Rajaa Mekouar, présidente de la LPEA, observe la montée en puissance du private equity au Luxembourg. (Photo: Edouard Olszewski / Archives)

Rajaa Mekouar, présidente de la LPEA, observe la montée en puissance du private equity au Luxembourg. (Photo: Edouard Olszewski / Archives)

La LPEA (Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association) tient sa troisième conférence annuelle ce mardi 19 mars. Sa présidente, Rajaa Mekouar, trace pour Paperjam.lu les grands thèmes et les évolutions de ce secteur en pleine évolution sur la Place luxembourgeoise.

Quel sera le fil rouge de la conférence de cette année?

Rajaa Mekouar . – «Notre objectif est de faire passer trois messages. Le premier est que, désormais, le Luxembourg est un hub pour le private equity à l’échelle européenne. Les acteurs du secteur n’y viennent plus seulement pour des structures d’administration, on y trouve aussi de plus en plus d’équipes qui prennent les décisions d’investissement et affichent une vraie substance. Les fonds d’investissement londoniens et suisses commencent à installer ici des bases plus importantes.

On peut aussi noter l’exemple du géant suédois EQT, qui a placé son centre névralgique à l’échelle internationale au Luxembourg en 2017. On le voit encore à travers les family offices qui installent également leur base ici et ont transféré leurs équipes depuis d’autres places financières pour créer un réel centre de décision au Grand-Duché. C’est un mouvement qui démarre, mais au niveau de la LPEA, nous comptons déjà une vingtaine de familles de 14 nationalités différentes.

Et quels seront les autres messages?

«Nous voulons montrer que la LPEA a des convictions sur le private equity et qu’elle veut partager ce message avec une audience composée d’investisseurs locaux et étrangers. Nous avons donc décidé de centrer les exposés sur le futur avec des thèmes qui nous sont chers, comme l’Afrique, les family offices ou les investissements ESG.

Enfin, nous voulons montrer qu’il s’agit d’une industrie de plus en plus diversifiée. Nous souhaitons mettre plus de femmes en avant, mais ce n’est pas facile. Les statistiques ne sont pas favorables. 20% seulement des employés dans le private equity sont des femmes. Nous allons ainsi lancer un groupe dédié à la promotion de la femme dans notre secteur que nous avons baptisé PE4W (Private Equity for Women).

Luxembourg s’oriente vers un centre de décision et plus seulement d’administration.

Rajaa MekouarPrésidenteLPEA

Comment évolue le secteur au Luxembourg?

«Comme je le disais, la principale évolution est que le Luxembourg s’oriente vers un centre de décision et plus seulement d’administration. Ça prendra des années, mais autant les perspectives du Brexit que les exigences de l’OCDE sur la substance vont faire évoluer les choses. Les family offices, par exemple, sont devenus une vraie force de frappe, ils se substituent parfois aux fonds et les familles sont encore plus enclines à transférer leurs équipes vers le Luxembourg, pour sa sécurité et sa stabilité. Pour des familles internationales, c’est devenu le choix le plus logique. C’est le fait le plus marquant.

Les investissements en PE ont-ils profité de la mauvaise santé des bourses fin 2018?

«Si l’on compare Blackstone, le plus gros fonds de private equity, à Blackrock, le plus gros fonds de gestion publique, on voit qu’en 2018, le prix de l’action Blackrock a baissé de plus de 30% alors que celui de Blackstone a légèrement augmenté. Les encours de Blackrock ont aussi baissé de plusieurs milliards alors que ceux de Blackstone ont augmenté dans une proportion similaire. Ceci dit, aujourd’hui, le private equity reste tout petit par rapport aux marchés publics.

On voit aussi de plus en plus que les start-up préfèrent aller chercher de l’argent auprès de fonds, étant donné la volatilité des marchés depuis la crise. Le private equity a su mieux naviguer. Par contre, pour l’investisseur lambda, c’est encore compliqué d’investir dans un fonds de private equity quand on n’a pas beaucoup d’argent à placer. Ce sera une des voies d’avenir, mais il est encore trop tôt pour aborder ce sujet dans une conférence.»