles». Le record risque donc de ne pas être répliqué en 2015. À l’international, les émissions ont dépassé les 21 milliards (+17,8%), là encore un record dans «un environnement conjoncturel morose», selon les dirigeants de l’Aca. Le volume d’affaires, selon l’association, n’a pas été impacté négativement par l’avènement de l’échange automatique d’informations. Les opérateurs ont en tout cas répondu à ce nouveau défi en étendant le périmètre géographique de la clientèle, bien que la France reste le principal marché des assureurs vie luxembourgeois opérant en libre prestation de services, suivie par l’Italie, la Belgique, l’Allemange et le Royaume-Uni. 

Le secteur «traditionnel» de l’assurance, la branche non-vie, a affiché des performances enviables: 843,6 millions d’euros sur le marché domestique (+2,19%) tandis que le volet international, qui se caractérise par une forte hétérogénéité, a engrangé un encaissement de 1,96 milliard d’euros (+7,3%). Le résultat après impôts du secteur s’est affiché en hausse de près de 6%, à 367 millions d’euros. Les assureurs et réassureurs ont payé 129 millions d’impôts.

Tout n’est pas rose pour autant pour l’activité. Marc Lauer voit les perspectives pour les années à venir de façon mitigée. Les assureurs se plaignent de la «tension fiscale» qui pèse sur leurs revenus. Ainsi, les hausses de la TVA et des taxes sur le financement des services de secours risquent à terme d’augmenter de 15 millions d’euros leur charge fiscale.

1.600 euros par an «au moins»

Face au défi du vieillissement et au rétrécissement des prestations de retraite légale (1er pilier), baisse chiffrée à 15%, les dirigeants de l’Aca entendent marquer le terrain dans l’assurance complémentaire (2e pilier) et individuelle (3e pilier). «Nous avons besoin au Luxembourg d’un nouveau dynamisme pour permettre de promouvoir et d’accroître le taux de pénétration de ce 2e pilier», souligne un communiqué de l’association qui réclame de «nouvelles initiatives stimulantes», jugées urgentes (il y aurait 100.000 personnes au Luxembourg tombant sous ce régime, selon l’IGSS).

Parmi ces exigences, figurent l’ouverture et l’accès au 2e pilier à des professions qui en sont encore exclues (comme les indépendants et les professions libérales), bien que le gouvernement ait promis une solution (il existe un avant-projet de loi) ainsi qu’une augmentation du montant déductible au titre des cotisations personnelles. Celui-ci étant figé à 1.200 euros par an depuis 1999, l’Aca plaide pour un nouveau plafond annuel à 1.600 euros. Et c’est un minimum.   

Les assureurs réclament de même, mais sans la chiffrer, une hausse «substantielle» des taux de déductibilité fiscale des primes d’assurance du 3e pilier. Enfin, les dirigeants de l’Aca ont annoncé une mise à jour de leur charte de qualité (une version 2.0 de la charte ICMA de 2013), une démarche vers la transparence fiscale qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’échange automatique d’informations entre autorités fiscales dès 2016.  

Le texte s’appliquera surtout à «l’assurance vie de la gestion du patrimoine» en s’appuyant entre autres sur l’abstention de mécanismes favorisant l’évasion fiscale. Chaque professionnel s’engage à mettre en place des procédures pour «obtenir l’assurance raisonnable que ses clients respectent les obligations fiscales qui leur sont applicables».