Le Statec explique comment se calcule le taux d’inflation, en fonction du panier moyen au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Le Statec explique comment se calcule le taux d’inflation, en fonction du panier moyen au Luxembourg. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne/Archives)

Selon Eurostat, c’est au Luxembourg que les prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées par rapport au pouvoir d’achat sont les plus élevés de l’Union européenne. Ils représentent 12,7% des dépenses des ménages, précise le Statec.

Le Luxembourg a beau avoir le , c’est aussi au Grand-Duché que se nourrir coûte le plus cher.

Eurostat , calculés pour comparer les prix dans plusieurs pays de l’Union européenne (UE) par rapport au pouvoir d’achat de leurs habitants. 100 étant la moyenne des INP nationaux pondérée par les dépenses des comptes nationaux. Pour les déterminer, des enquêtes ont été menées sur plus de 2.000 biens et services dans les 36 pays participants.

Aliments, boissons non alcoolisées et meubles les plus chers au Luxembourg

Résultat, le Luxembourg arrive en troisième position derrière le Danemark et l’Irlande, avec un indice de 132,4, soit des prix 32,4% supérieurs à la moyenne européenne. Mais surtout, le pays se classe numéro 1 quand on se penche sur les prix des aliments et des boissons non alcoolisées, avec un INP de 124,6.

Pour l’alcool et le tabac, il est bien plus bas, à 94,9.

Les prix sont également plus bas que la moyenne européenne pour l’énergie (indice de 88,6), l’équipement de transport personnel (95,5) et les services de transport (93,5).

Alors qu’ils sont plus élevés pour les frais de communication (142,3), les restaurants et hôtels (125,3), l’habillement (105,1) et les chaussures (110,6), les meubles (129,6, l’indice le plus élevé), les appareils électroménagers (114,9) et les appareils électroniques (107,9).

Des pondérations dans le calcul du taux d’inflation

Si les Luxembourgeois paient plus cher leur nourriture, cela les rend-il pour autant plus vulnérables à l’inflation? «Non», explique Lucien May, du service Indice des prix au Statec. «Pour connaître l’impact de l’inflation alimentaire, il faut regarder ce que représente l’alimentaire par rapport au panier moyen des ménages.» Au Luxembourg, la pondération est de 90,90 sur 713,20, ce qui signifie que les dépenses pour la nourriture et les boissons non alcoolisées correspondent à 12,7% des dépenses moyennes des ménages. Plus cette proportion est élevée, plus les consommateurs sont touchés par la hausse des prix des produits alimentaires.

Ce sont d’ailleurs ces pondérations qui sont utilisées pour calculer le taux d’inflation. Dans le détail, elle est par exemple de 15,70 pour le pain et les céréales, de 20,70 pour la viande, de 8 pour les fruits. Alors qu’elle est de 42,20 pour l’automobile.

Si l’alimentaire ne représente que 12,7% des dépenses, il s’agit tout de même d’achats essentiels, comparés à d’autres qui pèsent plus lourd dans le calcul. Ne faudrait-il donc pas revoir la méthode? «Non. L’achat automobile pèse plus que les céréales dans le budget des ménages en moyenne dans tout le pays, même si tout le monde n’achète pas de voiture», répond Lucien May.

Pour connaître l’inflation sur les produits alimentaires, le Statec publie également chaque mois la hausse de leurs prix. Par exemple, en mai 2022, ils ont pris 0,5% en un mois et 5,7% en un an.

Dix prix par produit

Les pondérations sont mises à jour «chaque année par règlement grand-ducal» et se basent sur les données recueillies lors de l’enquête sur le budget des ménages du Statec.

Les prix moyens utilisés pour calculer l’inflation sont obtenus grâce aux chiffres d’affaires et données de passage en caisse de plusieurs magasins, en plus de prix récoltés par des enquêteurs de l’institut statistique dans les commerces qui ne participent pas à l’enquête. À partir de là, le Statec calcule des indices de prix par produit, base 2015. Par exemple, on peut constater que depuis le début de l’année, celui de l’alimentaire est passé de 114,11 à 118,32. Il a davantage augmenté pour les articles d’habillement et chaussures, où il a gagné 15,12 points. Dans le domaine des produits alimentaires, ce sont les huiles autres que l’huile d’olive qui ont le plus augmenté, de 23,59 points.

Ce ne sont cependant pas ces mêmes données qui ont été communiquées à Eurostat pour sa comparaison européenne, même si la méthode de collecte (passages en caisse et enquêteurs) est «similaire», selon Laurent Fuchs, du service dédié. Pour Eurostat, le Statec a dû calculer, lors de six enquêtes en trois ans, le prix des 2.000 produits spécifiques demandés, afin de bien comparer les mêmes choses dans différents pays. Par exemple, «une certaine sorte de riz dans un paquet d’un certain poids avec une différence entre la marque connue ou le prix bas», illustre Laurent Fuchs. Avec en théorie au moins 10 prix constatés par produit.