Les couloirs du Technoport à Belval (Photo: Charles Caratini / archives)

Les couloirs du Technoport à Belval (Photo: Charles Caratini / archives)

Mercredi, au Technoport, plusieurs porteurs de projet d’entreprise inscrits au sein du parcours d’accompagnement 1, 2, 3, Go confrontaient leurs idées à des utilisateurs potentiels. Dans sa nouvelle implantation, au sein du quartier de Belval à Esch-sur-Alzette, le Technoport privilégie régulièrement cette pratique à travers son Living Lab. En ouvrant ses portes, en accueillant des extérieurs dans ses murs, il offre la possibilité aux start-up qu’il héberge de valider leurs idées tout au long du processus de développement. L’implication des bénéficiaires fait partie des nouvelles méthodes d’accompagnement des start-up implémentées par le Technoport, mais aussi par plusieurs de ses partenaires ou homologues au sein de la Grande Région.

Plusieurs d’entre eux étaient là pour en témoigner. «En 2009, nous estimions que 80% des échecs rencontrés par les start-up que nous avons accompagnées étaient plus la conséquence d’une non-rencontre avec le marché que d’une faille technologique», commente Jacky Chef, directeur de Promotech, Centre européen d’entreprise et d’innovation du technopôle de Nancy. Les progrès technologiques ne constituent pas les seules voies de création ni l’unique facteur de réussite. C’est d’autant plus vrai aujourd’hui. Les évolutions avérées dans les comportements de consommation nous amènent à considérer de nouvelles manières d’accompagner les start-up.»

Dans le contexte d’une start-up technologique, c’est même en amont de la création de la structure que les accompagnateurs, aujourd’hui, prônent l’implication des bénéficiaires finaux mais aussi des partenaires de la chaîne de valeur nécessaire à son développement. «L’utilisateur, aujourd’hui, doit être partie prenante. Il est à l’origine des futurs développements. Il est source de performance, conducteur de l’innovation. Face à la nécessité d’adapter sa structure, son offre, ses produits et services, toujours plus rapidement, un des enjeux est de pouvoir associer la communauté d’utilisateurs de façon durable à la vie de l’entreprise, de l’impliquer dans son développement», poursuit Jacky Chef.

Souvent que des hypothèses

Dans le cadre d’une spin-off, dont l’objectif est de transformer une innovation issue de la recherche en business, l’implication des utilisateurs est particulièrement probante. «Souvent, les chercheurs qui viennent nous voir avec une découverte intéressante pensent pouvoir apporter une réponse à une problématique réelle. Ils pensent que… Ils n’ont souvent que des hypothèses», explique Frédéric Ooms, coordinateur au sein du Louvain Technology Transfer Office, dont la mission est d'optimiser le transfert de technologie et la valorisation des connaissances de l’Université catholique de Louvain. «Notre message principal est de leur dire que l’entrepreneuriat, c’est comme la science. Vous avez des hypothèses, et bien sortez de votre laboratoire, allez à la rencontre du marché pour valider ces hypothèses.»

Au final, à travers un processus d’implication des utilisateurs, de confrontation au marché, les scientifiques nourrissant l’espoir de transformer les résultats de leurs recherches en business vérifient le potentiel de leur découverte, revoient leurs certitudes, affinent leur proposition de valeur, adaptent leur projet aux diverses attentes de leurs cibles. «Ce n’est souvent pas l’idée qui est importante, mais bien son exécution», précise le coordinateur. «Très vite, par ailleurs, nous leur faisons comprendre que, sans doute, ils ne deviendront jamais CEO de leur société, que leur rôle en tant que scientifique n’est sans doute pas au niveau du développement du business, que chacun à ses forces.»

Une entreprise technologique, pour son lancement, a besoin d’être accompagnée, mais aussi d’être bien financée. Une start-up innovante exige souvent des moyens significatifs pour développer son concept, établir le «proof of concept» avant de convaincre ses premiers clients. «Très vite, il est important de faire prendre conscience aux parties prenantes qu’elles doivent s’inscrire dans une optique de création de valeur», commente encore Philippe Durieux, PDG de Sopartec, fonds d’investissement attaché à l’UCL. «Il est important, très tôt dans le processus de création, de mettre les porteurs de projet en relation avec des financiers qui comprennent le projet, qui peuvent leur assurer les moyens de se développer à moyen et long termes.»