«Il ne faut pas oublier que les accords commerciaux que nous négocions nous permettent de façonner la mondialisation, d’être sur la table des négociations pour en définir les règles», estime Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce extérieur. (Photo: Sébastien Goossens)

«Il ne faut pas oublier que les accords commerciaux que nous négocions nous permettent de façonner la mondialisation, d’être sur la table des négociations pour en définir les règles», estime Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce extérieur. (Photo: Sébastien Goossens)

C’est avec des exemples concrets et des chiffres-clés que Cecilia Malmström a construit son discours, ce lundi, lors de la conférence organisée par la Chambre de commerce et intitulée «Le libre-échange dans une nouvelle ère de la globalisation».

La commissaire a commencé son intervention en citant l’accord commercial passé en 2011 avec la Corée du Sud, «qui a permis aux exportations européennes vers ce pays d’augmenter de 55% en cinq ans».

Nous aidons les petites structures à se développer à l’international.

Cecilia Malmström, commissaire européenne au Commerce extérieur

Et même si elle intervenait devant une assemblée déjà acquise à sa cause – le libre-échange fait partie de l’ADN du business model luxembourgeois, a expliqué Carlo Thelen dans son mot d’introduction –, Mme Malmström a continué sa démonstration en citant l’exemple d’une PME locale qui a directement profité de cet accord.

«L’entreprise Inui Studio, basée à Foetz, a ainsi pu signer un partenariat avec Samsung, qui représente aujourd’hui 50% de son chiffre d’affaires», a-t-elle détaillé. «Les petites structures n’ont bien souvent ni le temps ni les ressources nécessaires pour se développer à l’international et les accords que nous négocions à l’échelle de l’Union européenne sont faits pour permettre à tous les acteurs économiques de vendre sur d’autres marchés sans avoir à passer par des experts ou des intermédiaires.»

Pour rappel, ces accords bilatéraux ont pour objectif de faciliter les échanges commerciaux en simplifiant les démarches administratives et en supprimant quasiment intégralement les droits de douane.

De nombreux chantiers en cours

La commissaire européenne en a profité pour rappeler que Bruxelles mettait les bouchées doubles dans ce domaine. Elle a ainsi rappelé qu’un accord de principe avait été signé récemment avec le Japon et devrait se concrétiser d’ici la fin de l’année. Le Mexique et les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay, Venezuela et Bolivie) sont par ailleurs en discussion avec l’Union européenne, et là aussi un accord est espéré avant 2018.

«Nous voulons également ouvrir très prochainement des discussions avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande», a ajouté Cecilia Malmström.

«Pas à n’importe quel prix»

À l’image des élections allemandes de dimanche, qui ont vu l’extrême droite faire son entrée au Bundestag, la montée des courants extrémistes dans toute l’Europe, dont les discours s’accompagnent la plupart du temps d’une vision protectionniste de l’économie, rend toutefois la mission de la commissaire difficile. Et l’échec relatif du Ceta (accord commercial avec le Canada), dont une version provisoire est entrée en vigueur jeudi, n’a pas fini d’arranger les choses.

«Nous devons répondre au souci des citoyens et faire face à leurs préoccupations», a-t-elle reconnu. «Et il est clair que le libre-échange ne doit pas être promu à n’importe quel prix. Les valeurs européennes et les normes sociales et environnementales que nous imposons à l’intérieur de notre espace doivent être respectées, voire même promues dans les pays avec lesquels nous nous mettons d’accord.»

Ces accords nous permettent de façonner la mondialisation.

Cecilia Malmström, commissaire européenne au Commerce extérieur

Un effort pour allier les politiques européennes d’aide au développement avec celles du commerce extérieur est d’ailleurs déjà en cours.

La commissaire a enfin commenté la volonté de l’administration Trump de revenir sur des mesures commerciales protectionnistes, comme la taxation de l’acier. Une proposition «inquiétante», selon elle, mais qui a été depuis mise en stand-by par Washington. «Mais il ne faut pas oublier que ces accords nous permettent de façonner la mondialisation, d’être sur la table des négociations pour en définir les règles.»