Jacques Chahine est le président de Sicav Digital Funds. (photo: paperJam.TV)

Jacques Chahine est le président de Sicav Digital Funds. (photo: paperJam.TV)

Le pauvre Ben Bernanke et son successeur désormais connu, Janet Yellen réussissent tellement bien dans leur tâche, que nous craignons qu’une belle bulle soit en formation et que le réveil soit d’autant plus douloureux. Alors que notre objectif pour le S&P500 était de 1.640 points, on est déjà 100 points au dessus. Et comme d’habitude, les dernières statistiques de l’emploi, montrant une tendance plutôt molle, ont été salués par une nouvelle hausse du marché comme un signal additionnel que le QE va encore durer quelque temps.

La Fed a réussi à faire baisser les taux à 10 ans à 2,6% alors qu’ils avaient atteint 3% avant la récente intervention. Mais il est beaucoup plus difficile d’agir sur le 30 ans qui reste autour de 3,67% contre 3,87%. C’est le signe que le taux à 10 ans sera amené, tôt ou tard, à se retrouver à 3% voire au-delà.

Ce que la Fed souhaite c’est que simultanément l’économie soit fermement repartie. Il est certain qu’une perception de taux à 2,6% pour les obligations contre les promesses du marché actions n’est pas attractive. Mais il faut se rappeler que les actions sont assimilables à une rente perpétuelle et une duration au-delà des 30 ans. C’est la raison pour laquelle nous valorisons le marché avec des taux à 3,75% qui sera vite atteint si l’économie retrouve son tonus.

Dans cette configuration, les marchés seront guidés par les fondamentaux, c’est-à-dire le niveau et surtout la croissance potentielle des profits. Or le niveau des profits atteint par les sociétés américaines est au plus haut et surtout les marges bénéficiaires ont retrouvé leur niveau d’avant la crise à 9,5% et il leur sera très difficile d’aller bien au-delà.

On constate ce phénomène tous les jours comme dans le secteur informatique où Apple a dû céder du terrain sur ce chapitre. Faute d’améliorer la marge, la croissance des profits viendra de l’effet volume et inflation que nous estimons à 5%.

La saison des profits qui bat son plein ne nous donne pas tort jusque là. Les grosses surprises positives se font rares alors que les mauvais chiffres sont fréquents. JP Morgan a fait exploser le consensus FactSet, d’où nous compilons nos informations. Avec 7 milliards de dollars de dépenses liées aux litiges, cela a créé un trou d’air.

Sur 411 sociétés ayant publié, les bénéfices sont 4,4% en deçà des attentes de fin août à cause de JP Morgan. Hors valeurs financières, c’est une modeste surprise de +3,2% de mieux qu’attendu. Mais ce qui ressort surtout de notre analyse, ce sont les «guidance» données par les sociétés pour T4 qui ont été réduites de 2,6%, ce qui fait que l’année se terminera à +6,5% alors qu’on attendait 10% en début d’année.

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L’indicateur du volume des ventes est très décevant, car non seulement les objectifs de T3 ont été ratés de 1% mais T4 est également revu en baisse de 1,3%. C’est la concrétisation que l’économie reste «molle» et que les sociétés continuent de serrer leurs budgets. L’informatique a été le secteur le plus porteur pour les profits à l’exemple de Google, mais les ventes sont restées décevantes à l’image d’IBM.

Si l’Europe est encore empêtrée dans les révisions des profits à la baisse, elle offre l’avantage d’offrir un potentiel certain de rebond car les marges sont encore loin de leur niveau d’avant la crise: 7% contre 9,4% en 2007. Or 1 point de recovery représente un potentiel de hausse de 14% des profits. Dans la perspective, même molle, de l’économie, l’Europe offre selon nous un potentiel de hausse plus important qu’aux US.

Il faudra à l’avenir scruter encore plus près les futures actions de la Fed et si on peut, anticiper l’anticipation!