Selon Ilario Attasi, «la Banque centrale de la République de Turquie pourrait bien être obligée d’augmenter ses taux». (Photo: KBL epb)

Selon Ilario Attasi, «la Banque centrale de la République de Turquie pourrait bien être obligée d’augmenter ses taux». (Photo: KBL epb)

Éclipsée par l’agitation des résultats du référendum italien, la véritable victime de la bonne tenue du dollar aujourd’hui pourrait bien être la Turquie. La vitesse à laquelle la livre turque s’effondre est extraordinaire. Depuis le début de l’année, les cours du dollar et de l’euro ont gagné près de 20% face à la devise turque. Que se passe-t-il?

Tout d’abord, la Turquie est un importateur de matières premières qui possède peu de réserve de change. Ainsi, lorsque les prix des matières premières augmentent, la situation va en empirant. Mardi matin, Bloomberg a indiqué que les dettes en devises étrangères des entreprises turques avaient dépassé les avoirs en devises étrangères. C’est pourquoi les sociétés se dépêchent d’échanger leurs livres turques en dollars ou en euros.

La Banque centrale de la République de Turquie pourrait bien être obligée d’augmenter ses taux. C’est ce qu’elle avait d’ailleurs déjà fait en augmentant son taux de financement à un jour à 8,5%. Les rendements obligataires montrent que les attentes des marchés restent tout de même supérieures. Les rendements des obligations d’État à 2 ans et 10 ans se négocient respectivement à 11 et 11,3%. Personne ne connaît l’issue de cette situation, étant donné que le président Erdogan s’oppose fermement à une hausse des taux et défend la Banque centrale de le faire.

Cela rend les choses encore plus compliquées. Des taux plus élevés seraient nécessaires alors que l’inflation devrait rapidement augmenter. Selon une étude d’HSBC, l’actuel taux d’inflation à 7% pourrait passer à 9,1% en moyenne l’année prochaine. Si les derniers chiffres de l’indice des prix à la consommation semblaient bénins, le bond considérable de l’indice du pouvoir d’achat ne laisse rien présager de bon pour l’avenir.

Hélas, le contexte politique compliqué n’aide en rien la situation et les investissements étrangers en Turquie diminuent rapidement. Alors que 30% des investissements étrangers directs proviennent de l’Allemagne, la tension permanente entre ces deux pays a fortement touché les flux d’investissements. Le secteur touristique risque également d’être affecté. Un mauvais augure pour l’économie du pays.