Romain Schneider, en charge de l’Agriculture, évoque un Luxembourg touché à deux niveaux. (Photo : archives paperJam)

Romain Schneider, en charge de l’Agriculture, évoque un Luxembourg touché à deux niveaux. (Photo : archives paperJam)

Le député DP Fernand Etgen avait souhaité faire le point sur l’état des lieux et le degré d’implication du Luxembourg dans l’affaire des «lasagnes à la viande de cheval», devenue un scandale alimentaire et sanitaire. Deux ministres apportent une réponse nuancée. Romain Schneider, en charge de l’Agriculture, de la Viticulture et du Développement rural, et Mars Di Bartolomeo, ministre de la Santé, évoquent un Luxembourg touché à deux niveaux.

Tavola et les étiquettes

D’abord, le pays est concerné «en tant que fournisseur par l'intermédiaire de la société Tavola qui fait partie du groupe Comigel (Metz) et qui produit des plats cuisinés sur son site de Capellen.». Ceux-ci, commercialisés par le groupe pour plusieurs enseignes, ont pu se retrouver un peu partout dans l’Union européenne et au-delà, par exemple la Norvège ou la Suisse, précisent les ministres, après l’enquête menée sur cette affaire. «Tavola a été livrée en viande étiquetée 'boeuf' par la société Spanghero», située dans le sud de la France, confirme le duo gouvernemental.

D'un autre côté, le Luxembourg est évidemment touché en tant que consommateur de plats cuisinés. Ceux de Tavola «vendus dans certaines enseignes établies au Luxembourg», mais aussi de plats et de produits à base de viande «provenant de filières autres que celle de Tavola et dans lesquels de la viande de cheval non mentionnée sur l'étiquette a été détectée».

200 à 250 visites de contrôle

En détail, les ministres expliquent aussi les processus, les certifications et la méthode des contrôles effectués par l’administration des services vétérinaires, à différents stades (production, transformation, stockage, mise sur le marché). Les contrôles s’opèrent chez les fabricants et grossistes (abattoirs, découpe, ateliers de fabrication, entrepôts frigorifiques, laiterie) qui fournissent des revendeurs au niveau national ou hors frontières. Ils sont menés aussi dans des établissements de détail (boucheries, poissonneries, grande distribution). «Certaines analyses sont effectuées en sous-traitance dans d'autres laboratoires nationaux, voire des laboratoires situés dans d'autres pays», souligne la réponse ministérielle.

La fréquence de contrôle varie, suivant la taille et le type de l'activité de l'établissement, «entre 1 et 4 visites par an, ce qui correspond à 259 visites pour 2011 et 237 visites pour 2012», selon le décompte des services.

Des efforts sont encore à faire

Selon les ministres, le constat de terrain montre une diminution des cas de non-conformité au niveau des infrastructures et des équipements. Mais dans certains établissements, «des efforts sont à consentir au niveau de l'hygiène de la production. Le plus gros effort à effectuer par les entreprises concerne leur autocontrôle et la mise en place de la documentation y afférente. Cette tâche est surtout un défi, pourtant essentiel, pour les établissements qui possèdent des ressources faibles en personnel.»

La traçabilité a fonctionné dans le cas du bœuf chevalin. «Elle a permis, à partir d'un résultat d'analyse dans un plat préparé, de retracer l'origine de la viande incorporée». Pour M. Schmit, la traçabilité la plus efficace est celle de la viande bovine : «Les mentions obligatoires sur son étiquetage permettent le retraçage vers un animal ou un groupe d'animaux dont l'origine est connue jusqu'au lieu de naissance». La nouvelle réglementation communautaire (annoncée fin 2014) appliquera cette dénomination d'origine à d'autres viandes. Et la Commission européenne présentera un rapport en décembre 2013 auquel pourraient succéder de nouvelles initiatives législatives dans le domaine.

Cela étant, les ministres luxembourgeois rappellent que le risque zéro n’existe pas. «Aucun système de traçabilité ne pourra donner une garantie de 100% pour pouvoir éviter des pratiques frauduleuses, du fait de personnes malveillantes.»