Le président sortant du Jeune Barreau a poursuivi la dynamisation engagée sous ses prédécesseurs. (Photo: Patrick Galbats / archives)

Le président sortant du Jeune Barreau a poursuivi la dynamisation engagée sous ses prédécesseurs. (Photo: Patrick Galbats / archives)

Me De Ron, que retirez-vous de votre mandat à la tête de la Conférence du Jeune Barreau?

«J’en retire beaucoup de satisfaction. J’ai appris beaucoup de choses au niveau des rencontres que j’ai pu faire en ma qualité de président. Cette année-ci, nous avons été sollicités sur certains sujets par nos confrères, notamment par rapport à la réforme fiscale entrée en vigueur début 2017.

Nous avons découvert en tant que Jeune Barreau que certains avocats – gagnant plus de 100.000 euros brut par an – devaient désormais tenir une comptabilité en double, au lieu de remplir les fiches prévues en annexe de la déclaration fiscale. Avec le bâtonnier (François Prum, ndlr), nous avons réussi à obtenir un moratoire d’un an. Nous sommes également très fiers d’avoir pu organiser un colloque pour le 20e anniversaire des juridictions administratives et d’avoir pu publier les actes de ce colloque dans un dossier de la Pasicrisie luxembourgeoise.

Nous avons introduit le prix de la Conférence du Jeune Barreau, qui sera décerné une fois par an.

Henry De Ron, président sortant du Jeune Barreau

Avez-vous atteint votre objectif de structurer le Jeune Barreau et de le rendre plus transparent?

«Nous avons suivi à la lettre les règles internes votées lors de notre assemblée générale du 14 juillet 2016. Nous avons communiqué avec nos confrères en interne sur le fruit de nos démarches auprès des administrations fiscales et les avons informés des modifications législatives concernant, par exemple, l’accès par l’avocat au casier judiciaire. Seul couac: le principe de cooptation n’était pas ancré de manière positive dans nos règles. Nous y avons remédié lors de l’AG de la semaine dernière.

Nous avons aussi pensé qu’il était important de valoriser nos confrères et nous avons introduit le prix de la Conférence du Jeune Barreau, qui sera décerné une fois par an lors de l’AG à un avocat sur décision du comité. Il peut s’agir d’un avocat qui s’engage pour faire avancer la profession, pour promouvoir le Jeune Barreau, pour la défense de causes plus nobles, comme les droits fondamentaux, le droit humanitaire ou l’intérêt général au sens large. Cela peut aussi être une personne frappée par un handicap, qui doit surmonter des obstacles plus importants pour pouvoir exercer son métier d’avocat. Ce n’est donc pas un prix forcément axé sur le business, mais plutôt sur un engagement désintéressé.

Qu’en est-il du dossier de la rétribution des jeunes avocats? Vous aviez annoncé l’an dernier le lancement d’un sondage afin de recueillir des informations du terrain. Où en êtes-vous?

«Le projet est toujours en cours et sera, je l’espère, poursuivi par mon successeur, Cédric Bellwald.

Le problème linguistique relève plutôt d’une question de responsabilité de chaque avocat.

Henry De Ron, président sortant du Jeune Barreau

Quelles sont vos relations avec le Barreau, que vous souhaitiez plus étroites?

«Nous avions de bonnes relations avec l’ancien bâtonnier Me Grasso, elles sont excellentes avec Me Prum. Nous avons élaboré une circulaire conjointe sur la réforme fiscale et, à ma connaissance, cela ne s’était jamais fait. Le Jeune Barreau respecte la voie hiérarchique: il représente uniquement les jeunes avocats, alors que le bâtonnier représente tous les avocats.

Le Barreau et le Jeune Barreau partagent également la remise en question des critères linguistiques imposés aux aspirants avocats fréquentant les cours complémentaires en droit luxembourgeois. Où en sont vos démarches?

«Le Jeune Barreau a décidé d’aborder la question lors d’une entrevue avec le ministre de la Justice (après que le Barreau a tenté de faire supprimer l’exigence linguistique par un règlement interne retoqué par le ministre de la Justice, ndlr). Nous avons exposé notre souci sous la perspective de l’égalité entre les avocats de la liste IV (admis dans un Barreau d’un autre pays européen et dispensés d’examen linguistique) et ceux de la liste II.

Pour nous, le problème linguistique relève plutôt d’une question de responsabilité de chaque avocat - et du patron de stage, le cas échéant – de ne pas accepter un dossier où la maîtrise linguistique pourrait poser problème. Cela pourrait être réglé au niveau de la discipline qui est du ressort du bâtonnier.

Il est dommage de limiter les compétences intellectuelles et juridiques importantes et nécessaires pour faire avancer la place judiciaire luxembourgeoise au niveau national et international par le simple fait qu’un juriste ne peut pas accéder au métier d’avocat parce qu’il ne remplit pas les conditions linguistiques imposées.

Il faut se demander ce qui justifie cette barrière. Le Barreau mène le combat, et le Jeune Barreau le soutient dans ses démarches.»

Voici le nouveau comité élu lors de l’assemblée générale: Thierry Kauffman (vice-président, amené à devenir président en 2018-19), Ines Biwer, Brice Hellinckx, Géraldine Mersch, Denise Parisi, Joëlle Regener, Charles Ries, Bart Vermaat, Victoria Woestmann et Michael Wolfsteller. Henry De Ron reste dans le comité pour une année.