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Jean-Michel Basquiat & Andy Warhol, Collaboration No.19, 1984-1985, Collection privée 

Vous venez respectivement d’univers professionnels plutôt éloignés de l’art contemporain. Comment êtes-vous entrés en contact avec la galerie Zidoun-Bossuyt?

Keith O’Donnell: «Nous connaissons la galerie et ses deux associés depuis un certain temps, donc le contact s’est fait aisément.

Serge Krancenblum: «En ce qui me concerne, je connaissais Nordine Zidoun par l’intermédiaire de sa famille et j’ai connu Audrey Bossuyt lors de son expérience précédente en Angleterre, à l’occasion de visites de foires d’art.

Audrey Bossuyt: «C’est en fait grâce à Serge que j’ai rencontré Nordine Zidoun.

Qu’est-ce qui vous a incité à devenir partenaire de cette exposition?

S. K.: «J’ai commencé à m’intéresser à Basquiat grâce à Nordine Zidoun, qui est un des grands spécialistes de ce peintre. Il m’a accompagné dans la découverte de cet artiste au parcours si singulier et intense, et l’œuvre m’a interpelé par sa puissance sous-jacente. En parallèle, un des fers de lance de notre communication chez SGG se positionne autour de l’art. Nous invitons nos clients à la Tefaf (The European Fine Art Fair à Maastricht) ou à Art Basel pour passer un moment privilégié ensemble. Et lorsqu’Audrey est venue me voir pour me proposer de participer à cette exposition unique, j’ai bien entendu accepté.

K. O’D.: «Il nous a semblé important de sponsoriser une exposition locale sur un artiste d’envergure internationale ; c’est pourquoi nous avons tout de suite voulu être de la partie. Nous estimons qu’il est important que, sur le plan international, Luxembourg soit vu comme étant un lieu où il y a une large offre culturelle qui corresponde ainsi à son positionnement de ville et pays – le nation branding culturel si vous préférez.
Le secteur privé, qu’il s’agisse d’une galerie privée ou d’une entreprise privée sponsor, a son rôle à jouer aux côtés des instances publiques.

Vous voulez dire que nous n’avons pas encore au Luxembourg d’exposition suffisamment ambitieuse pour attirer un très large public international?

A. B.: «Je pense en effet qu’au niveau des arts plas-tiques, il y a encore beaucoup de choses à faire pour que Luxembourg rayonne à travers le monde.

S. K.: «Mais je pense que cette exposition peut être un déclencheur, même s’il faut bien être réaliste et se rendre compte que nos musées locaux n’ont pas réellement les moyens d’organiser une exposition Basquiat. D’une part parce que la galerie a des contacts auprès des collectionneurs qu’un musée ne peut pas avoir, et d’autre part parce que cette exposition représente un budget qui est compliqué à rassembler pour un musée.

Peut-on connaître le budget de cette exposition?

A. B.: «Nous avons dû rassembler 100.000 euros, dont la plus grosse partie est dédiée aux transports et aux assurances. À cette occasion, je dois aussi préciser que nous pouvons également compter sur le soutien d’Axa Art, ce qui est d’une grande aide.

Et combien de collectionneurs?

A. B.: «Un peu moins d’une quinzaine.

Est-ce que cela a été facile de les convaincre?

A. B.: «C’est le fruit d’un long travail et d’une grande confiance qu’ils nous accordent. Une fois le prêt accordé, il a fallu réagir vite et saisir l’opportunité qui se présentait à nous. Nous avons eu la chance de trouver Keith et Serge, qui ont tout de suite compris l’intérêt du projet et avec qui nous avons pu travailler en bonne intelligence, dans un esprit d’entrepreneuriat.

Combien de temps cela vous a-t-il pris pour monter cette exposition?

A. B.: «La mise en place réelle, nous y travaillons depuis environ six mois, mais cela fait plus de deux ans que nous caressons ce rêve.

Atoz a été partenaire de la Luxembourg Art Week. Ce partenariat pour l’exposition s’inscrit de nouveau dans le domaine de l’art contemporain. Est-ce que cela signifie qu’Atoz souhaite être plus présent dans ce domaine?

K. O’D.: «Tout à fait. Nous avons toujours eu pour objectif de contribuer à notre communauté au-delà du contexte purement business. Pour ce faire, nous avons entamé plusieurs démarches dans ce sens. Premièrement, nous avons créé la chaire Atoz en droit fiscal européen et international auprès de l’Université du Luxembourg.

Il s’agit de la première chaire financée par une entreprise du secteur privé. Deuxièmement, nous avons créé la Fondation Atoz, qui est active dans le secteur de l’éducation. Notre implication dans la culture, et surtout l’art contemporain, est une troisième initiative qui va également dans ce sens.

Quel retour attendez-vous de ce partenariat?

K. O’D.: «Pour nous, il s’agit d’un véritable vecteur de communication avec nos clients et partenaires. Que ce soit à travers les événements organisés autour de l’exposition, ou l’envoi du catalogue à des clients notamment, nous pouvons communiquer en ligne avec nos valeurs d’excellence et d’innovation. L’exposition nous permet de communiquer d’une autre façon et de tisser des liens différents par rapport à notre cœur de métier qui peut être très technique et abstrait. De plus, au niveau de nos équipes, il y a une réelle fierté d’être associé à un tel événement.

S. K.: «Je suis impatient de découvrir l’énergie qu’il y aura autour de cette exposition. Grâce à elle, nous allons réussir à faire venir à Luxembourg des personnes importantes dans nos domaines d’affaires et qui, habituellement, envoient plutôt leurs collaborateurs. De plus, nous savons que nous pouvons compter sur la passion d’Audrey et Nordine pour transmettre leur amour de l’art à nos clients. Ceci est une importante plus-value.

Et pour la galerie, qu’attendez-vous de cette exposition qui, il faut le souligner, n’est pas commerciale?

A. B.: «Cette exposition est avant tout un rêve de Nordine Zidoun et le cadre de la galerie du Grund a permis de la faire. Elle va aussi offrir un rayonnement important de la galerie au niveau international. Même s’il s’agit d’une 'petite exposition' Basquiat, car nous ne sommes pas la Fondation Beyeler ou le Centre Pompidou, nous allons attirer l’attention. Nous réalisons aussi un catalogue qui comprend des textes de spécialistes de Basquiat, à savoir Enrico Navarra et Tony Shafrazi. Par ailleurs, nous aurons l’opportunité de rencontrer les clients de SGG et d’Atoz qui seront peut-être, qui sait, de futurs clients de notre galerie.

Monsieur O’Donnell, comment percevez-vous le fait que SGG soit aussi partenaire de cette exposition? 

K. O’D.: «Nous en sommes très satisfaits. Nous connaissons Serge et son équipe de très longue date et il y a un grand respect mutuel entre nous. Comme nous, SGG est une société qui a son siège de direction au Luxembourg, mais qui sert une clientèle internationale.

Et vous Monsieur Krancenblum?

S. K.: «Une grande partie des associés principaux sont des amis, donc la relation est excellente et ce sont des personnes avec qui nous avons des atomes crochus, parfois même des clients en commun. Nous partageons la même éthique de travail.

Est-ce que ce partenariat peut être un outil de différenciation par rapport à vos concurrents?

K. O’D.: «Oui, cela nous permet d’être associés à un événement unique au Luxembourg. Basquiat est un artiste qui se positionne au premier rang des artistes modernes. C’est comme si, sur le plan sportif, on accueillait un match entre le Bayern et le Real Madrid. En soutenant cette exposition, nous renforçons notre positionnement de cabinet de premier rang en matière de fiscalité luxembourgeoise et internationale et nous développons aussi un vecteur de communication avec nos clients et nos équipes. Après, comme tout exercice de communication, les résultats s’apprécient et se mesurent sur le court terme à travers les contacts que nous développons, mais aussi sur le long terme en matière d’'Atoz branding'.

S. K.: «Pour nous aussi, cette exposition est un outil intéressant. Nous choisissons nos partenariats en fonction de nos valeurs internes, mais aussi en fonction de l’image que nous souhaitons transmettre. La différenciation se fera à plusieurs niveaux. Nous essayons d’avoir une relation la plus intime possible avec nos clients pour parvenir à aller au-devant de leurs besoins, et la proximité avec l’art permet cela. C’est une démarche différente que de faire de la publicité ou de mettre son nom sur un événement global. Nous voulons que nos clients se sentent privilégiés et le partenariat pour cette exposition correspond bien à notre philosophie d’affaires.

A. B.: «Pour leurs clients, qui sont des gens fortunés et qui peuvent tout avoir, il est important de pouvoir leur offrir une expérience. Et quelle belle expérience que de pouvoir fréquenter de manière intime des œuvres de Basquiat!»

Jean-Michel Basquiat, Now! Luxembourg, du 4 mai au 4 juin, 6, rue Saint-Ulric à Luxembourg (Grund)