Dans son virage vers la clientèle fortunée, la banque privée doit laisser des employés sur le bord de la route.  (Photo: Luc Deflorenne/archives)

Dans son virage vers la clientèle fortunée, la banque privée doit laisser des employés sur le bord de la route.  (Photo: Luc Deflorenne/archives)

Préalablement à la réunion annuelle prévue lundi prochain au Grand Théâtre, la rumeur enflait dans les couloirs. Jacques Peters, CEO bientôt débarqué de KBL, devrait y annoncer des résultats 2013 positifs pour la banque privée, mais aussi une réduction des effectifs.

Devant cette inquiétude croissante, la direction a bien voulu distiller quelques informations et éléments de contexte. «En raison de conditions externes difficiles - qui ont des conséquences pour tous les acteurs de la banque privée à Luxembourg -, nous entamons des discussions avec notre délégation du personnel au sujet de la possibilité de réduire légèrement et sur la durée le nombre de nos effectifs à Luxembourg», communique Nicholas Nesson, general manager, corporate communications, contacté par paperJam.lu.

Pas d’amnistie pour les banquiers

Par conditions externes difficiles, KBL entend évidemment la disparition progressive du secret bancaire. Matérialisé par le passage progressif à l’échange automatique d’informations fiscales annoncé pour 2015 au Luxembourg, il est l’un des facteurs poussant la banque privée, rachetée fin 2011 par la famille royale qatarie, à tirer un trait sur sa clientèle de dentistes belges, lesquels sont de surcroît partiellement amnistiés à domicile dans le cadre de la dernière DLU (déclaration libératoire unique) de 2013.

La partie du personnel travaillant avec cette clientèle devrait être particulièrement concernée, comme elle l’avait été en décembre 2012 quand KBL avait mis en place un plan social pour 136 employés. Cette fois, le mot de plan social n’est pas prononcé.

KBL s’explique via M. Nesson: «Alors que 2013 a été certes une année positive pour notre groupe, nous avons toujours été transparents sur le fait qu'il nous faudrait adapter notre effectif au volume du marché local, notamment à Luxembourg où est basé le siège de KBL epb. Aucune décision définitive n'a été prise à ce sujet, soyez assurés que la possible rationalisation de nos ressources à Luxembourg sera limitée, progressive et effectuée de manière la plus humaine possible», indique la communication diffusée par email.

Une décision stratégique

Dans son virage stratégique vers la clientèle fortunée (HNWI selon le jargon), la banque privée doit laisser des employés sur le bord de la route. «Dans le même temps, nous restons concentrés sur notre croissance à long terme, en interne et aussi potentiellement en externe, de manière à atteindre notre vision de devenir l'un des 20 meilleurs groupes européens de banque privée à l'horizon 2015», conclut le porte-parole du groupe.

Hier, la communication était plus à la fête. On annonçait notamment la nomination d’Yves Stein comme CEO à partir du 1er février et d’Ernst Wilhelm Contzen à la présidence du conseil d’administration. L’intéressé était d’ailleurs cité: «Alors que de nombreux acteurs du secteur financier ont tendance à revoir leurs ambitions à la baisse, KBL epb se dote d’une vision et de moyens pour saisir les opportunités qui se présentent aujourd’hui.» Une phrase qui résonne différemment aujourd’hui.