Jos Dell, président et architecte, Andrea De Cillia, vice-président et ingénieur-conseil, et Pierre Hurt, directeur.  (Photo: Sven Becker)

Jos Dell, président et architecte, Andrea De Cillia, vice-président et ingénieur-conseil, et Pierre Hurt, directeur.  (Photo: Sven Becker)

Pourquoi l’OAI a-t-il été créé il y a 25 ans et pourquoi à ce moment précisément?

Jos Dell: «Avant 1990, il existait deux asbl, l’Ordre des architectes de Luxembourg et la Chambre des ingénieurs-conseils, qui ont permis de créer sans difficulté majeure un ordre légal qui rassemble, et c’est une de nos spécificités, les professions de l’architecte et de l’ingénieur-conseil. L’objectif était simplement de mieux structurer nos professions et de les faire reconnaître sur base des diplômes, comme le prescrivaient les directives européennes. Le ministère des Classes moyennes et le ministre Gobbels nous ont alors fortement soutenus dans cette démarche.

Andrea De Cillia: «C’est un mariage forcé, mais qui s’est avéré heureux!

Pierre Hurt: «Une assemblée constitutive s’est réunie le 15 mars 1990, suite au vote de la loi du 13 décembre 1989, et au cours de laquelle toutes les personnes reconnues par le ministre des Classes moyennes comme étant architectes et ingénieurs sont devenues membres de ce nouvel ordre. Aussi, à ce moment, toutes les personnes qui exerçaient en tant qu’architectes, diplômés ou non, sont devenues membres. Aujourd’hui, l’OAI regroupe cinq professions libérales: l’architecte, l’architecte d’intérieur, l’ingénieur-conseil, l’urbaniste-aménageur et l’architecte-/ingénieur-paysagiste.

A. De C.: «Pour les ingénieurs, c’était un peu différent, car le spectre de la profession était moins grand. L’ordre a permis de rassembler tous les ingénieurs, qu’ils soient ingénieurs civils ou de techniques spéciales.

En 25 ans, la profession a beaucoup évolué. Quels en sont les grands changements?

J. D.: «Je crois que le plus important tient à l’évolution de la culture du bâtiment pour laquelle l’OAI est un initiateur notable et qui doit beaucoup au dialogue mis en place entre les différents acteurs, permettant un débat autour de l’architecture. Par ailleurs, les contraintes contractuelles, législatives et normatives auxquelles nous devons faire face tous les jours ont beaucoup augmenté. Ceci a des conséquences fortes sur nos professions et il est nécessaire de travailler main dans la main avec les ingénieurs pour avoir une approche intégrée dès le début du projet. Par ailleurs, nous devons aujourd’hui nous défendre en tant que professionnels intellectuels indépendants face à certains acteurs du marché qui ont une démarche commerciale plus agressive.

A. De C.: «Il y a aujourd’hui une évolution palpable dans les processus qui sont de plus en plus rapides et contraignants, exigeant rapidité d’exécution et qualité. Cette évolution est encore plus sensible pour les ingénieurs de techniques spéciales avec les nouvelles technologies qui exigent d’être toujours à la pointe du progrès.

P. H.: «L’OAI accompagne bien évidemment tous ces changements et évolutions. Pour permettre à ces professions libérales de rester indépendantes dans un marché hautement concurrentiel, l’OAI a œuvré pour améliorer le cadre de travail général comme avec la mise en place des contrats types avec l’État, puis avec le secteur communal, la mise en place d’un règlement-concours. L’OAI intervient également au niveau législatif en avisant les lois, ce qui aboutit par exemple au nouveau guide de l’urbanisme. Nous avons aussi mis en place des programmes de formation continue pour accompagner cette frénésie de changements. Par ailleurs, nous veillons à l’aspect fédérateur de l’ordre, au développement d’une bonne collaboration entre les différents acteurs pour une coordination optimale, à la fois par les outils qui existent sur le marché, mais aussi par le relationnel.

Suite à ces évolutions, est-ce que de nouveaux métiers sont apparus?

J. D.: «C’est un risque qui existe et nous nous battons pour qu’il n’y ait pas de nouveaux métiers, car cela représenterait un acteur supplémentaire dans le secteur. Il faut éviter de tout saucissonner. D’où les formations que nous proposons afin que nos professions puissent évoluer sans devoir encore ajouter un nouvel acteur. Nos métiers sont complexes, certes, mais nous nous battons pour que les compétences grandissent au sein même des bureaux d’architectes et d’ingénieurs.

En 25 ans, les relations n’ont pas toujours été très simples avec les différentes administrations…

J. D.: «Les administrations sont très importantes. Au début des années 1990, nous avons presque eu une situation de blocage avec la question des commodo-incommodo, mais nous travaillons désormais de manière collaborative pour que les problèmes soient compris des deux côtés, qu’on se parle pour trouver des solutions pragmatiques et satisfaisantes. Bien que cela reste difficile, nous essayons d’intervenir avant que les lois ne soient promulguées. Nous insistons pour que les lois ne soient promulguées que si nous avons pu en prendre connaissance en amont, les tester, et demandons qu’il existe un règlement d’application et des bonnes pratiques directement mises en ligne.»

P. H.: «Cela devrait encore être plus régulier, mais l’avis des hommes et femmes de l’art est quand même souvent demandé. Il y a même parfois des phases de test qui sont mises en place pour certains outils. C’est une évolution positive. Nous avons même des conventions de collaboration avec certains ministères pour contribuer de manière professionnelle à mieux légiférer.»

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