Yves Wagner: «Le bien-être économique ne peut que se développer avec des visions stables sur une longue période.» (Photo: Maison moderne / archives)

Yves Wagner: «Le bien-être économique ne peut que se développer avec des visions stables sur une longue période.» (Photo: Maison moderne / archives)

L’économie mondiale semble continuer à évoluer sur un chemin de croissance certes faible et en dessous des moyennes historiques, mais bien réel. Les pays développés, notamment les États-Unis et l’Europe, connaissent des expansions positives et les indicateurs prospectifs se sont récemment à nouveau redressés. Les fondements réels ne sont donc pas des plus négatifs. Pourtant, de nombreuses incertitudes existent, et certaines politiques ne sont pas de nature à les diminuer.

Si la science économique est avant tout l’analyse des comportements humains, on comprend qu’il est important d’analyser ceux d’agents dominants pour caractériser l’évolution de l’économie réelle. Les pouvoirs politiques font certainement partie de ces agents dominants et l’économie réelle est largement influencée par les orientations des politiques monétaires, budgétaires, fiscales et autres, notamment dans le court terme, et ceci trop souvent de façon négative: les interventions politiques affectent directement les marchés des capitaux, augmentent la volatilité, créent des distorsions de prix et compliquent ainsi les prises de décision des agents économiques évoluant dans un environnement plus incertain.

Ces politiques ont trop souvent une optique à court terme, parfois dominée par des orientations de pure politique politicienne, alors que le bien-être économique ne peut que se développer avec des visions stables sur une longue période. La crédibilité des pouvoirs publics et de leurs actions est un facteur important, voire décisif, pour la confiance des consommateurs et investisseurs. Il en va de même pour les actions des banques centrales, pas toujours comprises, pas toujours compatibles avec leurs missions.

Dans une économie, les prix, et en particulier les taux d’intérêt, sont les seuls indicateurs qui permettent aux agents économiques d’orienter leurs choix et de prendre des décisions. Il est donc essentiel que ces prix, notamment les prix relatifs, reflètent une réalité autorisant la meilleure allocation des ressources. Malheureusement, aujourd’hui, le résultat des politiques monétaires expansionnistes est que les taux d’intérêt, probablement le principal indicateur de prix dans les économies, ne peuvent plus jouer leur rôle d’informateur pour l’allocation efficace des ressources, et que tous les prix relatifs sont déséquilibrés. Ces politiques s’avérant inefficaces dans le long terme, on peut se demander jusqu’où les banques centrales peuvent aller, quelles seront les prochaines étapes de cette course effrénée vers l’inondation par des liquidités et vers les distorsions des prix relatifs.

Nous sommes malheureusement aujourd’hui dans une situation où l’absence de vision politique à long terme, les intérêts politiques à court terme, combinés à des politiques monétaires feignant de sauver les meubles à court terme créent le pire des environnements économiques et financiers que l’on puisse imaginer pour une allocation efficace des ressources: une volatilité excessive sur les marchés des capitaux d’une part, et un ensemble de «faux prix» d’autre part.

L’environnement géopolitique des plus incertains, et que nous attribuons également à ce manque de vision à long terme des hommes politiques, ne favorise pas non plus un développement serein des économies.

Les économies réelles, notamment dans les pays développés, essaient heureusement de ne pas se laisser trop influencer par les hésitations monétaires et politiques de court terme. Si les croissances restent certes faibles et inférieures aux moyennes historiques, elles sont bien réelles. De nombreux indicateurs de confiance ont récemment rebondi et les agents économiques semblent pouvoir maintenir le cap d’une économie mondiale en expansion malgré les nombreuses incertitudes politiques, géopolitiques et financières. Il faut espérer que les décideurs économiques arrivent à distinguer le vrai du faux, dans les prix et ailleurs.