Selon Hervé Burger,les Etats-Unis et des pays émergents présentent de belles opportunités. (Photo: Julien Becker/archives )

Selon Hervé Burger,les Etats-Unis et des pays émergents présentent de belles opportunités. (Photo: Julien Becker/archives )

De manière générale, la grande majorité des stratégistes, et c’est un comportement humain classique, projette les tendances de l’année précédente mais en plus modérées; cela nous donne un consensus pour les marchés d’actions d’une progression de l’ordre de 10 % en 2014 venant après un cru 2013 exceptionnel, certains préférant les actions américaines, d’autres les européennes. Après une année difficile pour les marchés émergents, les stratégistes restent très prudents sur ce segment. Les obligations étatiques n’ont vraiment plus les faveurs des spécialistes après une année 2013 décevante et, à ma connaissance, rares sont ceux qui osent encore parier sur un rebond de l’or après sa chute de 30 % en 2013.

Comme le disait l’humoriste français Pierre Dac «la prévision est un art difficile, surtout lorsqu’elle concerne le futur». Nous préférons nous concentrer sur la montée des risques sur certains segments de marché ou zones géographiques, risque ne signifiant pas forcément accident.

Les Etats-Unis restent une destination privilégiée. La croissance retrouve un rythme de croisière de l’ordre de 3 %, le marché de l’emploi reste bien orienté tout comme le marché immobilier, et effets de richesse obligent, le consommateur US retrouve quelques couleurs. Si l’on ajoute des thèmes comme la réindustrialisation du pays et à terme l’indépendance énergétique, les Etats-Unis restent un endroit incontournable pour les investisseurs. La problématique de la dette et du déficit public US (souvenons-nous du tapage médiatique sur ces questions en 2013) est devenu pour nous un non problème avec le niveau de croissance atteint et la forte hausse des rentrées fiscales. Concernant la politique monétaire, le début du «tapering» a été très habilement amené en décembre et la sortie de la politique d’assouplissement quantitatif devrait être très progressive et sans heurts pour les marchés.

Prespectives mitigées dans la zone euro et en Chine

La zone euro présente une situation plus mitigée. L’année 2013 a vu la zone sortir de la récession, et la situation des pays périphériques a favorablement évolué comme l’atteste la forte détente des taux obligataires italiens et espagnols (voir graphique) et des performances boursières élevés de ces pays qui d’ailleurs continuent en ce début d’année. Cependant, la croissance globale reste très atone et les craintes de déflation sont réelles. Dans ce contexte, il est difficile de diminuer les poids des dettes. La France, dont les indices PMI sont décevants pourraient être le nouveau maillon faible, surtout si l’écart de taux entre la France et l’Allemagne continuait de s’orienter à la hausse (voir graphique).

(Source: Bloomberg)

Les marchés émergents nous paraissent une destination intéressante: surtout ceux comme le Brésil, l’Indonésie, l’Inde ou la Turquie dont les monnaies et marchés ont été très vulnérables, en raison de leurs balances courantes déficitaires. Celles-ci sont en voie d’amélioration et ces pays pourraient être une bonne surprise en 2014. Quant à la Chine, sa situation paraît plus complexe avec une croissance qui est dans une tendance baissière, cela étant inéluctable en raison de la taille atteinte par ce pays. Difficile également de connaitre le poids exact de l’endettement, issu du «shadow banking», des acteurs économiques aussi bien privés que publics.

Les marchés obligataires aussi bien gouvernementaux que d’entreprises devront aussi être travaillés sélectivement, les politiques de taux zéro ayant probablement gonflé artificiellement les prix de nombreux produits, les investisseurs à la recherche de rendement «à tout prix» ayant parfois perdu leur capacité de discernement.