Steve Lahos: «Les chimios m’ont mis à rude épreuve, mais il fallait tenir bon. À ce moment-là, j’ai senti mon entourage s’éloigner. Ils ne savaient pas comment réagir. Et je ne suis pas allé vers eux non plus. C’était un combat avec moi-même. » (Photo: Andrés Lejona/Maison. Moderne)

Steve Lahos: «Les chimios m’ont mis à rude épreuve, mais il fallait tenir bon. À ce moment-là, j’ai senti mon entourage s’éloigner. Ils ne savaient pas comment réagir. Et je ne suis pas allé vers eux non plus. C’était un combat avec moi-même. » (Photo: Andrés Lejona/Maison. Moderne)

En plein cœur de sa quarantaine, Steve Lahos a été diagnostiqué d’un cancer. Une nouvelle aussi inattendue que soudaine qui a bouleversé sa vie.

«Ça m’a frappé, alors que j’étais en plein vol, introduit Steve Lahos. Après avoir préparé un événement professionnel dont j’avais la charge, mon supérieur me trouve un peu pâle et me conseille ­d’aller consulter un médecin. Lors de la consultation, le médecin repère quelque chose qui le dérange et me demande d’aller faire des examens complémentaires à l’hôpital. C’est à partir de là que tout bascule», confie-t-il. Après avoir passé plusieurs examens dont il ne connaît pas encore les résultats, Steve Lahos demande à parler à un médecin pour comprendre ce qu’il se passe. La docteur lui con­seille de rester. Il ne comprend pas pourquoi, car il se sent bien, mais la médecin insiste. «Vous avez une tumeur, annonce-t-elle, mais nous ne savons pas encore de quel type. Or, il y a une possibilité que ce soit une tumeur qui ne vous laisse que trois semaines à vivre.»

Le début du combat

Steve Lahos apprend qu’il a un lymphome non hotchkinien de stade 4, le plus avancé. Son pronostic vital est engagé, mais, parce qu’il est encore jeune – il a alors 43 ans –, on lui propose de faire tout de suite un traitement de chimiothérapie. Après quelques séances, les résultats sont positifs, la tumeur réagit très bien aux produits. Trop bien, même, à tel point que les médecins craignent maintenant pour la vie de Steve, mais pour une autre raison: ­comment les reins vont-ils pouvoir éliminer autant de mauvaises cellules d’un coup? «On m’a alors annoncé que les prochaines 24 heures allaient être décisives: soit je survis, soit je meurs.»

Jusque-là, Steve Lahos n’avait pas vraiment le temps de réaliser ce qui lui arrivait. Il n’avait qu’une question en tête: «Comment puis-je m’en sortir? ». Pas le temps pour des atermoiements ou même des pensées négatives. Toute son énergie et sa force mentale se concentrent sur l’énergie et l’endurance qu’il doit avoir pour supporter les traitements. Après lui avoir annoncé cet ulti­matum, il n’a d’autre choix que de faire confiance à son corps et espérer que tout se passe bien.

À aucun moment il ne perd espoir. Il chasse toute idée négative de sa tête. Par chance, Steve était sportif et menait un rythme de vie sain. Ses organes surmontent cette immense épreuve. «Les chimios m’ont mis à rude épreuve, mais il fallait tenir bon. À ce moment-là, j’ai senti mon entourage s’éloigner. Ils ne savaient pas comment réagir. Et je ne suis pas allé vers eux non plus. C’était un combat avec moi-même. J’ai aussi pratiqué l’autohypnose, que j’avais apprise avant ma maladie. Cela m’a beaucoup aidé à supporter la douleur quand elle devenait trop intense.»

Éviter la rechute

Après le succès de la chimio­thérapie, la médecin annonce à Steve qu’il ne faut surtout pas qu’il y ait de rechute car, dans ce cas, les chances de survie tombent à 20%. «Les médecins m’ont alors proposé de faire un traitement de choc, de m’injecter en une seule fois l’équivalent de six doses, ce qui aura pour conséquence de détruire complètement ma moelle osseuse et de faire comme un reboot de mon système immunitaire.» Après réflexion et avis complémentaire, il décide de le faire.

«Si jamais je ne parvenais pas à vaincre la maladie, je voulais pouvoir me regarder dans le miroir et me dire qu’au moins, j’aurais tout essayé.» Il est alors mis en état d’aplasie et vit pendant plusieurs jours dans une chambre totalement isolée pour n’être en contact avec aucun virus ou microbe, le temps que son système immunitaire se reconstitue. «Ce sont des jours absolument épouvantables, se remémore-t-il. Tout l’intérieur de votre corps est enflammé, et vous ne pouvez rien faire d’autre que d’avoir mal. C’est très difficile de tenir le coup, car on n’est même pas sûr du résultat. On endure des souffrances très intenses. À ce moment-là, j’ai pleuré.» Mais au bout de 10 jours, son système immunitaire a redémarré, et la situation s’améliorait d’heure en heure. Steve Lahos reste toutefois extrêmement faible.

Au bout d’un mois, il parvient quand même à avoir la force de marcher. «C’est une période qui a été très difficile. Je n’étais plus malade, mais je vivais avec cette très grande angoisse de la rechute. Pour moi, cette période a été aussi difficile que de subir les différentes chimiothérapies et différents traitements.» Là aussi, quand l’angoisse est trop forte, il se met en état d’auto­hypnose et parvient à retrouver le contrôle.

La vie d’après

Aujourd’hui, cela fait 10 ans que cet épisode est passé. «Avec le recul, je me dis que le plus important est de garder espoir, de rester optimiste. Aujourd’hui, je me suis mis en autodiscipline. Puisque ma bonne santé préalable m’a aidé à survivre, j’ai choisi de me forger un corps d’athlète. Pour cela, le sport et la nutrition sont mes meilleurs alliés. Le fait d’être en forme et de le rester domine mon quotidien.»

Son attitude face à la vie a aussi changé. «Le matériel n’a aucune importance. Tout ce qui compte pour moi, désormais, est de vivre pleinement les beaux moments, en étant conscient de leur préciosité.» Pour cela, Steve voit le plus souvent possible ses amis, fait la fête et donne en retour, que ce soit auprès d’autres malades ou dans une association. «D’un point de vue professionnel, je me pose aussi plus de limites qu’avant. Ce que j’ai appris de cette épreuve est qu’il faut avoir de la patience, de l’endurance, être résilient et persévérant.»

Cet article a été rédigé pour   parue le 15 juillet 2021.

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