Arnaud d’Agostini, responsable communication, IBBL (Integrated Biobank of Luxembourg). (Photo : David Laurent / Wili)

Arnaud d’Agostini, responsable communication, IBBL (Integrated Biobank of Luxembourg). (Photo : David Laurent / Wili)

Monsieur d’Agostini, quels sont les impératifs, en matière de communication, d’une structure comme l’Integrated Biobank
of Luxembourg ?

« IBBL est une biobanque à but non lucratif, un établissement relativement jeune (créé en 2008) dont les activités sont souvent méconnues du grand public. Nous collectons, stockons et analysons des échantillons biologiques (tissu, sang, etc.) et les données associées, et nous les mettons à disposition d’instituts de recherche examinant de nouveaux traitements et outils de diagnostic des maladies. Nous nous adressons à de multiples audiences telles que les chercheurs, les médecins, les patients et le grand public. Ces derniers ont un rôle essentiel dans la réalisation de notre mission, qui consiste à faciliter le développement d’une recherche médicale de pointe et à contribuer à l’introduction de la future génération de soins de santé au Luxembourg.

Notre priorité est donc de développer notre notoriété, d’informer et de solliciter la participation de nos interlocuteurs dans nos activités. Notre première démarche a été la construction de notre marque à partir du positionnement, de l’offre et de la stratégie définis dans le business plan initial. Professionnellement parlant, il s’agit d’un exercice très intéressant, car peu fréquent. Le deuxième grand chantier a été l’élaboration d’une stratégie et d’un plan de communication, tout en privilégiant la construction de notre relation avec la presse, élément clé de notre ‘mix’ de communication. Nous avons articulé nos messages autour de quatre axes complémentaires : la recherche, la santé, l’économie et l’éducation.

Quels étaient les défis principaux ?

« Le premier défi d’une biobanque est d’accéder aux échantillons et données provenant de patients atteints de maladies graves telles que le cancer, la maladie de Parkinson et le diabète. Pour cela, nous avons dû établir des relations de confiance avec les professionnels du secteur de la santé et leurs patients. Cela passe par la création d’une image de marque positive, d’une certaine notoriété, mais aussi par l’établissement d’une bonne réputation fondée notamment sur la transparence et le dialogue.

Un autre défi pour une biobanque, telle qu’IBBL, est de se différencier des autres initiatives et concurrents, en adoptant un positionnement unique et en proposant une offre de services adaptée aux besoins des chercheurs et autres collaborateurs. Pour cela, nous avons identifié des éléments de différenciation clé, au premier rang desquels se trouvent la diversité et la qualité de nos services. Nous sommes d’ailleurs en cours d’obtention d’accréditation et de certification aux normes ISO.

D’autre part, notre secteur est en constante évolution et cela influence bien évidemment notre positionnement et notre stratégie. Depuis notre lancement, nous avons révisé à plusieurs reprises notre plan d’affaires stratégique. Il a fallu par conséquent adapter notre stratégie de communication, actualiser notre image de marque et nos messages, et développer de nouveaux outils de communication afin de refléter notre nouveau positionnement et de répondre plus efficacement aux besoins de nos cibles.

Quels sont les premiers résultats ?

« Depuis notre lancement en 2008, et dans le cadre du ‘Plan d’action pour les sciences et technologies médicales’, initié par le gouvernement du Luxembourg, nous avons fait des progrès considérables dans la mise en œuvre de notre plan stratégique. Comme l’indique clairement le plan, l’activité principale d’IBBL est de soutenir le Personalised medicine consortium (PMC) du Luxembourg et ses partenaires, au travers de la collecte, du stockage et de la redistribution de spécimens biologiques et des données cliniques associées, à des fins d’analyse par des plateformes génomiques et protéomiques utilisées dans la recherche en médecine personnalisée. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les équipes de recherche des quatre principaux programmes de recherche du PMC en médecine personnalisée (cancer, diabète de type 2, maladie de Parkinson et cohorte de population normale) afin d’identifier leurs besoins en recherche, de leur fournir ce dont ils ont besoin pour étudier les spécimens biologiques à l’aide d’analyses moléculaires.

En plus de notre mandat de biobanque, nous avons la responsabilité administrative du PMC. Nous organisons des conférences scientifiques internationales dans les domaines de recherche du consortium, comme en 2012, le Luxembourg Health Summit, et en 2013, la Lung Cancer Conference. Nous avons également une conférence annuelle ‘PMC Retreat’ qui rassemble environ 70 participants provenant des institutions de recherche qui collaborent actuellement dans le cadre du PMC. Ces derniers participent à une série de présentations et d’ateliers pour discuter des projets actuellement en cours et pour identifier d’éventuelles futures collaborations. Le conseil scientifique du PMC, composé de six experts de renommée internationale, est également présent pour prodiguer des conseils et évaluer les programmes.

Outre notre mission de mettre à la disposition des chercheurs des échantillons biologiques, des données scientifiques et cliniques, et des technologies de pointe, une de nos responsabilités clés est d’attirer de nouveaux partenaires internationaux de recherche au Luxembourg et de stimuler le développement de nouvelles activités économiques dans le pays. Depuis notre création, nous avons travaillé en étroite collaboration avec les différents acteurs du secteur de la santé au Luxembourg et à l'étranger, de nombreux partenariats de recherche commerciaux et collaboratifs ont été lancés. IBBL a signé des contrats et des accords-cadres commerciaux avec des institutions et entreprises telles que l'Hôpital de la Charité à Berlin et Novartis. Des accords de recherche collaborative ont également été conclus avec des établissements cliniques et académiques tels que l'Hôpital Universitaire d'Anvers et l'Université du Luxembourg.

Une récente contribution est l’entente stratégique avec WaferGen Biosystems, Inc., qui introduit une nouvelle technologie de pointe d’analyse génétique au Luxembourg et en Europe.

L’un des partenaires majeurs d’IBBL est l’International society for biological and environmental repositories (ISBER). L’IBBL et ISBER ont collaboré sur divers projets, et notamment dans le cadre du premier programme international d'essais d'aptitude biobanque (Proficiency testing ou PT programme). Au cours de la première année, 40 biobanques du monde entier ont utilisé ce programme pour évaluer l'efficacité des processus de test de l'ARN et de l'ADN. Tous les commentaires des utilisateurs indiquent que ce service répond à un besoin majeur pour la communauté internationale des biobanques.

D’autre part, nous participons à de larges programmes de recherche multinationaux et nous nous positionnons comme un partenaire idéal pour les projets de recherche européens FP7 et IMI. Nous envisageons notamment d’augmenter nos activités dans ce domaine en 2013.

Quelle est l’importance du Luxembourg dans votre stratégie de communication ? 

« Il est majeur ! Toute la population est concernée par nos activités. Nous travaillons étroitement avec les différents acteurs des secteurs de la santé et de la recherche du Luxembourg. Les patients, et plus largement la population du Luxembourg, sont des interlocuteurs clés puisque rien ne pourrait se faire sans eux. Le don d’échantillon biologique est un élément indispensable à la recherche.

Notre tâche consiste donc à informer et engager les multiples audiences concernées. Pour cela, nous avons, dans un premier temps, segmenté nos audiences en groupes afin de répondre plus efficacement à leurs questions et besoins d’informations. Nous avons développé une stratégie éditoriale, des messages spécifiques pour chaque groupe et proposons des contenus adaptés via les multiples canaux de communication disponibles, tels que notre site web ou encore les réseaux sociaux.

Nous avons également mis en place un programme éducatif, participons et organisons des événements scientifiques et éducatifs permettant de sensibiliser l’opinion sur l’initiative de la médecine personnalisée à Luxembourg.

Comment approchez-vous les professionnels de santé ?

« La recherche dans le domaine de la médecine personnalisée, c’est-à-dire des soins de santé adaptés aux besoins des patients, nécessite la collaboration d’équipes multidisciplinaires comprenant des cliniciens, des chercheurs, des informaticiens et des ingénieurs. Les professionnels de santé sont des acteurs essentiels pour la mise en place de nouvelles initiatives de médecine personnalisée au Luxembourg. Nous avons établi des partenariats et collaborons sur de nombreux projets avec les différents acteurs concernés, tels que les médecins, le Laboratoire national de santé (LNS), les hôpitaux, les associations des patients, les laboratoires d’analyse, etc. 

La communication est-elle véritablement un élément important du développement de l’IBBL ?

« Comme pour la plupart des organisations, la communication est un élément essentiel permettant indéniablement d’améliorer l’efficience et la productivité. Au sein d’IBBL, elle joue un rôle très important. Elle a toute sa place au sein du comité de direction, dispose d’un budget et contribue à la création et à l’implémentation du plan stratégique de la fondation.

Quelles sont les perspectives d’évolution, les prochains chantiers ?

« Notre site web est en constante évolution. Nous sommes présents sur les médias sociaux, nous avons lancé notre blog et notre lettre d’information. Nous allons prochainement développer des contenus éducatifs permettant à l’ensemble de nos audiences de mieux comprendre nos activités. Nous poursuivrons nos efforts d’accroissement de notre notoriété via les canaux de communi-cation adaptés tels que la presse locale et internationale.

Pour compléter les études réalisées par les équipes de recherche du Consortium de la médecine personnalisée du Luxembourg (PMC), nous allons prochainement lancer une cohorte de population nationale en collaboration avec le CRP Santé. Il s’agit du recrutement d’individus normaux qui serviront de témoins dans le cadre d’études et qui fourniront des données importantes sur la démographie des maladies au Luxembourg. L’étude de la cohorte, au fil du temps, aidera également le Luxembourg à élaborer des stratégies de prévention de certaines des maladies chroniques dont souffre notre population vieillissante. Le recrutement de plusieurs milliers de personnes impliquera l’élaboration d’une stratégie de communication pointue et le lancement d’une campagne nationale d’envergure. »