La plupart des autorisations d’exploitation des dépôts pétroliers (ici Q8 à Bertrange) arrivent à échéance d’ici fin 2020.  (photo: Jessica Theis / archives)

La plupart des autorisations d’exploitation des dépôts pétroliers (ici Q8 à Bertrange) arrivent à échéance d’ici fin 2020.  (photo: Jessica Theis / archives)

La réponse du ministre de l’Économie Étienne Schneider à une question parlementaire posée par le député DP Max Hahn s’est fait attendre: presque un mois au-delà du délai prévu (la question posée le 17 mai aurait dû être traitée pour le 17 juin). Et elle n’est pas à proprement parler rassurante: «Les capacités de stockage [de produits pétroliers] actuellement disponibles sur le territoire national ne permettent d’assurer que plus ou moins 8 à 9 jours de stockage de sécurité sur le territoire». Un chiffre d’autant plus inquiétant que la directive européenne de 2009 oblige les États membres à disposer d’un niveau de stock pétrolier d’au moins… 90 jours d'importations journalières moyennes nettes.

Du reste, la loi du 10 février 2015 relative à l’organisation du marché de produits pétroliers va même plus loin, puisque l’article 5 stipule que tout importateur pétrolier est obligé de constituer et de maintenir de façon permanente des stocks de sécurité qui doivent correspondre à un niveau total équivalent à au moins 93 jours d’importations journalières moyennes nettes.

Une consommation en recul

Concrètement, les gros pétroliers constituent la majorité de leurs stocks de sécurité dans les pays voisins (Belgique, France ou Allemagne voire Pays-Bas). «Cette situation n’est guère souhaitable, notamment du point de vue de la sécurité d'approvisionnement du territoire national en cas de crise.»

En 2016, la consommation de produits pétroliers au Luxembourg (essence, diesel, gasoil de chauffage et kérosène) a été de 3,15 millions de m3, dont 61% pour le diesel et 20% pour le kérosène. En cinq ans, la consommation globale a reculé de 7%, et la part du diesel a chuté de 66% à 61% alors que celle du kérosène a bondi de 13% à 20%.

Tanklux dans l’attente

Pour l’heure, le pays s’appuie notamment sur les dépôts pétroliers de Shell, Q8 et Esso à Bertrange, d’EFR à Hollerich et de Luxfuel à l’aéroport. Autant de sites dont les autorisations d’exploitation arrivent à échéance d’ici à fin 2020. «Si les autorisations en question ne devaient pas être renouvelées, et si aucune nouvelle capacité de stockage ne devait être construite entretemps, alors les capacités de stockage sur le territoire national risqueraient de diminuer d’environ 120.00 m3, donc de plus de 60%», prévient le ministre Schneider.

Un projet est en cours à Mertert, pour une extension de quelque 90.000 m3 du dépôt de Tanklux, mais ce projet est suspendu à la délivrance d’une autorisation de construction que doit établir la commune de Grevenmacher, ce qui n’est pas encore le cas.

Aucune réponse, en revanche, à la question posée par Max Hahn sur l’avancement des projets de construction des nouveaux dépôts pétroliers prévus à Bascharage et à Luxembourg-Ouest.

900 jours d’attente

Ce constat ne semble pas alarmer outre mesure le ministre de l’Économie qui évoque par ailleurs la très lente gestation de l’agence nationale de stockage de produits pétroliers. Créée par la même loi du 10 février 2015 (soit bientôt 900 jours…), cette agence est supposée constituer et maintenir les stocks de sécurité, mais aussi assurer la construction d’infrastructures pétrolières de stockage en cas de besoin. «Actuellement, les travaux pour l’activation de l’agence sont en cours», a indiqué M. Schneider.

On est donc encore loin des intentions figurant dans le programme gouvernemental, dans lequel il était prévu que le gouvernement prenne «les actions nécessaires pour maintenir un niveau de stockage de produits pétroliers adéquat sur le territoire national en créant, selon les besoins, des capacités supplémentaires».