Jean-Claude Juncker a prononcé pas moins de 19 discours sur l’état de la Nation. Pour Xavier Bettel, ce sera le baptême du feu. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Jean-Claude Juncker a prononcé pas moins de 19 discours sur l’état de la Nation. Pour Xavier Bettel, ce sera le baptême du feu. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Mercredi 2 avril, le Premier ministre Xavier Bettel passera le premier véritable grand oral de l’actuelle législature, à l’occasion de la traditionnelle déclaration sur la situation sociale, économique et financière du pays, plus communément appelée «discours sur l’état de la Nation». Un moment forcément très attendu, tout autant par la classe politique que par les observateurs et autres forces vives de la nation. Mais un rendez-vous qui, justement, est peut-être parfois surestimé quant à l’importance de son contenu.

«Comme son nom l’indique, il s’agit avant de faire l’état des lieux de la situation du pays», rappelle Marc Colas, qui fut secrétaire général du conseil de gouvernement de la précédente législature et, à ce titre, très impliqué dans la préparation du discours prononcé par Jean-Claude Juncker. «Au fil des ans, on a bien remarqué qu’il y avait une grande attente d’annonces et de mesures. Et cela a suscité des déceptions, car ce discours est avant tout descriptif, comme une photo à un instant donné. Même si, évidemment, quelques mesures sont évoquées pour contrer des évolutions conjoncturelles qui seraient plus négatives.»

L’exercice en lui-même n’est pas simple et il s’agira, pour le Premier ministre, de s’exprimer pendant plus d’une heure devant 60 députés (et quelques journalistes…) qui seront d’autant plus attentifs qu’il s’agira de la première grande intervention de Xavier Bettel depuis sa prise de fonction le 4 décembre dernier.

Consultations

Inutile de dire qu’au sein du gouvernement, tout le monde est sur le pont depuis quelques jours déjà. «Ce discours sera une œuvre développée en équipe», indique Paul Konsbruck, en charge de la communication du Premier ministre. «Tous les ministres et secrétaires d’État ont introduit leurs priorités. C’est le ministère d’État qui est ensuite en charge de la digestion de ces informations livrées par les membres du gouvernement.»

Le processus a vraiment commencé à la mi-mars et se poursuivra encore quelques jours avant le Jour J. Il a été complété par un «séminaire» gouvernemental qui s’est tenu au château de Senningen, entièrement dédié à ce discours du 2 avril. Parallèlement, plusieurs réunions de l’exécutif, au ministère d’État, ont traité du sujet, mais pas exclusivement. Sans oublier, évidemment, différentes rencontres avec les syndicats et organisations patronales qui se poursuivent encore cette semaine.

Jean-Claude Juncker, aussi, était très à l’écoute. «Il avait bien sûr ses idées, mais il savait prendre la température auprès de ses interlocuteurs, aussi bien en conseil de gouvernement qu’auprès des partenaires sociaux», témoigne M. Colas. «Il écoutait beaucoup. C’était une sorte d’éponge. Il rassemblait tout ça et finalisait le tout à sa manière.»

Jean-Claude Juncker l’écrivait lui-même

Pour Xavier Bettel, aussi, c’est la compilation de toutes les informations reçues qui servira de support à son discours. Et son texte final sera, en quelque sorte, un agglomérat de tous ces éléments, à la différence notable de Jean-Claude Juncker qui, une fois toutes les idées regroupées, écrivait lui-même son discours, après tout un travail préparatoire qui commençait généralement dès février. «Dans un premier temps, avec les plus proches conseillers du Premier ministre, il s’agissait de préparer un canevas en faisant l’état des lieux de la réalisation du programme gouvernemental», se souvient Marc Colas. «On y juxtaposait alors les mesures prévues. C’est ensuite au conclave de Senningen que les propositions des contributions de chaque ministre étaient discutées, permettant d’affiner le contenu du discours.»

Le texte final du discours, entièrement écrit par Jean-Claude Juncker, dans un style qui lui était propre, n’était relu qu’une dernière fois par ses conseillers à quelques heures d’être prononcé. «Nous ne touchions évidemment pas à la forme, mais nous vérifions une dernière fois certains chiffres. Il n’était pas rare que M. Juncker fasse encore quelques retouches après, à quelques minutes de se rendre à la Chambre.»

Peu importe, finalement, le chemin menant au perchoir de la Chambre, ce mercredi, c’est évidemment le «discours prononcé qui fait foi» dont s’empareront majorité, opposition, syndicat, patronat et, dans une moindre mesure, opinion publique. Dès le lendemain, les débats parlementaires décortiqueront le contenu de ce discours dont la teneur devrait alimenter les conversations quelques jours supplémentaires.