Le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne créerait une porte de sortie que d’autres pays pourraient également emprunter, prévient Don Smith. (Photo: KBL epb)

Le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne créerait une porte de sortie que d’autres pays pourraient également emprunter, prévient Don Smith. (Photo: KBL epb)

La menace d’une potentielle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne a d’ores et déjà des répercussions sur l’euro – renforçant la monnaie unique face à la livre sterling, mais l’affaiblissant face au dollar.

D’aucuns verront l’euro comme une valeur refuge relativement sûre si la livre sterling venait à éprouver de graves difficultés avant le référendum du 23 juin sur le Brexit. Toutefois, la décision britannique aura des conséquences importantes pour le reste de l’Union européenne, rendant l’euro vulnérable à plusieurs égards.

Si le Royaume-Uni vote pour une sortie de l’Union européenne, la monnaie unique n’en sortira pas indemne.

Près de quatre mois avant le référendum, les citoyens britanniques semblent très partagés. Les risques pour le Royaume-Uni, en cas de vote favorable à la sortie, sont évidents et le déficit important de la balance courante du pays rend la devise anglaise sans conteste vulnérable. Les risques pour le reste de l’Union européenne, en particulier sur le plus long terme, pourraient également s’avérer importants.

D’un point de vue économique, le Royaume-Uni est un partenaire commercial clé. De 2008 à 2012, c’était le plus grand marché d’exportation et d’importation de l’Union européenne – bien que cela soit en partie dû à la proximité géographique du port de Rotterdam.

En conséquence, la renégociation des accords commerciaux bilatéraux provoquée par la décision de sortie britannique aurait des incidences négatives, à la fois pour le Royaume-Uni et le bloc européen.

Les conséquences politiques pourraient être encore plus néfastes.

Le départ du Royaume-Uni de l’Union européenne créerait une porte de sortie que d’autres pays pourraient également emprunter. Le sentiment anti-européen anglais se nourrit principalement des craintes liées à l’immigration – qui est également l’une des principales inquiétudes à travers le continent. Un Brexit, témoignant d’une montée du sentiment anti-immigration, pourrait entraîner des référendums similaires dans d’autres pays européens, créant ainsi un effet domino.

Le Danemark et les nations du groupe de Visegrád – qui réunit la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie – font partie des pays les plus susceptibles d’être confrontés à des pressions de sortie.

En outre, la sortie du Royaume-Uni viendrait perturber l’équilibre fragile des puissances motrices de l’Europe. 

Les principales puissances politiques – le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne – ont toutes trois des motivations très différentes dans ce dossier complexe. Toutefois, elles partagent la centralisation politique comme «ennemi commun». Eu égard à cet élément, l’Union serait plus soudée au niveau politique. 

Cependant, en cas de sortie du Royaume-Uni, les États membres, plus préoccupés par l’influence exercée par l’Allemagne et la France, pourraient manœuvrer afin d’augmenter leur pouvoir et leur poids dans la hiérarchie européenne. Dès lors, une Union sans le Royaume-Uni pourrait devenir moins soudée politiquement. 

D’une manière ou d’une autre, cet événement pourrait inaugurer une période d’incertitude pour la nouvelle dynamique politique en place au cœur de l’Europe.

Face à une livre sterling vulnérable, il existe une marge de manœuvre intéressante pour l’euro, et nous restons positifs quant aux perspectives de la monnaie unique. Toutefois, nous reconnaissons que le référendum britannique présente également des risques importants de détérioration, menaçant de déstabiliser le paysage européen tant économique que politique, indépendamment de la décision du 23 juin.