La Banque européenne d’investissement siège au Kirchberg. (Photo: David Laurent / archives)

La Banque européenne d’investissement siège au Kirchberg. (Photo: David Laurent / archives)

La Banque européenne d’investissement (BEI) publie ce mercredi ses résultats pour l’année 2013. Au cours d’une conférence de presse organisée au préalable, son président, Werner Hoyer, n’a pas caché sa satisfaction sur le travail mené par l’institution. «Nous sommes sur la bonne voie. Nous avons tenu nos promesses», a-t-il dit.

La politique contracyclique voulue par les actionnaires, à savoir les 28 États membres de l’Union européenne, a permis de lever 75,1 milliards d’euros de financements en 2013 (64 milliards en UE), soit 37% de plus qu’en 2012. Ce qui renforce la position du groupe BEI (la banque et le Fonds européen d’investissement) comme premier emprunteur et premier prêteur dans le monde.

Parmi les axes privilégiés, le financement des PME, l’épine dorsale de l’économie européenne. La BEI a signé 18,5 milliards d’euros de prêts à l'appui des PME et des entreprises de taille intermédiaire tandis que, de son côté, le FEI s’est engagé à hauteur de 3,4milliards d’EUR. «Ce concours, note la banque, a permis au groupe de mobiliser, aux côtés de partenaires financiers du secteur privé, plus de 50milliards d’euros en faveur des PME».

Une assise financière solide

Dans sa vocation à soutenir financièrement les lignes politiques directrices de l’UE, la BEI dit également avoir soutenu la recherche et l’innovation (17,2 milliards), l’action «en faveur du climat» (19 milliards) et l’emploi des jeunes (9,1 milliards en 6 mois)… des thèmes horizontaux pouvant évidemment se recouper.

L’assise financière de la banque est également voulue solide avec un ratio d’adéquation de fonds propres passé de 23,1 à 28,7%. La qualité des actifs est également mise en avant avec seulement 0,2% de prêts dépréciés en 2013. À la fin de l’exercice, la BEI présentait un portefeuille d’actifs d’une valeur de 512 milliards d’euros.
Pour ce qui touche aux 72 milliards d’euros d’empruntsde la banque, 56% ont été levés dans la zone euro, 27% en Asie et seulement 3% au Moyen-Orient et en Afrique!

Le président (allemand) de la banque a également insisté sur la productivité de ses 2.124 collègues, pour la «plupart à Luxembourg».

Et dans un élan de volubilité dont il était d’usage peu coutumier, Werner Hoyer a insisté sur la nécessité d’investir davantage en Europe dans la recherche et l’innovation. «L’Europe est à la traîne, a-t-il clamé, en matière d’investissement dans le digital notamment. Nous devons initier un réel changement structurel. Si nous ne relevons pas ces défis, nous allons vivre des temps vraiment difficiles.»

La transparence exigée pour le Luxembourg

Sur sa lancée, dans un échange avec la presse luxembourgeoise, le président a commenté les derniers développements politiques relatifs au Grand-Duché et particulièrement le fait que le Luxembourg soit mis à l’index en termes de conformité aux normes du Forum mondial sur la transparence. «Une question sérieuse sur laquelle Xavier Bettel et Pierre Gramegna travaillent ardemment. Cela n’affecte pas notre coopération du tout, a indiqué M. Hoyer. La présence de la banque à Luxembourg n’est pas remise en question, mais certaines activités pourraient l’être si rien n’était fait,» a-t-il averti dans une prise de position politique assumée.

Le président de la BEI s’est également satisfait de voir que les États membres de l’UE comptaient davantage sur son institution. «Pendant des années, les politiques européens ont eu tendance à ignorer la BEI, maintenant, c’est comme si tout reposait sur nous!» a-t-il souligné non sans humour.

La BEI se veut également davantage proactive pour sensibiliser les autorités politiques. Au Grand-Duché, elle est en discussion avec le ministre de l’Économie pour envisager d’autres canaux de financement que les banques. Les négociations sur les Luxembourg Future Fund sont également toujours en cours. Leur aboutissement est espéré avant la fin 2014. 

Le bras bancaire de l’Union européenne entend également proposer son expertise technique sur certains dossiers, notamment sur la gestion de l’eau. «On peut fournir des packages des investissements dans ce domaine pour faire en sorte que cela devienne moins cher», a indiqué M. Hoyer.