Le secteur luxembourgeois des assurances se porte bien souligne Claude Wirion pour le Commissariat aux assurances. (Photo: Christophe Olinger)

Le secteur luxembourgeois des assurances se porte bien souligne Claude Wirion pour le Commissariat aux assurances. (Photo: Christophe Olinger)

Pour son premier exercice du genre, Claude Wirion, directeur du Commissariat aux assurances depuis le début de l’année, était plutôt à l’aise pour égrener les chiffres-clés du secteur pour l’année 2014 et pour les premiers mois de 2015. 

Il faut dire que la bonne tenue générale du secteur lui facilite évidemment la tâche. Ainsi, au cours de cette année écoulée, des montants records ont été atteints en termes de primes émises par activité. Le total atteint 36,2 milliards d’euros, en hausse de 11,9%, porté par une très nette progression des primes émises en assurance vie (+20% à 23,8 milliards). «Le marché a bien pris le tournant des nouvelles règles fiscales», se réjouit M. Wirion. «Certains acteurs vont même prochainement venir s’établir au Luxembourg pour y développer une activité vie. Entre les nouvelles dispositions en matière d’échange d’informations fiscales et la mise à jour des règles en matière de blanchiment, il y a eu un revirement de ces acteurs qui regardaient jusqu’alors le Luxembourg avec envie, mais n’osaient pas encore y venir.»

Le marché a bien pris le tournant des nouvelles règles fiscales.

Claude Wirion, directeur du Commissariat aux assurances

Cette bonne santé générale du secteur se reflète également dans les sommes de bilan des entreprises d’assurances luxembourgeoises, lesquelles ont franchi, pour la première fois de leur histoire, la barre des 200 milliards d’euros (+12% à 205,4 milliards), dont plus de 70% proviennent des entreprises d’assurance vie (+16% à 147,2 milliards).

Dégradation de la sinistralité en non-vie

En termes de résultats, l’ensemble du secteur retrouve pratiquement le niveau historique de 2012 (1,7 milliard d’euros), avec les trois quarts du chiffre réalisés par le secteur de la réassurance (+42% à 1,2 milliard). L’assurance vie (+11% à 253 millions d’euros) poursuit sur la lancée des années précédentes, alors que l’assurance non-vie (+19% à 175 millions) peine à retrouver ses années d’or. 

«Le secteur souffre d’une dégradation de la sinistralité», explique Claude Wirion. «L’activité est même devenue déficitaire, puisque presque 104% des primes ont été dépensées à payer des sinistres ou les frais courants de l’assureur. Et on ne peut plus compter aujourd’hui sur les revenus financiers pour redresser la situation. Heureusement, la réassurance a joué son rôle stabilisateur.»

Selon le classement établi annuellement par Swiss Re, le secteur luxembourgeois pointe désormais au 8e rang européen et au 19e rang mondial en assurance vie (gain de deux places) et se stabilise en assurance non-vie, occupant le 20e rang au niveau européen et le 45e rang mondial. 

Solvency II: le Conseil d’État freine encore

Mais le gros morceau du secteur reste évidemment la mise en œuvre de la directive européenne Solvency II, qui entrera en vigueur au 1er janvier prochain. «Depuis 2009, nous avons commencé à préparer nos compagnies avec les nouvelles exigences, en les familiarisant avec le concept, en leur faisant calculer leurs nouveaux fonds propres», commente M. Wirion, conscient que «certains ne seront pas en mesure de respecter ces nouvelles normes. Certains assureurs ont pris les devants pour fusionner avec des structures plus grandes, mais nous nous attendons à ce que tout le monde soit en règle au 1er janvier».

Ce vendredi, le Conseil d’État a rendu public un avis complémentaire au projet de loi sur le secteur des assurances, maintenant encore un certain nombre d’oppositions formelles en dépit de quelque 175 amendements apportés par le législateur à la version antérieure du texte. 

Un contretemps supplémentaire qui n’inquiète pas Claude Wirion. «Nous sommes très satisfaits de pouvoir disposer enfin de ces avis, ce qui va nous permettre d’aller de l’avant. Nous allons étudier le document et travailler dessus, mais nous gardons bon espoir que le texte puisse être voté avant la fin de l’année.»