Patrick Hansen: «Tout comme ses citoyens, le Luxembourg est trop modeste.» (Photo: Luxaviation / archives)

Patrick Hansen: «Tout comme ses citoyens, le Luxembourg est trop modeste.» (Photo: Luxaviation / archives)

Fondé en 2008 et ayant démarré ses activités avec un seul et unique appareil (un Cessna Citation XLS) et une équipe de six personnes, Luxaviation est devenu, en moins d’une décennie, le deuxième plus gros opérateur mondial en matière d’aviation d’affaires. Les rachats successifs des compagnies allemande Fairjets (en 2011), belge Abelag (en 2013), anglaises Unijet et London Executive Aviation (en 2014), portugaise Masterjet et suisse Execujet (2015) ont permis à la compagnie de constituer une flotte riche de quelque 260 appareils et d’employer près de 1.700 personnes à travers le monde.

Cofondateur de la compagnie en 2008, Patrick Hansen en a pris les commandes en 2010, pilotant cette vertigineuse croissance, concrétisée également en 2015 par la prise de participation de 33% du capital décidée par le conglomérat chinois China Minsheng.

En 2016, les avions de Luxaviation ont transporté plus de 45.000 passagers, avec plus de 22.000 vols qui ont couvert plus de 140 pays.

Monsieur Hansen, l’activité de Luxaviation contribue au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois?

«Le nom de notre société inclut les trois premières lettres de notre pays et notre ‘call sign’ est ‘Red Lion’. Nous portons le drapeau luxembourgeois sur nos avions, et on retrouve ces références nationales dans nos bureaux et nos installations à travers le monde. Comme nous avons effectué plus de 22.000 vols l’année passée et atterri dans plus de 140 pays avec, au total, plus de 45.000 passagers transportés, je pense en effet que nous contribuons en partie au rayonnement du Grand-Duché à travers le monde entier. Par ailleurs, tous nos 1.700 employés, depuis la Nouvelle-Zélande jusqu’au Mexique en passant par Dubaï et Johannesburg, apprécient le 23 juin, car on y célèbre aussi notre journée nationale avec les congés qui vont avec…

Peut-on parler d’un savoir-faire typiquement luxembourgeois en matière d’aviation d’affaires? Comment le pays se positionne-t-il à l’international?

«Le groupe Luxaviation est actif dans trois domaines: la gestion et l’opération d’avions d’affaires, la maintenance d’avions d’affaires et le handling d’avions d’affaires. La position, la réputation et le savoir-faire du Luxembourg sont différents dans ces trois domaines.

Concernant les opérations d’avions, il faut noter que depuis quelques années Luxaviation se développe à l’international. À la base, nous sommes une équipe de gens au Luxembourg ayant travaillé avec une passion formidable. Notre attention à la qualité et au service au client et les processus conséquents ont fait en sorte que nous nous développions. Depuis, nous avons exporté ces recettes et nous les avons intégrées dans nos centres d’excellence dans quatre continents différents.

Il y a un vrai savoir-faire professionnel qui a été cultivé et exporté.

Patrick Hansen, CEO de Luxaviation

Je suis aussi très content de voir que nos confrères luxembourgeois du domaine de l’aviation d’affaires sont aussi très soucieux quant à la qualité et la sécurité. Cette attitude responsable de tous les acteurs, y compris des autorités et concurrents, permet ainsi de projeter une image sérieuse sur les opérateurs d’avions basés au Luxembourg et sur leurs opérations. Il y a un vrai savoir-faire professionnel qui a été cultivé et exporté.

Mais, tout comme ses citoyens, le Luxembourg est trop modeste. J’estime que le pays devrait mettre davantage en vitrine ce savoir-faire et (re)conquérir sa juste place internationale dans ce domaine, qui est actuellement convoitée par d’autres pays tels Malte ou Saint-Marin.

Concernant le domaine de la maintenance et le handling pour avions d’affaires, il faut tout simplement noter que malgré sa position au cœur de l’Europe et son centre financier, les infrastructures respectives du Grand-Duché de Luxembourg laissent à désirer, surtout en comparaison avec l’international. Cela me préoccupe.

Le Luxembourg est un pays... fiable, dynamique et ouvert. Reconnaissez-vous le Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement?

«Ces mots-clés décrivent très bien le Luxembourg. C’est d’ailleurs ces mêmes valeurs que nous-mêmes, et bon nombre de sociétés luxembourgeoises exportatrices, prônons.

Je pense cependant qu’il faut ajouter un petit bémol. En effet, le dynamisme est une conséquence de notre ouverture. C’est l’intégration dans les marchés européens et la présence des talents et de capitaux du monde entier qui font bouger notre innovation, notre exploration de nouvelles niches mondiales et notre dynamisme journalier. Je ne pense pas que le dynamisme soit un trait de caractère typiquement luxembourgeois. Continuons donc à apprécier et cultiver notre ouverture et accueillons chaleureusement tous les non-Luxembourgeois qui viennent enrichir notre pays par leurs cultures et leur dynamisme nécessaires!

Le multilinguisme et un atout impressionnant que nous considérons trop souvent comme banal.

Patrick Hansen, CEO de Luxaviation

Le Luxembourg est aussi un petit pays. Cela est aussi une des qualités qui décrit bien le Grand-Duché. Cette taille nous force à penser européen et mondial et cette taille nous permet d’avoir des chemins courts entre citoyens, sociétés et autorités.

Enfin, le pays est multilingue et cela constitue un atout impressionnant que nous considérons trop souvent comme banal.

Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg?

«Il faut faire une différence entre les interlocuteurs européens et non européens. Malheureusement, les Européens, trop souvent, associent encore le Luxembourg à des structures fiscales. Cela est en train de changer et j’estime qu’un certain nombre d’efforts gouvernementaux à connotation industrielle vont dans la bonne direction, tels que le centre de logistique à Bettembourg, l’initiative Spaceresources.lu, etc.

Les interlocuteurs non européens connaissent tous Luxembourg sans le savoir lorsqu’ils font les demandes pour le ‘Schengen Visa’. C’est incroyable comment ce petit village luxembourgeois est mondialement connu. Blague à part, souvent, mes interlocuteurs non européens connaissent peu du Luxembourg, sinon que c’est un petit pays riche et que M. Juncker y a régné. Toutes les missions gouvernementales, ainsi que celles de la Chambre de commerce avec la famille grand-ducale, sont donc très utiles et nécessaires pour apprendre à connaître les facettes variées du pays.

Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Luxembourg?

«Ceux qui me connaissent savent que très rapidement, la gastronomie devient un sujet de conversation et je ne rate à ce moment jamais une occasion d’informer mes interlocuteurs qu’ils doivent venir goûter la cuisine luxembourgeoise qui est la meilleure du monde, puisqu’elle marie la cuisine française avec les portions allemandes.

À quelle occasion avez-vous pu être particulièrement fier du Luxembourg?

«Je me rappelle très bien lorsque SES a fait son entrée en bourse et que j’ai pu acheter des actions lors de cette cotation. Je trouvais cette aventure spatiale audacieuse et géniale, et j’avais de l’admiration pour cette société et tous ceux qui étaient impliqués. J’ai acheté ces actions par fierté de pouvoir y participer en tant que Luxembourgeois et non par but lucratif. J’espère qu’un jour, Luxaviation pourra imiter ce succès.»

L’aventure #CelebratingLuxembourg continue sur celebratingluxembourg.com pour découvrir toutes les personnalités.