Claude Ewen, sales director Luxembourg pour Columbia Threadneedle Investments. (Photo: Maison Moderne)

Claude Ewen, sales director Luxembourg pour Columbia Threadneedle Investments. (Photo: Maison Moderne)

Les Britanniques se sont prononcés en faveur d’une sortie de l’Union européenne lors du référendum. Voilà ce que nous savons. Néanmoins, nous ignorons quel sera le résultat des négociations économiques et politiques à venir. Dans les semaines et les mois à venir, les investisseurs chercheront à y voir plus clair sur un certain nombre de sujets, dont:

  • l’identité du nouveau Premier ministre britannique;
  • les changements dans la relation entre le Royaume-Uni et l’Union européenne (UE);
  • la réaction de l’UE au référendum, y compris de possibles changements dans la propre gouvernance de l’Union;
  • la montée en puissance des partis populistes/eurosceptiques en Europe (mouvement Cinq Étoiles en Italie, Front national en France, Podemos en Espagne, etc.).

Ces événements alimentent un biais «d’immédiateté», les investisseurs se focalisant sur la prochaine actualité, mais nous nous trouvons à l’aube d’une très longue période d’incertitude avec un certain nombre d’issues possibles. Le scénario de base voudrait que le résultat du référendum soit nuisible à la croissance mondiale en général, et en particulier à l’économie britannique. Ce manque de clarté pèsera sur l’investissement et les embauches et la probabilité d’une récession au Royaume-Uni a certainement augmenté. Dans le même temps, le risque de vide politique s’est nettement accentué avec la démission de David Cameron. En ce qui concerne l’Europe, la probabilité de nouveaux référendums sur l’UE inspirés de celui sur le Brexit a augmenté, un contexte défavorable à la devise et aux banques et entreprises de la périphérie. Les marchés n’ont pas envisagé un scénario de démantèlement de l’UE.

Nous pensons qu’un certain nombre de banques centrales (Banque d’Angleterre, Banque centrale européenne et Banque du Japon) devront assouplir leur politique. Une dépréciation de la livre sterling se traduira par une inflation accrue pour l’année à venir, une situation qui s’avérera en fin de compte transitoire. Par conséquent, même si la décision d’un assouplissement monétaire sera peut-être difficile à prendre, les inquiétudes entourant la croissance et la stabilité l’emporteront sur les autres considérations aux yeux des décideurs politiques.

Les marchés réagiront à ces défis, à la mutation de l’environnement économique, aux fluctuations des devises et aux anticipations de taux d’intérêt. Néanmoins, cette incertitude se traduira également par de la volatilité, ce qui nous donnera à nous, les investisseurs actifs, de réelles possibilités de création de valeur. Il conviendra notamment de se demander quels secteurs profiteront de la dépréciation de la livre sterling, quelles entreprises tireront parti de la persistance d’un environnement de taux bas et quels titres sont survendus en période de turbulences.

Les entreprises sont désormais habituées à évoluer dans un environnement de croissance atone et de chiffre d’affaires médiocre. Pour elles, c’est l’ampleur du ralentissement économique qui comptera le plus.

Depuis le début de l’année 2016, nous gérons nos portefeuilles de manière relativement défensive en maintenant une faible exposition aux banques, en particulier celles de la zone euro, et en privilégiant les entreprises capables de se développer dans un contexte de croissance atone. Cette approche essentiellement bottom-up signifie que nous sommes dans une position de force et nous permet de continuer à nous focaliser sur la génération d’alpha à long terme.