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 (Photo: CC)

De la mise en place d’un jardin d’enfants en plein cœur de son usine à la création de réunions dédiées à la discussion des erreurs, en passant par une décoration florale hebdomadaire de la salle des machines de son usine, Jean-Claude Biver aime casser les codes. Et le patron de l’horloger de luxe Hublot, basé à Nyon en Suisse, est venu le rappeler ce mercredi soir à Luxembourg. Il avait répondu à l’invitation de l’Association des entrepreneurs et dirigeants italo-luxembourgeois (AEDIL) et de l’Economist Club.

Haro sur les formats

Ce qui était annoncé comme un témoignage autour du thème «parcours d’horloger….ou pas d’innovation, pas de future» fut en réalité le partage d’une vision de la vie d’entrepreneur, sous la forme d’un «stand-up», digne des humoristes américains. Entre humour et bonnes phrases, son intervention devant une salle comble a reflété cette créativité que Jean-Claude Biver prône à toutes les étapes de la vie, à commencer par l’enfance.

«Mis à part mon métier, je suis véritablement obsédé par la créativité et l’innovation», a déclaré celui qui a repris l’entreprise horlogère en 2005, en regrettant que les différentes étapes de la vie «formatent» trop souvent l’homme. «C’est difficile pour un adulte de retrouver sa créativité initiale, car on doit casser les formats et retrouver l’instinct créatif de l’enfant.»

Tirer profit des erreurs

Très attaché aux traditions, à fortiori relatives à l’artisanat horloger, Jean-Claude Biver entend également tirer profit des erreurs commises pour progresser. Celui qui se méfie des CV visiblement non entachés d’erreur a en effet mis en place des réunions dédiées au partage d’erreurs commises au sein de l’entreprise.

«Nous sommes condamnés à faire des erreurs qui sont formatrices et amènent plus près du succès. Lorsque vous êtes libérés de la notion d’erreur, vous entrez dans le monde de la créativité.»

Applications locales

En saluant les performances suisses dans le secteur du café (sans production locale) et des fabricants d’ascenseurs (sans gratte-ciel important), Jean-Claude Biver a fourni d’autres éléments de réflexion pour les représentants économiques présents durant son intervention.

«La créativité ne peut se limiter à la production, elle doit aussi être répandue dans la manière de gérer l’entreprise, la gestion humaine….. Or une seule personne peut mettre en place cet état d’esprit: le patron. Il faut donc mettre en place des écoles pour futurs entrepreneurs.»

À l’heure où des données européennes montrent que les entreprises luxembourgeoises désinvestissent progressivement en matière de recherche et développement, l’innovation semble pourtant représenter une voie incontournable pour la pérennité de l’économie. Tant locale qu’européenne.