Le nouveau patron d’Amazon.eu, Xavier Garambois (à droite), aux côtés de Greg Greeley, vice president chargé du développement. (Photo : Charles Caratini)

Le nouveau patron d’Amazon.eu, Xavier Garambois (à droite), aux côtés de Greg Greeley, vice president chargé du développement. (Photo : Charles Caratini)

Trois ministres (Luc Frieden, Etienne Schneider et François Biltgen) pour une «inauguration»: Amazon a pris le tournant de sa présence à Luxembourg, un peu comme on fait son coming-out. Jusqu’ici très discret, alors qu’il est présent depuis 2004, le groupe de e-commerce a fait son entrée dans la communauté. Et c’est avec des locaux adaptés à son standing, et un nouveau manager pour ses quartiers généraux européens, que le géant numérique poursuit sa love-story grand-ducale.

Un cœur européen à Clausen

En fait, Amazon a pris ses quartiers aux Rives de Clausen depuis plusieurs mois, dans un très fonctionnel complexe d’affaires niché sur les bords de l’Alzette, à l’arrière de l’ancienne brasserie Mousel, où l’on trouve aussi, entre autres, Skype ou le cabinet d’avocats Bonn & Schmitt. Amazon garde son ancrage «historique» quelques rues plus loin, Rue Plaetis dans le Grund. Mais c’est bien à Clausen que le cœur européen du géant bat.

Xavier Garambois y a pris les rênes. A bientôt 41 ans, l’homme, qui était aux commandes d’Amazon France et s’est installé au Luxembourg depuis un mois, prend la main sans tambours ni trompettes. Pour un peu, l’événement luxembourgeois de ce lundi aurait omis de le mettre en exergue… Les ministres invités à l’inauguration officielle des nouveaux locaux ont, eux, souligné avec emphase la «success story» d’Amazon.eu au Grand-Duché, que le gouvernement a bien contribué à faire exister.

150 postes de plus pour fin d’année

Luc Frieden parle de «partenariat public-privé», appelé à se perpétrer dans un effort gouvernemental pluridisciplinaire, afin de miser tant et plus sur les niches qui ont fait du Luxembourg un havre pour multinationales. Pour lui, «Amazon est un symbole, une preuve que l’on a bien fait de voir notre pays en plate-forme internationale, notamment pour le e-commerce».

«On veut de la croissance et des emplois. On travaille dans ce sens», surenchérit François Biltgen. Amazon relève le défi : s’il ne communique, par tradition d’opacité assumée, aucune donnée sur ses affaires, le groupe insiste sur l’excellence de son hub européen. Il y a déjà 450 emplois et, assure-t-on, «il est toujours en phase de recrutement, pour différents profils et différents métiers». 150 nouveaux postes sont attendus avant la fin de cette année !

Surtout, les leaders d’Amazon insistent sur le développement de leur business en Europe. Et la librairie en ligne n’en est qu’une petite partie. Certes, la nouvelle Kindle Fire HD arrive sur le vieux continent et contribuera à l’essor. « Mais on vend la plupart des produits qui se vendent  en ligne », souligne Xavier Garambois. Et le « cercle vertueux » d’Amazon veut que le service génère le trafic, que plus il y a de trafic, plus il y a de clients et de bénéfices, réinvestis pour développer de nouveaux services, qui amènent de nouveaux business et une clientèle sans cesse croissante…

Surfer sur un nuage

Amazon.eu, depuis son petit nuage au Luxembourg, entend orchestrer aussi ses Web Services et surfer sur le cloud.  On sent le gouvernement très attentif et prêt à prendre la vague. «Nous avons des réponses à beaucoup de questions», résume François Biltgen. «Le Luxembourg est bien placé, pas seulement géographiquement : il y a le droit fiscal, le droit du travail, les infrastructures IT, la régulation avec la protection des données et la gouvernance des sociétés». Et le ministre insiste sur un élément important qu’il a introduit pour amender le code du commerce et qui entend baliser le chantier juridique de la génération du cloud business.

Etienne Schneider, quant à lui, plaide aussi auprès d’Amazon pour qu’il développe encore sa présence, notamment par le biais du secteur logistique, dont le groupe est grand consommateur.

La TVA, un faux problème

Bref, Amazon et Luxembourg n’ont pas fini de convoler. Même au-delà de 2015, comme chacun l’affirme haut et fort. «La question de la TVA est un faux problème. Nous avons nos affaires centralisées ici mais nos clients sont partout en Europe et la TVA du pays de livraison s’applique souvent», note M. Garambois.

Quant au taux réduit, de 3 % au Luxembourg,  sur les e-books, il reste en terrain favorable. «Un livre est un livre », défend Luc Frieden. «Nous sommes persuadés que cette voie sera finalement suivie par l’Europe, même si la Commission nous rappelle encore à l’ordre». «Nous ne sommes pas les seuls à penser de la sorte, et nous avons des soutiens politiques au-delà du Luxembourg, en la matière », glisse pour sa part François Biltgen.