Les flux des ETF ont considérablement ralenti dans le monde en 2018, mais ils ont tout de même connu leur deuxième meilleure année en termes de nouveaux actifs nets (NAN)
L’année dernière s’est révélée difficile pour les investisseurs, car elle a été marquée par une accélération spectaculaire («melt-up») précoce des marchés et un effondrement tardif encore plus impressionnant. Elle a commencé et s’est terminée dans le chaos sur fond d’incertitudes économiques et politiques croissantes de part et d’autre de l’Atlantique. Presque toutes les classes d’actifs ont clôturé en territoire négatif.
L’encours sous gestion du marché mondial des ETF a atteint $4.700 milliards, en légère baisse (-0,3%) par rapport à 2017. Les flux ont baissé de 21%. Il s’agit tout de même de la deuxième meilleure année pour les NAN, derrière 2017. La tendance était encore plus marquée sur le marché européen. Les NAN ont fléchi de 52%, tandis que les actifs sous gestion ont diminué de 0,4% pour s’établir à €633 milliards. Même en Europe, les entrées de capitaux ont atteint leur troisième niveau annuel le plus élevé.
ETF européens gagnants et perdants en 2018
Les ETF sur actions américaines ont été les grands gagnants de l’année, avec €20 milliards de collecte (+54% par rapport à 2017). Les marchés développés mondiaux ont été la seule autre catégorie d’actions à ne pas connaître une baisse des capitaux entrants (+€7,2 milliards, un niveau similaire à celui de 2017). Les actions émergentes arrivent troisièmes (€6 milliards), soutenues par des conditions financières moins strictes aux États-Unis et des valorisations attrayantes.
Les actions européennes ont le plus souffert, avec des dégagements de €3,4 milliards, après des entrées de €22 milliards l’année dernière. Cette baisse est due avant tout aux sorties de capitaux de 4,9 milliards d’euros des ETF d’actions de la zone euro, conséquence d’une succession de problèmes (difficultés de l’Allemagne à former un gouvernement, crise budgétaire italienne et décision de la BCE de réduire son programme d’achats d’obligations). Les obligations ont de nouveau enregistré de très bons résultats dans les valeurs refuges, où les obligations souveraines des marchés développés ont enregistré des capitaux entrants de €12,1 milliards, un niveau sans précédent.
L’investissement factoriel a le vent en poupe
Alors que les ETF sectoriels n’ont collecté que €0,2 milliard, les investisseurs européens ont injecté €1 milliard dans les ETF factoriels. Le facteur qualité s’est illustré (€0,9 milliard de collecte), mais les stratégies défensives s’en sont globalement bien sorties, les investisseurs cherchant à protéger leurs gains sur fond d’incertitude.
Intérêt croissant pour les critères ESG
L’investissement responsable est toujours en plein essor, avec €4 milliards de capitaux entrants dans les ETF ESG en Europe en 2018. Cela représente 9% de l’ensemble des flux vers les ETF. Les ETF ESG ne représentent encore qu’une fraction des actifs du marché mondial des ETF, mais leur croissance devrait se poursuivre. Pour l’instant, les stratégies avec une approche de pointe élargie vis-à-vis des critères ESG représentent la plus grande partie du marché.
La gestion passive prend le dessus en Europe, malgré l’incertitude
Les flux européens ont fortement diminué, passant de €770 milliards en 2017 à €187 milliards. Ils ont en fait atteint un niveau inférieur à la moitié de leur moyenne sur les sept dernières années (€424 milliards). La façon dont ces flux se répartissent pourrait présager ce qui nous attend:
- L’écart entre les capitaux entrants dans les fonds actifs et passifs est aujourd’hui plus faible qu’il ne l’a été depuis longtemps.
- Les fonds actifs n’ont récolté que €27 milliards de plus que les fonds passifs, soit beaucoup moins que la moyenne de €250 milliards sur les sept dernières années.
- Les flux vers les fonds d’actions passifs ont de nouveau été supérieurs à ceux vers les stratégies actives, malgré une baisse de plus de moitié (passant de €115 milliards l’année dernière à €52 milliards).
- Les fonds d’actions actifs n’ont enregistré que €30 milliards de capitaux entrants.
- Pour la première fois, les stratégies passives se sont également imposées dans l’obligataire, avec des collectes de €26 milliards, contre des sorties de €14 milliards pour les fonds actifs (une autre première annuelle).
Les thèmes à suivre en 2019
En 2019, le potentiel de hausse des actions mondiales semble limité, mais la possibilité d’une volatilité accrue paraît élevée.
Nous suivrons de près l’évolution des données, car les flux des ETF actions des pays développés sont en corrélation avec l’activité économique depuis un certain temps. Étant donné que la croissance économique des pays développés pourrait s’essouffler légèrement, les flux vers les ETF actions des pays développés pourraient suivre la même tendance. Les réducteurs de risques, comme les ETF Minimum Variance et les ETF Smart Beta de qualité, devraient être favorisés.
Les inquiétudes au sujet de la croissance aux États-Unis sont de plus en plus vives, et la Fed a adopté un ton toujours plus accommodant. C’est une excellente nouvelle pour les actifs des marchés émergents. La rotation qui s’est amorcée à la fin de l’année dernière en faveur des marchés émergents et aux dépens des pays développés devrait se poursuivre.
Les investisseurs obligataires pourraient être confrontés à de nombreux défis (fin des programmes de QE des banques centrales et hausse des taux d’intérêt). Les ETF à duration courte devraient continuer à susciter l’intérêt. Parallèlement, nous anticipons une hausse progressive de l’inflation. Les ETF investis en obligations indexées sur l’inflation pourraient ainsi prospérer plus tard dans l’année.
Enfin, les ETF ESG devraient encore gagner en popularité, notamment sous l’effet d’une hausse de la demande et de l’évolution de la réglementation. Par exemple, la Commission européenne obligera bientôt les investisseurs à inclure des critères ESG dans leurs décisions d’investissement.
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