Jean Pfeiffenschneider et Claude Prim (BGL BNP Paribas)  (Photo : Olivier Minaire)

Jean Pfeiffenschneider et Claude Prim (BGL BNP Paribas)  (Photo : Olivier Minaire)

La crise a-t-elle compliqué l’obtention de crédits et de financements de la part des PME ?

Jean Pfeiffenschneider : « Avant la crise, les PME avaient peut-être plus de facilités à accéder à un financement bancaire car le rapport entre crédit et fonds propres atteignait souvent les 90 %. Cela s’explique par une surenchère en période d’expansion économique. Depuis le début de la crise, nous constatons en quelque sorte un retour à la normale avec des taux de financement autour de 80 %.

Claude Prim : « Par ailleurs, il ne faut pas non plus oublier que l’environnement économique actuel se prête moins au démarrage de nouveaux projets, les capacités bénéficiaires de ceux-ci étant affectées par un ralentissement des affaires et un manque de visibilité sur l’évolution future. Ainsi, nous remarquons que de nombreuses entreprises repoussent leurs investissements dans le temps et qu’en général, les taux de rentabilité anticipés des projets sont en baisse.

Les entrepreneurs sont-ils informés des différents outils de financement qui sont à leur disposition ? Y a-t-il des outils négligés à tort ?

JP : « Nous observons que la plupart des entrepreneurs sollicitent leur banquier pour demander un crédit bancaire. S’ils ont détecté un besoin dans leur plan de trésorerie ou s’ils se retrouvent face à un investissement pour lequel ils ont besoin d’un financement externe, le crédit bancaire est la première solution qui saute aux yeux.

CP : « Nous sommes d’avis qu’il s’agit ici d’un choix en faveur de la solution de financement la plus connue et la plus utilisée plutôt que d’une méconnaissance des autres outils à disposition. C’est là que le banquier peut apporter une plus-value en rendant le client attentif aux solutions alternatives. Ainsi, l’installation d’une nouvelle centrale téléphonique peut faire l’objet d’un financement en crédit-bail, et un besoin de fonds de roulement, induit par des délais de paiement élevés, peut être satisfait par une solution de factoring.

Quelles sont les grandes étapes dans la préparation de la demande de financement ? Lesquelles sont habituellement mal préparées ?

JP-CP : « Nous constatons de grandes différences dans la préparation des demandes. Alors que certains entrepreneurs arrivent avec un dossier complet dès la première entrevue, d’autres ont besoin d’être guidés dans l'élaboration du dossier. Souvent, le banquier demande la remise d’un business plan car celui-ci permet d’évaluer si l’entrepreneur s’est posé les questions adéquates sur son projet. Un bon business plan est le résultat d’une réflexion stratégique et doit résumer toutes les étapes nécessaires à la préparation d’une demande de financement. Il exige la connaissance du marché et du métier, permet de faire des simulations de développement en fonction des principaux risques identifiés et de juger de la cohérence entre l’endettement demandé et la capacité bénéficiaire du projet. Un business plan sérieux et crédible permet également au banquier d’apprécier la qualité du demandeur de crédit. C’est d’autant plus important en cas de première relation d’affaires. »