Les eurodéputés luxembourgeois ont apprécié, dans ses grandes lignes, la teneur du discours prononcé par le président de la Commission européenne à Strasbourg. (Photo: DR)

Les eurodéputés luxembourgeois ont apprécié, dans ses grandes lignes, la teneur du discours prononcé par le président de la Commission européenne à Strasbourg. (Photo: DR)

Le discours sur l’état de l’Union qu’a prononcé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker devant le Parlement européen n’a pas manqué de susciter diverses réactions, à commencer par celles des eurodéputés, présents ce mercredi à Strasbourg.

Parmi eux, l’eurodéputée luxembourgeoise Viviane Reding (CSV) a évoqué un discours «très peu idéologique mais au contraire très concret».

«Ce n’est qu’avec des propositions concrètes que l’idéologie européenne peut occuper le devant de la scène», a déclaré à Paperjam.lu l’ancienne vice-présidente de la Commission, soulignant les annonces faites par Jean-Claude Juncker sur les questions de défense et de politique étrangère de l’UE notamment.

Répondre aux besoins des citoyens

«Il a aussi été très clair sur le dumping social et la directive sur les travailleurs détachés», s’est encore félicitée Viviane Reding, évoquant «des propositions du président de la Commission destinées à répondre aux besoins actuels et à venir des citoyens».

Même son de cloche du côté d’un autre eurodéputé luxembourgeois, Charles Goerens (DP), pour qui Jean-Claude Juncker a prononcé un discours «très volontariste, engagé, mais aussi réaliste».

Responsabilité

«Le président de la Commission veut relancer l’Europe via de nouveaux chantiers et la poursuite de ceux déjà engagés», a encore déclaré Charles Goerens à Paperjam.lu, soulignant l’appel lancé par Jean-Claude Juncker à la responsabilité de tous en général, et aux États membres en particulier.

«Ce discours doit être perçu comme celui d’un homme qui veut résolument aller de l’avant», a-t-il conclu.

Europe sociale

Mady Delvaux, eurodéputée LSAP, s’est elle réjouie que Jean-Claude Juncker souhaite «une Union qui agit et prend ses responsabilités» à travers des initiatives qui seront prises dans les 12 mois à venir.

«Je soutiens pleinement les initiatives fortifiant la volonté de créer une Europe sociale», écrit-elle dans un communiqué, saluant notamment la détermination de la Commission d’aller au bout de la proposition sur les travailleurs détachés.

Georges Bach, eurodéputé CSV, a lui salué le fait que Jean-Claude Juncker avait tenu «un discours positif dans une ambiance plutôt négative envers l’Union européenne».

 S’attaquer aux problèmes

«Il a clairement abordé toutes les questions actuelles, mais ce qui est plus important, il a aussi fait des propositions concrètes pour s’attaquer aux problèmes existants», a-t-il encore précisé.

Georges Bach s’est notamment félicité de l’engagement pris par Jean-Claude Juncker de protéger le secteur de l’acier de la concurrence déloyale – provenant surtout de la Chine –, en renforçant les instruments de défense commerciale «qui protégeront ainsi des milliers d’emplois en Europe».

Une question esquivée

Plus nuancé, un autre eurodéputé, Frank Engel (CSV), a lui parlé d’un discours sans réelle surprise, «la volonté du président de la Commission de faire avancer l'Europe dans le concret économique étant connue, tout comme son souhait d'accomplir du progrès notable vers une réelle capacité de défense européenne».

«Mais esquiver la question fondamentale d'un aménagement nécessaire du traité n'est pas concluant», a encore ajouté Frank Engel à Paperjam.lu, considérant que si l’Union ne fonctionne pas comme elle le devrait, «c'est que le contenu dépend existentiellement du contenant, qui n'est plus adapté».

Confrontation

Et de conclure en indiquant que si les initiatives proposées par Jean-Claude Juncker étaient à saluer, «il reste urgent de sortir de la logique de confrontation entre Commission et Parlement européen, d'une part, et États membres, de l'autre».

Enfin, sixième eurodéputé luxembourgeois à avoir réagi ce mercredi au discours de Jean-Claude Juncker, Claude Turmes (Déi Gréng) a notamment salué les propositions du président de la Commission de doubler le «plan Juncker» et de renforcer la lutte contre le dumping social et l’évasion fiscale.

No man’s land

Mais il s’est par contre déclaré «fondamentalement en désaccord» avec la volonté de Jean-Claude Juncker de voir ratifié l’accord commercial passé avec le Canada (Ceta) que le président de la Commission a qualifié de «meilleur accord jamais négocié par la Commission».

Selon Claude Turmes, cet accord serait mauvais pour les citoyens, pour les petites et moyennes entreprises ainsi que pour les services publics «et il ne profitera qu’aux grandes multinationales».

En outre, sachant que certains parlements nationaux ne le parapheront pas, comme le Parlement autrichien qui s’est déjà prononcé en ce sens, le Ceta – selon Claude Turmes – «conduira l’Union européenne dans un no man’s land juridique aux conséquences imprévisibles».