Le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, dit rejoindre Xavier Bettel au sujet des thématiques de la flexibilité du temps de travail et du télétravail. (Photo: Sven Becker / Archives)

Le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, dit rejoindre Xavier Bettel au sujet des thématiques de la flexibilité du temps de travail et du télétravail. (Photo: Sven Becker / Archives)

Le directeur de la Chambre de commerce, Carlo Thelen, a été le premier à réagir au discours sur l’état de la Nation qu’a prononcé ce mercredi matin, devant le Parlement, le Premier ministre Xavier Bettel.

De ce discours, il en a avant tout retenu le titre – «Qualité de vie et croissance positive» –, «Soit ce que nous prônons depuis des années», a souligné le directeur de la Chambre de commerce. «Être toujours plus efficient, vouloir faire mieux avec moins, c’est un peu le reflet de ce discours et c’est évidemment positif», a-t-il encore ajouté.

Digitalisation et télétravail

Carlo Thelen dit encore avoir noté avec satisfaction l’importance accordée par le Premier ministre aux thématiques de la flexibilité du temps de travail et du télétravail.

«Avec la digitalisation et la modernisation de l’économie, il est évident que les gens veulent avoir une plus grande flexibilité dans la manière de gérer leur temps de travail. C’est aussi au sein des entreprises que la discussion doit être menée. On voit très bien qu’avec l’accroissement du nombre de frontaliers et les problèmes de mobilité, on risque de s’étouffer et de diminuer la productivité. On ne peut donc que saluer les mesures visant à développer le télétravail ou le co-working. Il s’agit clairement de modes ‘gagnant-gagnant’ au bénéfice à la fois des employeurs et des salariés».

Promotion de l’entrepreneuriat

Selon l’économiste, cette approche cadre, de surcroît, avec les prémisses de l’étude menée par deux instituts allemands spécialisés, lancée conjointement par la Chambre de commerce, le ministère du Travail et la Chambre des salariés, concernant le suivi social de l’étude Rifkin et les implications de la digitalisation sur le monde du travail. Les résultats de cette étude sont attendus pour cet automne.

Il a également noté avec satisfaction les intentions de promotion de l’entrepreneuriat, notamment au niveau des lycées. «Il faut vraiment se concentrer sur les forces et les talents des jeunes et non pas sur leurs faiblesses… Il n’est pas acceptable par exemple d’être bloqué par des contraintes linguistiques trop rigides.»

La mobilité oubliée

Globalement satisfait par la couleur générale de ce discours, le directeur de la Chambre de commerce n’en reste pas moins un peu frustré par l’absence de certains sujets. «Il est bien de relever que le chômage est en recul, mais pas un mot n’a été consacré à la formation continue, qui constitue toujours un très grand défi. À l’heure de la digitalisation, le ‘lifelong learning’ doit permettre aux salariés de pouvoir adapter en permanence leurs compétences», a-t-il encore souligné.

Il n’y a pas eu assez de contenu non plus, à ses yeux, quant à la mobilité. «On se félicite évidemment des investissements dans les réseaux ferroviaires, mais on voit que les trains sont toujours surchargés aux heures de pointe. En outre, il n’y a presque rien concernant le développement des activités du secteur de la logistique», explique-t-il.

Idem concernant la réforme du régime fiscal sur la propriété intellectuelle pour laquelle il considère qu’«il y a urgence de présenter un nouveau régime. Je sais que des groupes de travail sont actuellement très actifs, mais nous aurions aimé avoir davantage de choses concrètes», avant de regretter aussi que rien n’ait été dit des lourdeurs administratives que la loi Omnibus, entrée en vigueur en avril, n’a que partiellement résolues.

Un système de pensions insoutenable

Et rien non plus – toujours selon notre interlocuteur – concernant le régime de pensions, alors que les chiffres montrent une insoutenabilité du système à courte échéance.

«Je ne pense malheureusement pas que ce gouvernement va s’attaquer à ce problème», regrette le directeur de la Chambre de commerce. «Même dans un scénario démographique très optimiste où la population atteindrait le million d’habitants en 2045, le régime actuel serait en déficit dès 2040. Les réserves actuelles vont fondre très rapidement, alors que l’espérance de vie augmente tout le temps et que les gens cotisent moins longtemps.»

Sur ce point, Carlo Thelen – une nouvelle fois – plaide pour une approche raisonnable et prudente, alors que la conjoncture est actuellement favorable. «Le Premier ministre met l’accent sur les 185 millions d’euros du fonds souverain intergénérationnel. Mais cela ne représente que 0,3% du PIB. Profitons de la bonne conjoncture pour mettre davantage de côté pour les périodes où cela ira moins bien. Il faudrait aussi que soit mise en place une véritable politique de gestion de ce fonds, à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays.»