Les marchés émergents et les marchés américains ont mieux performé que le reste des indices boursiers mondiaux, selon Bertrand Schmeler. (Photo: CBP Quilvest)

Les marchés émergents et les marchés américains ont mieux performé que le reste des indices boursiers mondiaux, selon Bertrand Schmeler. (Photo: CBP Quilvest)

L’absence de visibilité aura rarement été aussi caractéristique qu’au cours de cette première partie d’année 2016. Non seulement les marchés boursiers ont connu une évolution chaotique, au gré des corrections et des rebonds techniques, mais surtout de nombreuses tendances ont pris les anticipations de début d’année à revers.

À commencer par celle du dollar (USD): en dépit d’une hausse des taux de la Fed pour la première fois depuis sept ans, alors que la BCE et la Banque du Japon (BoJ) adoptaient des taux d’intérêt négatifs, le USD a baissé contre la plupart des grandes devises mondiales. Il faut croire qu’après deux ans de forte hausse du USD, les investisseurs avaient déjà bien anticipé les mouvements des banques centrales et qu’à présent le potentiel de surprise du côté américain semble s’atténuer. À l’inverse, la croissance européenne commence à montrer des signes de rebond, grâce à la hausse de la demande de crédit – justement le but recherché par la BCE - et au raffermissement progressif de la demande intérieure. La croissance européenne devrait continuer d’être révisée à la hausse et l’euro confirmer sa fermeté, en dehors de scénarios encore mal appréhendés par les marchés (Brexit?, élection de D. Trump?…)

Autre élément inattendu, les marchés émergents et les marchés américains ont mieux performé que le reste des indices boursiers mondiaux: soutenus à la fois par un rebond des matières premières (notamment le pétrole), par la baisse du USD et une Fed montant ses taux d’intérêt moins vite que prévu, les investisseurs ont enfin commencé à reconnaître les valorisations attractives de certains pays émergents, après cinq ans de contre-performance. Quant à la surperformance des marchés américains, dans un contexte de ralentissement général des profits des entreprises, elle semble principalement due à la poursuite du mouvement de baisse des taux longs.

Les investisseurs sont en manque d’inspiration, tant les espoirs de performance sont tirés vers le bas par les rendements obligataires proches de 0, voire négatifs. En dépit d’une stabilisation des marchés dans les dernières semaines, on sent bien qu’ils restent vulnérables à la moindre mauvaise nouvelle et que les investisseurs prennent peu de risque: ils ont vendu pour près de USD 44 milliards de fonds d’investissement en actions au cours des cinq dernières semaines, le chiffre le plus élevé depuis 2011.

Quelle stratégie adopter aujourd’hui pour un investisseur européen, alors que les placements dits «sans risque» rapportent aujourd’hui 0%, y compris sur des placements à long terme? La réponse est probablement à trouver dans les stratégies dites de «rendement»: on peut supposer que la demande pour l’immobilier locatif va continuer d’être soutenue. Sur les marchés financiers, il conviendra de rester majoritairement investi en euros. L’or a retrouvé le potentiel d’appréciation et de couverture des risques que jouait le USD il y a encore un an. La dette «high yield» continue d’apporter des rendements en ligne avec sa moyenne historique, ce qui la rend attractive dans un contexte de taux bas. Il en est de même pour la dette des pays émergents, libellée en euros. Sur les marchés actions, la liquidité apportée par les banques centrales et le manque d’alternatives devraient constituer un élément de soutient fort. Toutefois, dans un environnement où les profits des entreprises décroissent, les perspectives de rendement restent limitées, et surtout la volatilité sera accrue. En ce sens, certains types de produits structurés à base d’actions, garantissant aux investisseurs des rendements égaux aux marchés boursiers à long terme (de l’ordre de 7-8% par an), et assortis d’une protection à la baisse de l’ordre de 30% restent une alternative très crédible.