Philippe Meyer: «Nous ne sommes pas différents de nos clients: c’est un point capital.» (Photo: Marion Dessard / archives)

Philippe Meyer: «Nous ne sommes pas différents de nos clients: c’est un point capital.» (Photo: Marion Dessard / archives)

Clôturé au 30 septembre, le dernier exercice de KPMG s’est soldé par une croissance globale du chiffre d’affaires de 16% à 188 millions d’euros. Un résultat auquel toutes les lignes de métiers ont largement contribué. Près de la moitié (90 millions) de ces revenus sont générés par la branche «Audit», qui enregistre une progression de 11%. La branche «Tax», pour sa part, enregistre en valeur relative la plus forte performance, avec 23% de mieux à 52 millions d’euros. Quant à l’activité «Advisory», elle a généré quelque 46 millions de revenus, en progression de 19% par rapport à l’exercice précédent.

KPMG employait, début octobre, 1.522 employés, soit environ 150 de plus en un an. Plus de la moitié des effectifs de la firme au Luxembourg sont français et allemands. Pas moins de 552 recrutements ont été effectués en 2015-2106, comprenant 161 profils expérimentés et 391 jeunes diplômés et stagiaires.

«Cette croissance du résultat de 16% est impressionnante», a pu commenter Georges Bock, désormais ex-managing partner de KPMG, mais qui était encore en fonction à la clôture de l’exercice. «Elle confirme notre positionnement stratégique sur le marché national et la réussite de notre approche orientée innovation.»

La collaboration en nouveau paradigme

Innovation: c’est l’un des mots-clés qui a servi de fil rouge à la présentation des résultats de la firme, ce lundi matin. Une innovation qui, dans la grande majorité, se décline dans le digital et les nouvelles technologies. «Nous pouvons citer comme exemple l’ouverture récente de FundsDLT, la première plateforme de distribution de fonds au monde basée sur la blockchain, ou bien le lancement de notre incubateur Khube ou l’ouverture de la Luxembourg House of Fintech dont nous sommes un des membres fondateurs», explique Pascal Denis, head of advisory chez KPMG. «Tous ces exemples illustrent notre volonté d’aller de l’avant en matière d’innovation, avec un nouveau paradigme: la collaboration. Pas uniquement interne, mais aussi avec les autres membres de la communauté business. L’année 2017 sera encore riche en grands changements, avec des thèmes comme la blockchain, l’intelligence artificielle ou les analyses de données, qui constitueront un grand champ d’investissement pour nos clients.»

Les demandes des autorités de régulation et, plus largement, des législateurs, imposent en effet aux sociétés de nouveaux impératifs en matière de reporting et la gestion et le traitement de plus en plus importants de données de plus en plus complexes. «Notre plateforme permet, par exemple, le traitement des données pour quelque 25.000 fonds», indique Emmanuel Dollé, head of audit de KPMG Luxembourg. «Cela vaut non seulement pour le Luxembourg, mais aussi pour l’étranger. Nos collègues de Grande-Bretagne ou d’Irlande s’y connectent ainsi directement. Pour faire face à ces nouveaux défis, nous avons adapté notre approche de recrutement et fait venir, notamment, de nouveaux profils, comme des data scientists. Nous sommes convaincus que tous ces investissements dans le data management nous permettront d’avoir une unique position en tant que fournisseur de référence pour ce type de services.»

Bâtir des ponts avec Londres

Cette «business agility», comme l’appelle Philippe Meyer, le nouveau managing partner de KPMG Luxembourg, constitue plus que jamais le socle des activités de la firme au Grand-Duché. «Nous ne sommes pas différents de nos clients: c’est un point capital», affirme celui qui a succédé à Georges Bock en octobre dernier. «La technologie a évidemment un impact sur le travail humain. Ce qui est très spécifique à nos métiers, et c’est remarquable, c’est qu’étant multidisciplinaires, nous arrivons à offrir à nos clients des services qu’ils ne trouvent pas dans une boutique qui ne ferait que du conseil ou de la fiscalité. Cela doit nous permettre d’être encore plus présents demain vis-à-vis de nos clients.»

À l’inverse de Francfort ou de Paris, nous n’avons pas crié: ‘Venez, nous allons être le nouveau centre de l’Europe’.

Georges Bock, head of tax chez KPMG Luxembourg

L’année 2017 pourrait également être celle où les premiers effets de l’attendu Brexit pourraient se faire ressentir. Une situation pour laquelle le Luxembourg a une belle carte à jouer et, par extension, tous les professionnels de la Place, à commencer par les Big Four tels KPMG. «À l’inverse de Francfort ou de Paris, nous n’avons pas crié: ‘Venez, nous allons être le nouveau centre de l’Europe’», constate Georges Bock. «C’est illusoire de le penser: Londres restera toujours un centre fort. Le Luxembourg est connu pour avoir déjà bâti des ponts. Alors nous préférons dire que nous allons en construire un autre entre ici et Londres, en offrant une gamme de services spécifiques à destination des consommateurs et des professionnels de l’UE. L’insécurité actuelle mène certains acteurs à essayer de trouver une solution à leurs problèmes. Ça bouge notamment dans le secteur de l’assurance, bon nombre d’assureurs, grands ou petits, s’intéressent entre autres au Luxembourg. Mais pas qu’au Luxembourg.»