Olivier Goemans, head of investment management and advisory au sein de la Bil. (Photo: BIL)

Olivier Goemans, head of investment management and advisory au sein de la Bil. (Photo: BIL)

Ce volume, en hausse de 65% par rapport au premier semestre 2017, est le plus important jamais enregistré depuis que Reuters a commencé à publier des statistiques à ce sujet en 1980. Il s’explique en partie par la vague de «méga-opérations» (plus de 10 milliards USD chacune), pour l’essentiel dans les secteurs de la technologie et des médias aux États-Unis. L’Europe et la Chine n’ont pas démérité pour autant, les activités de fusions-acquisitions y ayant repris du poil de la bête après une année 2017 en demi-teinte.

Dans le sillage des baisses d’impôts à hauteur de 1.200 milliards USD opérées par l’administration Trump et du rapatriement des capitaux détenus à l’étranger, les caisses des entreprises américaines regorgent de liquidités qu’elles pourront déployer au gré des opportunités. Aux yeux des chefs d’entreprises, l’heure est propice aux opérations d’ampleur. Les coûts d’emprunt demeurent relativement faibles et le crédit abondamment disponible. Les rendements s’inscrivent à la hausse, ce qui pourrait pousser certains acteurs à passer plus rapidement à l’action.

Les entreprises de tous horizons opèrent de tels rapprochements pour se prémunir du risque venant de nouveaux entrants avec un modèle économique de rupture.

Olivier Goemans, head of investment management and advisory au sein de la Bil

Selon Deloitte Research, ces fusions-acquisitions sont principalement motivées par l’acquisition de technologies dans un contexte de bouleversements. Les entreprises de tous horizons opèrent de tels rapprochements pour se prémunir du risque venant de nouveaux entrants avec un modèle économique de rupture. La surenchère à laquelle se livrent Walt Disney et Comcast en vue de mettre la main sur 21 st Century Fox s’explique ainsi par le besoin de disposer d’une offre de contenus plus étendue et de l’envergure nécessaire afin de pouvoir rivaliser avec les géants que sont Amazon, Netflix ou encore Google.

L’accélération des opérations peut être interprétée de manière positive: les chefs d’entreprises sont optimistes pour l’avenir et s’inscrivent dans une logique d’expansion. L’amélioration du climat macroéconomique s’est accompagnée d’un regain de confiance parmi les entrepreneurs et des transactions en projet depuis longtemps se concrétisent enfin.

Les fusions-acquisitions se multiplient lorsque le cycle économique arrive à maturité et que les entreprises commencent à épuiser leurs opportunités de croissance organique.

Olivier Goemans, head of investment management and advisory au sein de la Bil

Prudence cependant, selon les experts, l’intensification des fusions-acquisitions est un indicateur «retardé», plutôt qu’«avancé». Autrement dit: les fusions-acquisitions se multiplient lorsque le cycle économique arrive à maturité et que les entreprises commencent à épuiser leurs opportunités de croissance organique, tout en cherchant à exploiter autant que possible les financements bon marché à leur disposition. Bon nombre de grandes économies ont connu une longue période de croissance ininterrompue et, par conséquent, les investisseurs guettent le moindre signe d’exubérance irrationnelle, à l’instar des niveaux frénétiques de fusions-acquisitions que l’on observe généralement en fin de cycle. De telles annonces s’étaient multipliées en 2000, au plus fort de la bulle internet, ainsi qu’en 2007 en amont de la crise financière.

C’est également le cas aujourd’hui, mais cette situation ne doit pas être interprétée comme un signal de vente. Nous maintenons la surpondération des actions, estimant que cette classe d’actifs devrait continuer de bénéficier de l’environnement expansionniste tout au long de l’année 2018, avec à la clé des gains modestes. Nous suivrons de près l’évolution des volumes de fusions-acquisitions et d’autres indicateurs de fin de cycle, qui ne laissent, pour l’heure, présager aucun danger imminent.