Isabelle Schlesser, directrice de l’Adem. (Photo: Thierry Frisch pour l’Adem)

Isabelle Schlesser, directrice de l’Adem. (Photo: Thierry Frisch pour l’Adem)

Alors que le Luxembourg se distingue en Europe par un marché de l’emploi particulièrement dynamique, faire correspondre le besoin des entreprises aux profils des demandeurs d’emploi est un chantier majeur pour juguler le chômage. Isabelle Schlesser livre sa vision du rôle de l’Adem en 2020.

Le marché de l’emploi du Luxembourg est un des plus dynamiques au niveau européen. Actuellement, le taux de chômage est stable et de nombreux nouveaux emplois sont créés chaque année.

En même temps, le marché de l’emploi fait face à la digitalisation et l’automatisation qui touchent aujourd’hui tous les secteurs d’activité et entraînent une transformation radicale des entreprises, des emplois et des compétences, et cela dans une mesure importante et avec une complexité sans précédent.

L’Adem est consciente du fait que le marché de l’emploi doit s’adapter en profondeur pour que le pays reste compétitif. Or, nous nous trouvons, comme beaucoup d’autres pays, face à une pénurie des talents et à des entreprises qui peinent à recruter les personnes adéquates dont les compétences digitales, techniques et sociales correspondent à leurs besoins.

Disposer des bons outils pour cibler les actions

Un tel défi ne peut être relevé que si tous les acteurs du marché de l’emploi vont dans la même direction et unissent leurs forces.

C’est dans cette optique que l’Adem et l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) coopèrent depuis 2015 dans le cadre du programme «Entreprises, partenaires pour l’emploi», adapté au contexte conjoncturel actuel et aux défis qui en découlent.

Dans le but d’augmenter le nombre d’embauches de demandeurs d’emploi et de faciliter les recrutements dans les entreprises, l’Adem et l’UEL ont défini des actions communes afin d’atténuer le déséquilibre entre les offres d’emploi et les profils des candidats et de soutenir les métiers en pénurie de main-d’œuvre.

Afin d’analyser les raisons conduisant à l’inadéquation entre l’offre et la demande dans un secteur spécifique, l’Adem, en étroite collaboration avec les fédérations et sous-fédérations concernées, a organisé des groupes de travail sectoriels qui ont établi une liste de professions dans lesquelles les offres d’emploi sont plus nombreuses que les candidats et qui offrent ainsi des opportunités intéressantes aux demandeurs d’emploi.

Cette liste est un outil important pour cibler au mieux à la fois les actions de formation et les actions en vue d’attirer des talents au Luxembourg. Dans le cadre d’Eures, le réseau européen de l’emploi, l’Adem, en étroite collaboration avec ses partenaires dans la Grande Région, a mis en commun des listes de professions à fortes opportunités d’emploi. Il y a, bien évidemment, des secteurs dans lesquels nous sommes confrontés aux mêmes problèmes de pénurie de main-d’œuvre, mais il existe aussi des métiers dans lesquels il y a des candidats intéressants et disponibles au-delà des frontières.

Des catégories fragiles plus touchées

Bien que le Luxembourg soit attractif pour les talents, comme le montre l’«IMD World Talent Ranking 2019» qui mesure l’attractivité des pays pour les talents et place le Luxembourg dans le top 5, de grands efforts restent nécessaires pour recruter les meilleurs candidats avec les profils et les compétences linguistiques appropriés. Dans le monde entier, la chasse aux meilleures têtes est en pleine course et il est important que le Luxembourg continue de se positionner comme un pays attractif.

Mais il faut être conscient que l’attraction de candidats qualifiés de l’étranger ne peut être qu’un élément de notre stratégie en vue d’adapter notre marché de l’emploi aux défis de demain. Une pièce majeure du puzzle exige une attention urgente et concertée: la nécessité d’établir un marché de l’emploi qui n’exclut aucun groupe. Malgré le dynamisme sur le marché de l’emploi, nous constatons que le niveau de chômage reste élevé, notamment dans les catégories les plus fragiles: demandeurs d’emploi non-qualifiés, demandeurs d’emploi âgés, demandeurs d’emploi de longue durée et salariés handicapés ou en reclassement.

Dans l’optique de renforcer l’employabilité des demandeurs d’emploi et de les préparer aux futurs défis du marché de l’emploi, l’Adem a élargi son offre de formation. À la demande d’entreprises individuelles, de groupes d’entreprises ou encore de secteurs spécifiques, différents programmes de formation, particulièrement dans le domaine du numérique, ont été organisés. C’est seulement en offrant une formation et une orientation professionnelle adaptées aux besoins du marché de l’emploi que nous pouvons pallier l’actuelle pénurie de main-d’œuvre dans certains secteurs.

L’an dernier, nous avons permis à plus de 4.000 demandeurs d’emploi de bénéficier de formations couvrant des secteurs porteurs tels que la construction, les services administratifs ou l’informatique.

Une approche individualisée

Les services de l’Adem sont centrés autour des besoins de nos clients: les entreprises qui veulent recruter du personnel et les candidats à la recherche d’un emploi. C’est dans cette optique que les équipes de l’Adem s’activent chaque jour afin de mieux définir l’offre de services proposée. En comprenant les besoins de chacun, nous pouvons obtenir de meilleurs résultats. Le profil des demandeurs d’emploi s’est de plus en plus diversifié ces derniers temps. Nous encadrons des personnes de tous âges, de tous milieux; des personnes non-qualifiées ainsi que des personnes hautement qualifiées qui n’ont pas toujours les compétences exigées par le métier visé ou ne maîtrisent pas toutes les langues demandées.

L’approche individualisée reste au cœur des efforts, par la mise en place d’un système de profilage performant qui tient compte des spécificités et des besoins des demandeurs d’emploi, par le renforcement de notre service employeur qui répond aux demandes précises des recruteurs ou encore par le développement, avec les employeurs, de nouvelles formations. Ces initiatives seront encore renforcées dans les mois et années à venir.