Cathia Gromczyk: «Il faut sensibiliser les personnes moins diplômées et leur donner les outils pour se former.» (Photo: Jessica Theis)

Cathia Gromczyk: «Il faut sensibiliser les personnes moins diplômées et leur donner les outils pour se former.» (Photo: Jessica Theis)

Madame Gromczyk, vous êtes chargée de la communication de l’Institut national pour le développement de la formation professionnelle continue (INFPC) depuis trois ans. Quel a été votre constat en arrivant?

«En intégrant l’INFPC, j’avais l’avantage d’avoir une vision externe de la communication que je réalisais jusqu’alors pour le compte de clients. J’ai donc commencé par faire un audit de la communication, basé sur une analyse Swot et sur des études et enquêtes qui avaient été menées auparavant, sur la notoriété de l’INFPC et du portail lifelong-learning.lu. J’ai pu ainsi dresser un état des lieux et mettre en place une stratégie avec des objectifs sur trois ans. Je voulais donner un nouvel élan à la communication pour être au plus près des entreprises et des particuliers. J’ai constaté une grande hétérogénéité dans la présentation des documents, sans charte graphique, avec trois logos différents.

La charte graphique est beaucoup plus lisible aujourd’hui. Quels sont les aspects que vous avez voulu mettre en avant?

«J’ai lancé un appel d’offres auprès de plusieurs agences. L’idée n’était pas de faire table rase, mais de capitaliser sur les actions du passé, en leur donnant du dynamisme, de la cohérence et un esprit de famille. La charte graphique met en avant les trois aspects du travail de l’INFPC avec une déclinaison de couleurs différentes autour du cercle qui existait déjà et qui symbolise bien l’idée de ‘tout au long de la vie’.

La communication d’un établissement public est-elle spécifique?

«L’INFPC ne commercialise pas de produits ou de services contrairement à une entreprise privée, mais se doit de communiquer auprès de tous les publics susceptibles d’être concernés par la formation tout au long de la vie: les entreprises, les individus, salariés ou à la recherche d’un emploi, les offreurs de formation et les acteurs institutionnels du lifelong learning au Luxembourg. Un public très large et varié, qui représente toute l’activité économique et sociale du pays. Le ton de la communication est donc différent: nous n’avons pas d’activité à visée commerciale d’un point de vue communicationnel, mais nous sensibilisons et informons. Bien sûr, un objectif est de faire connaître l’INFPC et de mettre en avant le portail lifelong-learning.lu, mais il importe surtout de promouvoir le contenu de ce dernier: les formations, les aides, les informations sur la formation tout au long de la vie (FTLV), les résultats des études…

Comment s’organisent les différentes activités et donc leur communication?

«Si les activités de l’INFPC s’organisent autour de trois axes, la communication est cependant transversale. Nos missions consistent à guider les entreprises qui sollicitent l’aide financière de l’État à la formation en leur fournissant un service d’information et d’accompagnement, de gérer et d’animer le portail www.lifelong-learning.lu, plateforme de contact entre demandeurs et offreurs de formation et de mener des travaux d’études et d’analyses en matière de formation à travers l’Observatoire de la formation. Ces pôles d’activité représentent les leviers de communication de l’INFPC.

À ces cibles aussi diversifiées correspondent des messages différents?

«Le ton de la communication et les supports varient en effet, mais nos outils sont transversaux. La communication média met en avant les aides à la formation (tant pour les particuliers que pour les entreprises) et assure la promotion du portail lifelong-learning.lu. Nous ciblons tous les dossiers RH, formation, emploi dans les différents supports locaux pour optimiser les campagnes et toucher les publics concernés. En outre, nous participons à de nombreux événements B2B, nous travaillons avec la presse à travers des communiqués ou des collaborations rédactionnelles pour faire connaître les aides qui existent en matière de formation (congés spéciaux avec rémunération, aménagement des horaires de travail, validation des acquis de l’expérience, cofinancement de la formation en entreprise).

En termes de messages, comment mettez-vous en avant l’intérêt du lifelong learning?

«Il ne s’agit pas seulement d’inciter les individus à se former, nous devons être plus concrets et mettre en avant l’aboutissement de la formation et le retour sur investissement. Pour l’entreprise, la formation des salariés constitue un levier de compétitivité et participe à la performance de l’économie du pays. Pour le particulier, il s’agit de mettre à jour continuellement ses compétences pour évoluer dans sa carrière professionnelle et garantir son employabilité.

Personne ne peut être contre le fait de se former. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez?

«C’est un sujet qui intéresse tout le monde, mais surtout au moment où l’on est concerné par une recherche d’emploi ou par un projet d’évolution de carrière. Notre mission est de sensibiliser à cette nécessité, à ce devoir permanent de se former tout au long de la vie. Cela doit devenir un réflexe. Nos études montrent que ce sont les personnes les plus diplômées qui continuent le plus à se former. Il faut donc sensibiliser les personnes moins diplômées et leur donner les outils pour se former. C’est notamment la validation des acquis de l’expérience qui permet à toute personne ayant plus de trois ans d’expérience d’obtenir certains diplômes. Du côté des entreprises, surtout les petites qui sont happées par le day-to-day, nous connaissons leurs difficultés à libérer leurs salariés pour la formation.

Le portail lifelong-learning.lu est votre fer de lance. Qu’y trouve-t-on?

«On y trouve plus de 6.500 formations proposées par 124 offreurs de formation institutionnels, privés ou associatifs. Elles sont classées par domaine, avec un moteur de recherche pour faciliter l’accès à l’information. Le site recense aussi les aides à la formation et les procédures à suivre pour en bénéficier. En outre, il y a une partie agenda avec toute l’actualité de la formation. Pour l’instant, le portail est proposé en français et en anglais. Il sera également traduit en allemand et en portugais.

Qui dit web dit mise à jour, référencement… Comment gérez-vous ces aspects?

«Le site est entièrement réalisé en interne par une équipe dédiée, en charge de la programmation, du layout et de la gestion des contenus. Cela nous permet d’être hyper-réactifs et d’actualiser les contenus, les aspects graphiques ou la navigation afin de faciliter les recherches et mettre certaines informations en avant. Si le portail est optimisé pour le référencement naturel, cela ne nous empêche pas de renforcer notre présence online pour le promouvoir auprès des internautes (bannering, mais surtout référencement payant dans le but de générer du trafic et toucher l’internaute quand il est à la recherche d’informations sur la formation). En outre, nous avons réalisé des vidéos de teasing visant à faire connaître notre portail ainsi qu’un tutoriel vidéo pour aider les entreprises dans la réalisation de la demande de cofinancement pour la formation.

Ce catalogue de 6.500 formations n’est pas disponible sous forme de guide?

«L’offre est évolutive et les annonces risquent d’être obsolètes. En revanche, le portail est toujours actualisé. Cependant, nous continuons à proposer des guides et de l’édition papier, notamment lors de présence sur des salons. Par exemple, il existe un répertoire des offreurs de formation, avec 247 contacts, qui est envoyé aux entreprises et disponible gratuitement sur demande. Nos études et enquêtes sont aussi publiées et distribuées auprès des responsables RH. Pour les particuliers, nous avons édité une série de flyers présentant les aides à la formation de manière synthétique.

Est-ce que vous allez au contact de vos cibles? Qu’en est-il de l’événementiel?

«Oui, outre la participation aux événements (salons, conférences) portant sur la formation et/ou le recrutement (Jobdag, salon FCU, Moovijob, etc.), nous organisons des séances d’information sur les aides à la formation (entreprises et particuliers) et sur la validation des acquis de l’expérience.

Les offreurs de formation font aussi de la communication pour leurs propres services. Y voyez-vous une concurrence?

«Pas du tout. Nos messages sont complémentaires. Nous avons tous intérêt à ce qu’on parle le plus possible de la formation tout au long de la vie. Plus il y a d’acteurs qui communiquent, mieux c’est. Nous ne sommes en concurrence avec personne, nous sommes au service de l’ensemble des acteurs concernés.

Quelle évolution avez-vous constatée quant à la réception de vos messages?

«Nous veillons à évaluer constamment nos résultats. Nous mesurons notamment le trafic sur le portail lifelong-learning.lu, qui a connu une augmentation de 23% des visiteurs entre 2012 et 2013, une hausse continue. Nous avons également constaté un plus grand nombre de demandes d’informations spontanées, preuve d’un gain de notoriété.

Quels sont les projets pour l’avenir, les pistes que vous allez poursuivre?

«Nous allons continuer à communiquer dans la continuité des plans mis en place il y a trois ans, mais avec une refonte de la campagne de communication pour toujours plus d’impact et pour interpeller à nouveau nos cibles. Nous allons ainsi développer de nouveaux outils de communication. Par exemple, il est prévu de renforcer la production audiovisuelle, car nous constatons que ce support fonctionne, plaît et permet de donner beaucoup d’informations de manière dynamique. Il est prévu d’y inclure des témoignages des bénéficiaires de formations ou d’entreprises. Nous veillons à élargir la visibilité et la lisibilité du portail, en accentuant le référencement sur le web et en le proposant en allemand (2014) et en portugais (2015).

Êtes-vous présents sur les réseaux sociaux?

«C’est une grande question et une grande réflexion. Je pense, en effet, qu’il faut une présence sur les réseaux sociaux, mais pas n’importe comment. Nous sommes actuellement présents sur LinkedIn, car c’est un cadre professionnel, mais la FTLV n’est pas forcément un sujet que l’on a envie de voir quand on se connecte sur un site comme Facebook. Nous y avons tout de même déjà communiqué sous forme d’annonces payantes, sans pour autant y avoir un compte. Il faut mener une réflexion stratégique qui vise à interpeller les individus. Le défi est d’atteindre les internautes alors qu’ils consultent un compte privé, dans leur temps de loisir. Il faut donc que le message soit impactant. Nous y travaillons.»

Parcours

Tous les aspects de la communication

Ayant obtenu une Maîtrise en sciences économiques, mention économie et gestion d’entreprise, option marketing à l’ISFATES (Institut supérieur franco-allemand de techniques et d’économie), Cathia Gromczyk a travaillé cinq ans chez Farvest où elle a participé au développement du projet HR one. «L’équipe était petite, mais très dynamique. Nous avons eu à gérer tous les aspects marketing et commerciaux qui m’ont donné une vue détaillée du lancement et du développement de projets.»

Elle voudra ensuite aller vers «plus de communication, pour maîtriser les différents aspects du métier et connaître les entreprises et institutions luxembourgeoises». Ce qui l’amène chez Binsfeld en tant qu’account manager où elle touche tous les pôles de la communication avec un portefeuille de clients assez large. En 2011, elle intègre l’INFPC par intérêt pour les questions de formations et de développement personnel: «Je peux être force de proposition et avoir la main sur le contenu.»