Autour de Benjamin Bodig (cravate noire au centre), le comité du Jeune Barreau à l'issue de l'assemblée générale de ce 9 juillet. (Photo: Jeune barreau)

Autour de Benjamin Bodig (cravate noire au centre), le comité du Jeune Barreau à l'issue de l'assemblée générale de ce 9 juillet. (Photo: Jeune barreau)

Le Jeune Barreau n’est plus le comité des fêtes du Barreau. L’organisation, qui regroupe les avocats du Barreau de Luxembourg ayant moins de 11 ans d’ancienneté, relaie désormais la parole des jeunes, en s’en rapprochant, sans pour autant être un syndicat. «Nous ne faisons pas de militantisme, mais quand un problème surgit, nous y sommes attentifs», indique Me Benjamin Bodig qui a pris, à l’issue de l’assemblée générale ce jeudi soir, et pour un an, le relais d’Anissa Bali à la présidence du Jeune Barreau.

Et parmi les problèmes les plus épineux que Me Bodig aura à traiter sous son mandat, la rémunération des avocats stagiaires figure en bonne place. En novembre 2014, sa prédécésseur avait écrit une lettre mémorable au bâtonnier Rosario Grasso, qui venait alors de prendre ses fonctions, réclamant son intervention auprès du ministre de la Justice Félix Braz sur le niveau «inacceptable» des honoraires des stagiaires, proche du revenu minimum garanti.  

«Nos combats sont les mêmes», assure le nouveau président, qui était d’ailleurs intervenu début juillet devant «les grands frères», lors de l’assemblée générale du Barreau pour rappeler qu’aucune solution n’avait encore été trouvée. Le jeune avocat espère que son interpellation provoquera un dialogue: «Nous ne pouvons aller que vers un amélioration», affirme-t-il, confiant qu’une solution pourra se dégager pour améliorer la situation de ses jeunes collègues. «Nous ne lâcherons pas ce souci», poursuit-il.

Les relations entre les confrères doivent être dignes.

Benjamin Bodig, président du Jeune Barreau de Luxembourg

Des solutions ont été esquissées, inspirées de l’expérience des barreaux belges, français et suisses, ainsi que d’autres pays de base du Code civil. «Je comprends», dit-il, «certaines réticences en raison du caractère libéral de la profession où les collaborateurs ne sont pas des salariés. Les relations entre les confrères doivent être dignes et il est indigne de proposer à un collaborateur ayant un Bac+5 et travaillant plus de 40 heures par semaine une rémunération sous le seuil de la pauvreté.»

Dans un premier temps, dans le but de trouver un compromis, le Jeune Barreau a établi un questionnaire avec 70 points qui devrait permettre de cerner la vie du collaborateur, sa place dans l’étude d’avocats, son implication au niveau du barreau, ses soutiens en cas de maternité pour les femmes et bien sûr sa rémunération et la possibilité de traiter des affaires personnelles.

«Nous disposerons ainsi de statistiques pour revenir ensuite vers le Barreau et poursuivre notre combat», fait valoir le président du Jeune Barreau.

Accès gratuit à la jurisprudence

Sur un tout autre registre, l’accès à la jurisprudence fait partie des autres priorités de son mandat. Un pas en avant a été franchi depuis le 9 juillet avec la signature d’une convention de jumelage avec le Barreau de Paris qui donnera aux avocats luxembourgeois l’accès gratuit à sa base de données jurisprudentielle. En contrepartie, les avocats du Barreau de Luxembourg s’engagent à alimenter leurs collègues parisiens avec de la jurisprudence luxembourgeoise.

Compte tenu des difficultés actuelles à accéder à cette jurisprudence et de la non-gratuité de ce service (l’accès à la documentation juridique coûte plus cher au Grand-Duché qu’ailleurs), il en ira de la bonne volonté des avocats et des magistrats.   

La troisième priorité du mandat du Jeune Barreau se focalise sur la réforme controversée de l’assistance judiciaire, sur les radars du ministère de la Justice depuis le printemps 2013.

Il s’agit de rétablir la véritable image de l’avocat luxembourgeois.

Benjamin Bodig, président du Jeune Barreau de Luxembourg

Le dossier avait été pris en mains par l’ancien bâtonnier René Diederich, après le tollé que l’initiative du ministre de la Justice CSV François Biltgen avait créé en revoyant l’aide judiciaire à la baisse et mettant en cause le taux horaire, posant sur la table du nouveau ministre Félix Braz une série de contre-propositions, notamment la mise en place de formules forfaitaires.

Enfin, Benjamin Bodig entend mettre une touche d’international à son mandat à travers la présence de représentants du Jeune Barreau lors des rentrées solennelles des barreaux de même tradition juridique que le Luxembourg. «Il faut montrer à l’étranger», assure-t-il, «que nous sommes là. Il s’agit aussi de rétablir la véritable image de l’avocat luxembourgeois, car de nombreux confrères étrangers nous imaginent tous fiscalistes et riches.»

Au Luxembourg aussi, l’image de l’avocat auprès du grand public doit être au cœur de la réflexion commune du Barreau et du Jeune Barreau. «À l’heure actuelle», signale le président du Jeune Barreau, «la communication est maladroite ou inexistante.»