Le guide rouge centenaire se rapproche du géant numérique TripAdvisor. (Photo: Shutterstock)

Le guide rouge centenaire se rapproche du géant numérique TripAdvisor. (Photo: Shutterstock)

Entre partenariat et rachat de plate-forme, les deux entités aussi emblématiques que contestées que sont le guide Michelin et TripAdvisor se rapprochent ouvertement. Ce qui ne plaît pas à tout le monde!

Ce sont deux noms connus mondialement dans les secteurs du tourisme et de la gastronomie qui ont annoncé cette semaine un rapprochement significatif. Le géant américain TripAdvisor et son site dédié aux réservations auprès des restaurants LaFourchette ont en effet acquis Bookatable, l’équivalent de cette dernière proposé jusque-là en ligne par l’incontournable guide Michelin.

La fusion des deux plates-formes porterait ainsi le nombre d’établissements partenaires à plus de 90.000 et créerait ainsi un leader européen incontesté, selon Bertrand Jelensperger, vice-président de TripAdvisor et directeur général de LaFourchette.

Michelin: un renouveau en pleine polémique?

Mais la connexion entre les deux poids lourds ne s’arrête pas là: les 14.000 tables du célèbre guide rouge seront aussi clairement identifiées sur TripAdvisor et ses applications diverses par catégorie (étoiles, Bib Gourmand, Assiette).

Cette «alliance» numérique voit le jour alors que la polémique fait rage et que le guide Michelin, fondé en 1900 et quasiment intouchable jusque récemment, génère de plus en plus de critiques quant à son mode d’évaluation, jugé obsolète par de plus en plus de chefs qui n’hésitent pas à rendre leurs étoiles, et de controverses, notamment avec l’affaire Marc Veyrat et la perte de sa troisième étoile portée devant la justice française.

Le Michelin entend ainsi peut-être offrir à ses tables gastronomiques et à ses acteurs un vent de modernité en s’associant à un mastodonte comme TripAdvisor, alors que ce dernier aussi s’était fait épingler pour certaines pratiques peu éthiques il y a quelques années. Mais qui reste encore aujourd’hui, comme son partenaire français, synonyme de très large visibilité.

Des chefs luxembourgeois mi-figue, mi-raisin

Sur la scène gastronomique luxembourgeoise, les avis tranchés de certains chefs n’ont pas tardé à débarquer sur la toile et les réseaux sociaux. Arnaud Deparis, chef du restaurant L’Avenue au Kirchberg, a ainsi ironisé avec acidité sur sa page: «On touche le fond. Tu ne feras pas d’un âne un cheval de course.» Étienne-Jean Labarrère-Claverie, patron de L’Opéra au Rollingergrund, trouve quant à lui que «le bonhomme se dégonfle» et que «ça sent la fin du Michelin».

Les guides sont utiles pour les uns, moins pour d’autres.

René Mathieu, chef de La Distillerie

Les chefs étoilés au Grand-Duché sont restés pour l’instant quant à eux plus discrets sur le sujet et attendent probablement de voir l’impact réel de ce rapprochement stratégique sur la fréquentation de leur établissement. René Mathieu, chef «une étoile» de La Distillerie à Bourglinster, confie tout de même à Paperjam: «Les guides sont utiles pour les uns, moins pour d’autres. Si ces deux-là ont envie de s’aimer un peu plus entre eux, je ne vois pas d’inconvénient majeur, l’avenir nous dira s’ils sont effectivement faits l’un pour l’autre…»