Yves Nosbusch revient sur les derniers événements économiques en Chine.  (Photo: archives paperJam)

Yves Nosbusch revient sur les derniers événements économiques en Chine.  (Photo: archives paperJam)

Entre le 1er juillet 2014 et le 12 juin 2015, l’indice composite de la bourse de Shanghai a progressé de 150%. Depuis, les cours se sont effondrés, perdant près d’un tiers de leur valeur en moins d’un mois.

Mis à part leur ampleur exceptionnelle, ces mouvements peuvent paraître étonnants si l’on considère les périodes au cours desquelles ils se sont produits. Pendant la montée fulgurante du marché, les nouvelles relatives à l’activité économique étaient plutôt décevantes. Ainsi, le taux de croissance de 7,4% finalement enregistré pour l’année 2014 représentait un ralentissement par rapport aux années précédentes. En particulier, les signes d’un ralentissement substantiel de la production industrielle et du marché immobilier devenaient de plus en plus apparents vers la fin de l’année 2014. En revanche, l’effondrement récent de la bourse coïncide avec une stabilisation relative des perspectives économiques. La production industrielle et les ventes de détail se sont légèrement redressées au cours des derniers mois et il y a des signes de stabilisation sur le marché immobilier. La croissance au deuxième trimestre 2015 s’est finalement établie à 7% en rythme annualisé et semble avoir ralenti moins que ce que l’on aurait pu craindre en début d’année, même si la situation reste fragile.

Effet de rattrapage et vague d’optimisme

Si ce ne sont pas les nouvelles sur l’activité économique, quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette envolée du cours des actions et l’effondrement récent? Il y a tout d’abord un effet de rattrapage. Le marché avait connu une période de stagnation depuis 2009 et ne reflétait pas le rééquilibrage économique amorcé par le gouvernement chinois. Ce rééquilibrage vise à donner un rôle plus important à la consommation intérieure et à rendre la croissance moins dépendante de l’investissement et des exportations. Ensuite, des mesures de libéralisation financière ont enclenché une vague d’optimisme. Les ménages, dont l’épargne est substantielle, cherchent de plus en plus à diversifier leurs placements au-delà de dépôts bancaires dont les taux sont contrôlés. L’immobilier ayant montré des fragilités, bon nombre d’entre eux se sont tournés vers des investissements en bourse. Le recours à la dette pour l’achat de titres a également été facilité et le trading sur marge a connu une forte accélération depuis un an. Il représente aujourd’hui plus de 3% de la capitalisation boursière.  

Des effets directs limités

Quelles pourraient être les conséquences de l’effondrement de la bourse pour l’activité économique? Les effets directs sur les ménages devraient rester limités. Malgré l’engouement récent, les portefeuilles d’actions ne représentent actuellement que 15% de leur patrimoine financier. Les banques et autres intermédiaires financiers sont quant à eux exposés via différents canaux, notamment des produits structurés et des prêts utilisés pour investir en bourse. Les effets indirects sur la confiance pourraient également s’avérer importants, ce qui explique sans doute la réaction rapide des autorités. La banque centrale a réduit en même temps son taux de référence et les coefficients de réserves obligatoires. D’autres mesures ont suivi: assouplissement des contraintes de l’achat de titres sur marge, achat direct de titres et directives données aux investisseurs institutionnels.